Un herbier qui pousse
Le nouveau conservateur de l'Herbier Louis-Marie
a des projets plein ses tiroirs
L'équipe de l'Herbier Louis-Marie soulignera le 400e
anniversaire de la Ville de Québec en créant un
site Web interactif qui retracera l'évolution de la flore
de Québec depuis l'arrivée des premiers colons
européens jusqu'à nos jours. Ce site mettra à
contribution les toutes premières collections de plantes
récoltées à Québec par des explorateurs
et des scientifiques français - qui sont aujourd'hui conservées
dans les grands herbiers de Paris - ainsi que l'Herbier Louis-Marie,
qui renferme la collection de plantes de l'Université
Laval. Les visiteurs qui s'aventureront sur le site pourront
remonter le temps et constater de visu comment la colonisation
de la colline de Québec, qui s'étend de Cap-Rouge
à Limoilou, a provoqué la disparition de certaines
espèces indigènes et l'ajout d'espèces étrangères,
et comment cet important brassage écologique a influencé
les paysages floristiques actuels du Québec méridional.
Baptisé Flore Québec 2008, ce projet n'est
qu'un des nombreux éléments qui figurent sur la
liste des choses "À faire" qu'a dressée
le professeur du Département de biologie, Serge Payette,
depuis qu'il a pris la gouverne de l'Herbier Louis-Marie il y
a un an. Grâce à ces projets, le nouveau conservateur
entend démontrer que les herbiers, loin d'être des
reliques d'une époque révolue, ont une pertinence
sociale et scientifique dans des domaines aussi actuels que l'étude
de la biodiversité et des changements climatiques. "Peu
de gens le savent, mais l'Herbier Louis-Marie est l'un des plus
anciens au Canada et, en termes de nombre de spécimens,
il vient au deuxième rang parmi les herbiers universitaires
et au 4e rang de tous les herbiers au Canada, fait-il valoir.
Il y a beaucoup de problèmes scientifiques qui peuvent
être étudiés grâce à cette source
inestimable d'information sur notre patrimoine floristique."
L'Herbier Louis-Marie a été créé
en 1962 par la fusion de la collection de plantes de l'Université
Laval - dont les débuts coïncident avec la fondation
de l'Université en 1852 - avec celle de l'Institut agricole
d'Oka. Le nom de l'herbier commémore l'oeuvre du père
Louis-Marie Lalonde, responsable du Laboratoire de botanique
d'Oka entre 1923 et 1962. Grâce à l'acquisition
récente de l'Herbier du Service canadien de la faune (10
700 spécimens en 2003), de l'Herbier du Centre de recherche
d'Agriculture Canada de Sainte-Foy (près de 3000 spécimens
en 2004), de l'Herbier Rolland-Germain de l'Université
de Sherbrooke (120 000 spécimens en 2005) et d'une partie
de l'Herbier René-Pomerleau du Service canadien des forêts
(16 000 spécimens en 2005), l'Herbier Louis-Marie renferme
maintenant plus de 770 000 spécimens, dont quelque 500
000 sont déjà dûment répertoriés.
"Des discussions en cours pourraient conduire à une
autre acquisition importante que ferait de l'Herbier Louis-Marie
le plus important herbier universitaire au pays", glisse
Serge Payette au passage.
Opération informatisation
L'Herbier Louis-Marie est logé au sous-sol du pavillon
Marchand et les collections font l'objet d'un entretien rigoureux
pour éviter les attaques d'insectes et de moisissures.
Chaque spécimen séjourne périodiquement
dans un congélateur à une température de
-40 degrés Celsius. "La rotation sanitaire complète
de la collection exige deux ans", précise le conservateur.
Serge Payette entend donner priorité à l'informatisation
de la collection au cours des prochaines années. "Présentement,
12 % de la collection est consignée dans notre base de
données. Nous voulons accentuer l'informatisation de la
collection, inclure des photos pour chaque spécimens et
rendre le tout accessible sur le Web", souligne-t-il. Par
ailleurs, il souhaite intensifier les échanges avec les
autres institutions à travers le monde pour consolider
deux volets de l'herbier: la collection de plantes nordiques,
subarctiques et boréales de tout l'hémisphère
nord et la collection de plantes alpines du monde entier. Évidemment,
la mission fondamentale de l'herbier - qui est de constituer
un échantillon représentatif du patrimoine floristique
du Québec et de l'Est du Canada - reste inchangée.
L'Herbier Louis-Marie a récemment inauguré son
site Web (www.herbier.ulaval.ca)
où l'on trouve la liste des services offerts à
la communauté universitaire et aux autres chercheurs,
notamment un service d'identification de plantes. C'est à
partir de ce site qu'il sera possible de consulter la collection
en ligne et de remonter le temps pour imaginer le paysage botanique
qui s'offrait à la vue de Champlain lors de son arrivée
à Québec.
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