
La force tranquille
Étudiante en médecine, l'haltérophile
Maryse Turcotte se prépare pour les Jeux du Commonwealth
À cinq pieds (1,52 m) et 120 livres (54 kg), l'étudiante
au doctorat en médecine Maryse Turcotte n'a ni la taille
ni la carrure que l'on imagine d'une haltérophile de calibre
international capable de soulever deux fois son poids en fonte
au bout de ses bras. Et pourtant, elle fait bel et bien partie
de l'élite de son sport depuis des années dans
sa catégorie de poids. La recette de son succès?
Deux formidables atouts: une énorme capacité de
travail physique et une détermination à toute épreuve.
"L'aspect génétique qui m'avantage est ma
très grande capacité de travail, dit-elle. Je peux
m'entraîner deux fois par jour, à raison de deux
heures et demie la séance, pendant cinq jours. Et si mon
entraîneur me demande de faire une onzième séance
d'entraînement pendant la fin de semaine, je peux le faire."
Selon elle, le succès en haltérophilie se mesure
aux efforts consacrés à l'entraînement. "L'haltérophilie
est un sport particulier fait de 99 % d'entraînement et
de 1 % de compétition, explique-t-elle. Il faut être
capable de s'entraîner suffisamment longtemps pour développer
la force. Mais l'entraînement est quelque chose de difficile
et d'exigeant. C'est un gros défi de pouvoir soulever
quelque chose de lourd à chaque entraînement et
de s'améliorer, tant au niveau technique qu'en flexibilité
et en puissance. Ce sport requiert beaucoup de technique. C'est
beaucoup plus que prendre la barre et la lever."
En mars prochain, l'étudiante-haltérophile participera
aux Jeux du Commonwealth à Melbourne, en Australie. Ses
meilleures performances à vie, Maryse Turcotte les a réalisées
aux Jeux olympiques d'Athènes, en 2004. Ses 90 kg (198
lb) à l'arraché et ses 120 kg (265 lb) à
l'épaulé-jeté lui ont valu une onzième
place. Outre ses deux participations olympiques, dont une quatrième
place à Sydney, en Australie, en 2000, elle se dit "bien
fière" de ses trois médailles aux Championnats
du monde, notamment l'argent à l'épaulé-jeté
à Lahti, en Finlande, en 1998, avec 115 kg. Autre motif
de fierté: ses neuf titres consécutifs de meilleure
athlète féminine toutes catégories des Championnats
canadiens senior d'haltérophilie. Depuis 1995, elle s'est
toujours classée parmi les sept premières de sa
catégorie aux Championnats du monde. Ce fut le cas en
novembre dernier à Doha, au Qatar.
Une étudiante-athlète qui aime les défis
Après un bac en administration de l'Université
du Québec à Montréal, puis une maîtrise
en administration de la santé de l'Université de
Montréal, Maryse Turcotte commençait, l'automne
dernier à l'âge de 30 ans, des études de
doctorat en médecine à Laval. "En maîtrise,
je pensais terminer mes études et me trouver un emploi,
raconte-t-elle. Mes notes finales étaient bonnes. Comme
j'aime relever des défis, comme je veux toujours en faire
plus et aller toujours plus loin, je me suis dit: Pourquoi pas?"
Maryse Turcotte a eu son premier contact avec l'haltérophilie
en 1991, à l'âge de 15 ans. Le premier Championnat
du monde de la discipline s'était tenu en 1987 aux États-Unis.
Pour la jeune sportive accomplie de Sherbrooke, ce fut le coup
de foudre. "Jusque-là, raconte-t-elle, j'avais pratiqué
régulièrement plusieurs sports, notamment le soccer.
J'ai tout de suite aimé l'haltérophilie. Cet univers
sportif était à l'opposé de ce que j'avais
connu. J'avais fait beaucoup de sport depuis l'âge de cinq
ans, ce qui fait que, dès mes débuts, mes jambes
étaient très fortes comparées aux autres
filles et même aux garçons de mon âge. Un
an plus tard, j'avais dit à mon entraîneur qu'un
jour je gagnerais une médaille aux Championnats du monde!"

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