Obligation d'épargne Selon l'économiste Jean-Yves Duclos, le Québec doit rembourser sa dette publique pour le bien des générations futures "Le gouvernement doit-il prendre les moyens pour que la dette du Québec cesse d'augmenter et pour commencer à la rembourser?" À cette question que le gouvernement provincial pose en ligne au public jusqu'au 27 février dans le cadre des consultations prébudgétaires de son ministre des Finances, le professeur au Département d'économique, Jean-Yves Duclos répond catégoriquement. "Il faut s'attaquer à régler la dette du Québec, et ce, dans le plus grand intérêt des générations futures qui elles, vont devoir payer les pots cassés, dit-il. Cessons d'être myopes comme société et prenons nos responsabilités."
S'élevant à quelque 117 milliards de dollars, la dette du Québec est la plus élevée parmi celles des provinces canadiennes et constitue le poste de dépense le plus important du gouvernement, après la santé et l'éducation. Pour l'année 2005-2006, les intérêts atteignent plus de 6 milliards de dollars, sans compter que la dette augmente d'année en année. "Avec le déclin démographique, les forces vives du Québec vont aller en s'amenuisant, insiste Jean-Yves Duclos. D'une part, la hausse des dépenses de santé va continuer de s'accélérer parce que la population âgée sera de plus en plus nombreuse et, d'autre part, l'augmentation des revenus va s'affaiblir parce que le nombre de travailleurs payant des impôts ira en diminuant. Bref, dans 10 à 15 ans, la facture sera très salée." Rappelons que selon les projections de l'Institut de la statistique du Québec, le Québec comptera à ce moment 7, 8 millions d'habitants, soit à peine 300 000 personnes de plus qu'aujourd'hui. L'or bleu Selon Jean-Yves Duclos, l'un des moyens de réduire cette dette serait d'augmenter les tarifs d'électricité, comme le préconisent d'ailleurs les signataires du mémoire collectif Pour un Québec lucide qui a fait grand bruit lors de sa sortie en octobre. "Nous avons de belles ressources au Québec et les tarifs demandés par Hydro-Québec sont beaucoup plus faibles qu'ailleurs, souligne l'économiste. Ce ne sont pas seulement les consommateurs qui paient l'électricité à un coût dérisoire, mais aussi les entreprises." Et de faire valoir que le Québec a la chance de disposer d'une ressource aussi importante que le pétrole en Alberta. De la même manière que l'Alberta fait des affaires d'or avec cette ressource, pourquoi le Québec se priverait-il de revenus considérables du potentiel financier de son or bleu?
Quant à ceux qui pensent que ce sont encore les moins nantis de la société qui écoperont, Jean-Yves Duclos estime que des mécanismes fiscaux comme les crédits d'impôt mis en place par le gouvernement peuvent compenser les hausses de tarifs. Une chose est certaine: il faut demander au gouvernement de rembourser la dette et ce, de façon responsable, pour le plus grand bien du Québec. | |