Terre promise, mode d'emploi
Un programme de francisation auquel participe
l'École de langues donne à des immigrants reçus
les outils dont ils ont besoin pour s'intégrer à
la société québécoise
Depuis 1999, l'École de langues de l'Université
Laval participe à l'intégration des immigrants
reçus par le biais d'un programme de francisation, en
collaboration avec le ministère de l'Immigration et des
Communautés culturelles. Au menu d'un trimestre: trente
heures de cours et dix heures d'activités d'intégration
par semaine (visites, sorties, recherche d'emploi). En somme,
tout est mis en oeuvre afin de faciliter l'existence de ces jeunes
adultes, immigrants reçus et fiers de l'être, qui
débarquent tous au Québec avec un diplôme
universitaire en poche.
"La plupart de ceux qui arrivent n'ont aucune connaissance
du français, explique Rachel Sauvé, responsable
de la francisation à l'École de langues. L'École
offre les infrastructures et assure la coordination du programme.
Les professeurs sont embauchés par le ministère
mais les chargés d'intégration le sont par l'Université.
Actuellement, les participants au programme proviennent principalement
de Colombie, de Roumanie, d'Ukraine et de Chine." Par ailleurs,
le programme de francisation incite certains immigrants à
poursuivre des études à l'Université Laval.
En effet, depuis les débuts du programme il y a six ans,
214 immigrants se sont inscrits à divers programmes à
l'Université. Plus d'une cinquantaine ont fait une demande
d'admission au trimestre d'automne 2005.
Une même quête
Partir de zéro dans un autre pays, se retrouver du
jour au lendemain dans un univers où tout est différent,
croire fermement qu'on y arrivera malgré toutes les difficultés
auxquelles on se heurte déjà en se disant que tout
finit toujours par s'arranger: voilà la réalité
des immigrants qui arrivent au Québec. Qu'ils proviennent
de Colombie comme Yinet Acevedo, du Brésil comme Gisele
Guedes Pereira, du Mexique comme Vicente Hernandez ou de la Chine
comme Jun Zhong, les immigrants partagent une même vision,
une même quête, soit celle d'être heureux dans
cette terre promise qu'on leur a tant vantée: le Québec.
"Je suis venue ici d'abord et avant tout pour avoir une
meilleure qualité de vie, explique Gisèle Guedes
Pereira, publicitaire de son métier et bien décidée
à faire sa marque dans sa nouvelle terre d'adoption. Le
Brésil fait face à de nombreux problèmes
sociaux et je ne voulais pas que mes enfants vivent cela."
Même son de cloche chez Vicente Hernadez, bachelier en
génie électrique. "Au Mexique, dit-il, c'est
plutôt l'insécurité et le chômage qui
règnent. Ici, l'avenir sera certainement meilleur pour
nos enfants." Estimant qu'on s'intègre ou qu'on ne
s'intègre pas, le jeune ingénieur a déjà
offert ses services pour être bénévole au
Carnaval de Québec. "J'ai hâte", lance-t-il
simplement.
Jun Zhong, lui, compte bien élargir sa famille. Déjà
père d'un petit garçon qui fréquente une
garderie de Québec, il veut avoir beaucoup d'enfants.
C'est d'ailleurs la raison qui l'a amené à quitter
la Chine et à venir vivre au Québec, explique-t-il
dans un français soigné, à l'instar des
autres membres du groupe. Car après six mois de cours
de français, ces jeunes le parlent avec une belle aisance.
"La langue, c'est ce qu'il y a de plus difficile",
explique Gisele Guedes Pereira, appuyée par sa consoeur
Yinet Acevedo. "Durant les cours, ça va, c'est le
français international. Dans les magasins, ça se
complique un peu à cause de l'accent québécois
et on a un peu de difficultés à se comprendre mais
ça va." Selon Isabelle Cyr, chargée d'intégration
et étudiante à la maîtrise en littérature,
les immigrants font preuve d'une capacité d'écoute
exceptionnelle. "Je pense entre autres à la force
de caractère d'étudiants comme Jun Zhong, lui qui
ne parlait que le chinois à son arrivée et qui
doit composer avec des caractères et des sons qui lui
sont totalement étrangers. Cela demande une volonté
d'apprendre à toute épreuve."
Parmi les faits saillants contenus dans le rapport annuel 2004-2005
de l'École de langues figure une augmentation continue
de l'effectif étudiant dans le secteur d'anglais avec
3 620 inscriptions, comparativement à 2 779 en 2003-2004.
Le secteur d'allemand a connu une légère augmentation,
passant de 654 en 2003-2004 à 693 en 2004-2005, de même
que le secteur d'italien (14 % avec 433 étudiants). Les
cours d'arabe, de chinois, de japonais, de portugais, de russe
et de vietnamien continuent d'être populaires, étant
passés de 559 inscriptions à 591. Enfin, après
quelques années d'augmentation, l'effectif des étudiants
en espagnol a légèrement diminué, passant
de 2 755 à 2 579 pour les périodes citées
plus haut.
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