
Justiciers demandés?
Claire l'Heureux-Dubé, juge en résidence
à la Faculté de droit, réagit au récent
sondage CROP-La Presse sur le système judiciaire
Le système de justice canadien est l'un des meilleurs
au monde, pour ne pas dire le meilleur, croit Claire L'Heureux-Dubé,
juge en résidence à la Faculté de droit.
Certes, tout n'est peut-être pas parfait et des aspects
du système restent certainement à améliorer.
Pourtant, même quand on y regarde de très près,
le système canadien n'a rien à envier aux autres
pays.
C'est l'avis qu'émet Claire l'Heureux-Dubé, quand
on lui demande de commenter les résultats du sondage CROP-La
Presse qui a été mené par téléphone
auprès de 1 000 personnes, du 8 au 17 décembre
dernier et qui a fait l'objet d'une série d'articles dans
ce quotidien de la métropole. Ce sondage a démontré
que les Québécois sont très critiques à
l'endroit du système de justice, qu'ils trouvent trop
lent, trop cher et trop compliqué. Parmi les facteurs
irritants mentionnés par les participants à l'enquête
figurait la multiplication des recours de la part de certains
avocats pour allonger les procédures, avec le résultat
que le client se retrouve avec une facture très salée
en bout de ligne. En fait, qu'ils gagnent ou perdent leur cause,
les clients se retrouvent appauvris, en plus de se sentir souvent
floués.
"L'accès à la justice est fondamental, affirme
Claire L'Heureux-Dubé. Je peux comprendre que des gens
n'aient pas les moyens de se payer les services d'un avocat et
c'est un phénomène très malheureux. Il n'en
demeure pas moins qu'on peut toujours se tourner vers d'autres
formes d'aides comme la Cour des petites créances ou encore
l'aide juridique." Quant aux nombreuses étapes que
les clients doivent franchir avant que le juge entende les parties,
qu'il s'agisse de procédures, d'interrogatoires ou d'expertises,
elles constituent un mal pour un bien, selon la juge. "Toutes
ces étapes ont un but, rappelle Claire L'Heureux-Dubé.
Chacun a le droit d'être entendu et il faut prendre le
temps de le faire. Heureusement, nous ne sommes pas dans un pays
où la justice est expéditive. Je connais certains
pays où les gens peuvent attendre jusqu'à 25 ans
avant que leur cause soit réglée."
Pour Claire L'Heureux-Dubé, qui a siégé
à la Cour suprême du Canada de 1987 à 2002
et qui a toujours milité en faveur des droits de la personne,
les citoyens ne devraient pas avoir à se battre pour avoir
accès à la justice. "Je pense à des
organismes comme les Maisons de la Justice qui sont très
populaires en France, explique la juge. Les gens ayant besoin
d'information ou aux prises avec un problème peuvent y
consulter des avocats, des notaires et même des juges à
la retraite. Toutes ces personnes oeuvrent de façon bénévole.
C'est un lieu d'accès au droit où les gens sont
écoutés et orientés quant à leurs
droits et obligations. À mon avis, c'est un très
belle démarche pouvant mener à de bonnes solutions."
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