Deux diplomates en résidence
L'Institut québécois des
hautes études internationales accueille Michelle Bussières
et Jacques Bilodeau
Michelle Bussières se souviendra toujours de la conversation
qu'elle a eue un jour avec un sous-ministre des affaires étrangères
du Vietnam. "L'homme parlait vietnamien et son visage n'exprimait
aucune émotion, dit-elle. Quand il a appris par notre
interprète que je parlais espagnol, il s'est aussitôt
mis à me parler dans cette langue. Du même coup,
son visage s'est éclairé et la conversation a pris
un tour plus chaleureux. C'est à ce moment que j'ai compris
qu'on pouvait modifier une relation juste en changeant de langue."
Michelle Bussières sait de quoi elle parle, ayant occupé
divers postes à travers le monde, au cours de sa carrière
en relations internationales. Avec Jacques Bilodeau, elle est
diplomate en résidence depuis quelques mois à l'Institut
québécois des hautes études internationales
(IQHEI). "Je suis très honorée d'apporter
mon expérience au sein de l'Institut, explique-t-elle.
Au cours des prochains mois, je travaillerai en étroite
collaboration à différents projets avec le Cercle
Europe et le Centre d'études interaméricaines (CEI)."
Détentrice d'une licence en droit de l'Université
Laval (1974) Michelle Bussières a été notamment
directrice du Bureau du Québec à Bogota, où
elle a exercé des fonctions de représentation du
Québec et des intérêts québécois
auprès de la Colombie, de l'Équateur, du Pérou
et de la Bolivie. Nommée Déléguée
générale du Québec à Mexico en 1994,
elle revient à Québec deux ans plus tard, en qualité
de sous-ministre des Relations internationales. En 2002, elle
est nommée directrice du Bureau du Québec à
Barcelone. À son avis, le diplomate doit faire preuve
d'une capacité d'écoute et d'adaptation envers
la culture des autres. "C'est essentiel d'aimer les autres",
insiste Michelle Bussières.
Loin des cocktails
"Après 40 ans de service diplomatique, cela fait
du bien de revenir aux sources", affirme pour sa part Jacques
Bilodeau, bachelier en science politique (1967) et titulaire
d'une maîtrise en administration publique. "À
travers le cours que je donne sur la pratique des relations internationales,
j'essaie de donner aux étudiants un aperçu du métier
d'ambassadeur, qui contrairement à ce que beaucoup de
personnes pensent, est loin d'être une longue succession
de cocktails." À preuve, sa première mission
en tant que diplomate a été d'accueillir à
La Havane les membres du Front de Libération du Québec,
responsables de l'enlèvement d'un autre diplomate, James
Richard Cross, en décembre 1970. Une opération
pas très reposante et assez marquante pour le jeune diplomate
qu'il était alors.
Au fil de sa carrière, Jacques Bilodeau a notamment occupé
le poste d'ambassadeur du Canada au Ghana, en Grèce, en
France et en Italie. En mai 2005, il a été nommé
ambassadeur au changement climatique. "Les temps changent
et les diplomates doivent s'adapter aux nouvelles exigences du
monde, constate Jacques Bilodeau. Il existe cependant une constante.
Dans notre métier, il faut être ouvert à
toutes les cultures et surtout ne pas juger. Nous ne détenons
pas le monopole de la vérité. En même temps,
il faut être convaincu que notre travail est utile et qu'on
fait avancer les choses."
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