
Opération Morilles
J.-André Fortin prévoit une année
record pour les morilles québécoises, mais saurons-nous
en profiter?
Une manne risque de s'abattre sur le Nord québécois
en 2006 et il faut s'organiser rapidement pour en tirer profit.
C'est la raison pour laquelle le professeur J.-André Fortin,
du Département des sciences du bois et de la forêt,
lance l'opération Morilles 2006. "Dans les deux premières
années qui suivent un feu de forêt, il y a des poussées
considérables de morilles, signale l'expert en mycologie.
En 2005, près de 400 000 hectares de forêts ont
brûlé dans le nord québécois. S'il
y avait des morilles en quantités industrielles sur une
partie de ces sites, en 2006, que ferions-nous?"
La morille est le deuxième champignon gastronomique le
plus recherché au monde après la truffe et elle
se transige à des prix qui ne cessent de grimper. "Il
y a une grande demande pour ce champignon, particulièrement
en Europe, au Japon et en Amérique", souligne-t-il.
Les explosions de morilles après feu étaient bien
connues dans l'Ouest canadien, mais ce n'est que tout récemment
qu'elles ont aussi été documentées au Québec
par Luc Sirois, chercheur au Centre d'études nordiques
et professeur à l'UQAR.
Pour organiser la récolte, il faut se préparer
de longue date, insiste le professeur Fortin. Il faut d'abord
repérer les sites incendiés sur des cartes topographiques
et, dès le début de la saison, repérer rapidement
les sites productifs. Entre temps, il faut mobiliser non seulement
les cueilleurs, mais aussi les pourvoyeurs qui les logeront,
les acheteurs de champignons, les investisseurs, en plus d'organiser
la livraison des morilles vers les entreprises de transformation
situées plus au sud.
Le Centre de recherche en biologie forestière
organise une conférence et des ateliers sur la mise en
valeur de ces champignons, le 2 février, à l'amphithéâtre
du pavillon Kruger
Ardent promoteur d'une industrie québécoise
de la récolte des champignons forestiers, J.-André
Fortin lance donc un appel aux troupes pour qu'elles soient prêtes
à passer à l'action si jamais le Klondyke annoncé
se matérialisait. C'est la raison pour laquelle il lance
l'opération Morilles 2006, dont le coup d'envoi aura lieu
le 2 février à l'amphithéâtre du pavillon
Kruger.
À compter de 9 h, la mycologue américaine Trish
Wurtz présentera le résultat de l'opération
Morille, menée en Alaska l'été dernier en
réponse aux feux de forêt survenus en 2004 dans
cet état. Chercheure au USDA Forest Service et à
l'University of Alaska Fairbanks, elle avait alerté les
cueilleurs sur le boum fongique anticipé. Grâce
à cette mobilisation, au moins 60 tonnes métriques
de morilles ont été récoltées en
55 jours de cueillette. "L'opération qu'elle a menée
en Alaska pourrait nous servir de modèle", estime
J.-André Fortin.
Cette conférence sera suivie par des ateliers et des discussions
sur la récolte des morilles et sur la production exceptionnelle
de champignons qui risque de survenir dans le Nord québécois
au cours des deux prochaines années. L'événement
sera aussi marqué par l'assemblée de fondation
de l'Association pour la commercialisation des champignons forestiers
(ACCHF), à laquelle est étroitement associé
le professeur Fortin.
"Mettre en valeur les morilles constitue un défi
énorme, constate-t-il. Comme il n'existe aucune expertise
au Québec dans ce domaine, on ne sait trop comment s'y
prendre et par quel bout commencer. C'est la raison pour laquelle
nous organisons cette journée." L'activité
du 2 février est présentée sous l'égide
du Centre de recherche en biologie forestière et l'inscription
aura lieu sur place.
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