
Cette souffrance fantôme
Rien n'est plus sérieux qu'une menace
de suicide
"Souffres-tu au point de vouloir mourir?" Si la
question semble directe de prime abord, oser la poser à
quelqu'un dont on pense qu'il a des idées suicidaires
a le mérite de clarifier les choses. "Au moins, la
personne qui souffre a le sentiment d'être comprise et
écoutée", explique Véronique Mimeault,
psychologue au Centre d'orientation et de consultation psychologique
de l'Université. "C'est très important de
savoir qu'on n'est pas seul lorsqu'on traverse une période
difficile et qu'on envisage le suicide comme seule porte de sortie
parce qu'on souffre trop."
Dans le cadre de la Semaine de prévention du suicide qui
se déroule jusqu'au 10 février, plusieurs activités
visant à démystifier ce sujet encore tabou dans
notre société ont été présentées
à la communauté universitaire, dont un atelier
ayant pour thème "Comment aider un ami", animé
par le Centre de prévention du suicide de Québec,
en collaboration avec le Centre d'orientation et de consultation
psychologique de l'Université. "Pour évaluer
l'urgence suicidaire chez un proche, on peut lui demander comment,
où et à quel moment il compte s'enlever la vie,
d'expliquer Véronique Mimeault. Plus son plan est précis,
plus il est urgent d'intervenir et de ne pas laisser la personne
seule et sans aide. Il y a des moments dans la vie où
la sécurité de la personne prime sur la notion
de confidentialité."
Dans le cas où la personne est plus vague dans son discours,
qu'elle affirme son intention de partir en voyage sans préciser
sa destination ou qu'elle dit avoir enfin trouvé la solution
à ses problèmes, pour ne citer que ces exemples,
le mieux consiste à l'écouter et à l'encourager
à consulter. Enfin, il est faux de prétendre que
parler du suicide encourage le passage à l'acte. Au contraire,
c'est en utilisant les vrais mots qu'on aura les vrais réponses,
selon la psychologue.
Des signes discrets
"Des études affirment que, sur dix personnes
décédées par suicide, huit avaient laissé
des messages, souligne Véronique Mimeault. C'est donc
dire que dans 80 % des cas, nous pouvons détecter les
messages d'une personne en détresse psychologique, si
on en connaît les signes précurseurs." Des
signes plus discrets peuvent indiquer que la personne traverse
une mauvaise passe pouvant mener au suicide comme le désir
de s'isoler, des absences répétées au travail
ou à l'école, une baisse de rendement, de la tristesse,
du découragement, de l'irritabilité ou de l'agressivité.
Au Québec, comme partout ailleurs dans le monde, les hommes
se suicident beaucoup plus que les femmes. En revanche, comparativement
à la majorité des pays industrialisés où
les personnes âgées se suicident davantage que les
jeunes, les taux de suicide atteignent chez nous des pics à
différents âges. Les taux de suicide les plus élevés
se retrouvent ainsi chez les hommes âgés entre 25
ans et 55 ans et chez les femmes ayant entre 45 et 55 ans. On
remarque aussi une augmentation du taux de suicide chez les jeunes
hommes.
Rappelons que toutes les étudiantes et tous les étudiants
inscrits à l'Université peuvent faire appel aux
professionnels du Centre d'orientation et de consultation psychologique.
Tout est mis en oeuvre afin de recevoir, dans les plus brefs
délais, la personne qui en fait la demande. Le centre
est situé au local 2121 du pavillon Maurice-Pollack (656-7987,
accueil@cocp.ulaval.ca). On peut aussi faire appel au Centre
de prévention du suicide de Québec, 24 heures sur
24, sept jours sur sept, en composant le 683-4588 ou le 1-866-277-3553.

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