Le confort et la différence
Les anglophones vivant à Québec
estiment qu'ils ont fait un bon choix
Les Anglo-Québécois qui demeurent à Québec
y restent pour la même raison que les francophones: parce
qu'ils y sont heureux et qu'ils estiment que Québec est
une ville où il fait bon vivre. Minoritaires au sein d'une
majorité francophone elle-même minoritaire en Amérique
du Nord, les anglophones de Québec ont développé
un sentiment d'appartenance bien à eux, tout en se fondant
dans la masse. Le fait d'avoir un bon emploi et l'attachement
à un réseau d'amis et de connaissances stimulent
leur désir de rester. Toutefois, l'âge constitue
un facteur important quant à la manière dont ils
se considèrent, s'identifient et s'impliquent dans les
communauté francophone et anglophone.
C'est ce que conclut Marie-Odile Magnan dans son mémoire
de maîtrise en sociologie portant sur les facteurs incitant
certains Anglo-Québécois à demeurer à
Québec. Pour les fins de son étude, la sociologue
a interrogé 18 Anglo-Québécois habitant
la Vieille Capitale, dont la moitié étaient nés
entre 1970 et 1980, ce que la sociologue appelle la "nouvelle
génération", et l'autre moitié entre
1950 et 1960. Parmi les critères de sélection,
les participants à l'étude devaient être
nés au Québec ou s'y être établis
durant leur enfance, et utiliser le plus souvent la langue anglaise
à la maison.
"Il est clair que les plus jeunes ont développé
un fort sentiment d'appartenance envers la ville de Québec
et qu'ils s'identifient fortement aux valeurs de la société
québécoise dans son ensemble, souligne Marie-Odile
Magnan. Le passé est derrière eux et ils affirment
d'ailleurs qu'ils choisiraient de demeurer au Québec au
lendemain d'un référendum gagnant sur la souveraineté.
De leur côté, les plus vieux se disent davantage
attachés au passé, à l'histoire de leurs
ancêtres. Ils participent également dans une plus
large mesure aux activités organisées par la communauté
anglophone. Enfin, ils se définissent principalement
par leur opposition à l'Autre francophone, un Autre qu'ils
respectent toutefois et avec qui ils tentent de vivre en harmonie."
Fait à noter, les anglophones de la nouvelle génération
déclarent être parfaitement bilingues (huit répondants
sur neuf), comparativement à ceux de la génération
plus âgée (quatre sur neuf).
Une place importante
De la Conquête britannique de 1759 à la fin
du 19e siècle, la population de langue anglaise de Québec
a occupé une place importante sur les plans démographique,
économique, politique et militaire. Au début du
20e siècle cependant, le déclin économique
de la ville, dû à une diminution des activités
dans le commerce du bois et de la construction navale, va inciter
les anglophones à quitter Québec pour Montréal,
le reste du Canada ou les États-Unis. Entre 1871 et 1901,
leur nombre chute ainsi de 40 %. En 2001, le nombre d'Anglo-Québécois
demeurant dans la communauté urbaine de Québec
s'élevait à 7 260, sur une population totale de
501 845 habitants. Les 35-64 ans représentaient 48 % de
la communauté tandis que les 15 -34 ans comptaient pour
26 %. Selon des statistiques récentes (2004), les anglophones
de Québec travaillent en majorité dans le secteur
des sciences sociales, de l'enseignement et de l'administration
publique. Ils sont aussi plus scolarisés que les francophones
et reçoivent un salaire plus élevé.
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