Le courrier
Coupures ou recrutement?
Récemment, le Syndicat des employées et employés
de l'Université Laval (SEUL) était convoqué
par la direction de la Faculté des sciences et de génie
afin d'être informé d'une coupure imminente de quelque
13 postes administratifs: agente de secrétariat, technicien,
aide-technique, etc. Ces coupures se justifiaient par une diminution
importante de la clientèle étudiante et donc du
financement qui y est associé.
Ainsi, au cours des dernières années, la clientèle
étudiante de la faculté a diminué de pas
moins de 140 étudiants équivalents temps complet
(étc) et une projection de 100 étc supplémentaires
pour les prochaines années. En termes budgétaires,
il s'agit d'une perte de revenus récurrente de l'ordre
de 1,4 M $ cette année et de 2,4 M$ annuellement dès
l'an prochain. Les prochaines années ne s'annoncent pas
plus roses, la direction croyant que la tendance devrait se maintenir.
On ne s'étonnera guère qu'un syndicat s'insurge
contre de telles coupes, mais la question dépasse de beaucoup
celle des postes abolis. En effet, cette catastrophe était
annoncée! Qui ne pouvait prévoir une baisse de
la clientèle dans un contexte de quasi plein emploi ?
Qui ne pouvait prévoir une baisse de la clientèle
avec la conjonction du taux de décrochage faramineux chez
les jeunes hommes et la baisse de natalité ? Doit-on être
devin pour prédire qu'au cours des prochaines années
bien peu de jeunes s'inscriront en foresterie après les
fermetures successives d'usines dans le domaine forestier? Et
en sciences infirmières, y aura-t-il beaucoup de jeunes
qui s'inscriront alors que l'on s'arrache les infirmières
avant même qu'elles ne finissent leur cégep?
Au cours des prochaines années, il est facile de prévoir
qu'il y aura une baisse de la clientèle étudiante
provenant du Québec dans un contexte où le marché
de l'emploi demeurera fort avec les retraites des "baby
boomers" et les effets de la dénatalité qui
se feront ressentir. Si l'Université Laval veut conserver
un nombre stable d'étudiants et d'étudiantes, elle
se doit de développer de nouveau marchés: le Canada,
les États-Unis, l'Amérique latine, l'Europe, l'Asie
et l'Afrique.
L'Université Laval, en plus de prendre une approche promotionnelle
qui, manifestement, n'a pas donné les résultats
escomptés, doit prendre une approche proactive. Elle doit
faire activement du démarchage pour attirer les candidats
au doctorat de l'Amérique latine en rencontrant les personnes
en autorité et en signant des protocoles; elle doit prendre
les moyens pour recevoir les étudiants chinois, devant
une Chine de plus en plus francophile. Il s'agit d'un bassin
énorme. Que dire de l'Europe et des États-Unis
où le Québec et l'Université Laval jouissent
d'un avantage compétitif dont on n'a qu'à profiter!
Le coût de la vie et le coût des études sont
sans commune mesure avec les nôtres!
Déjà nous écrivions dans ces mêmes
pages en septembre dernier que l'Université Laval devrait
axer son recrutement vers des clientèles étrangères.
Maintenant, il y a péril en la demeure. Nous sommes conscients
que l'Université fait des efforts louables, mais ils sont,
jusqu'à présent, insuffisants. Nous ne souhaitons
pas que le personnel que nous représentons souffre encore
de nouvelles coupures ou qu'elles s'étendent à
d'autres facultés et départements. Le SEUL accueillera
favorablement toute initiative visant à augmenter la clientèle
étudiante. Nous souhaitons ardemment que l'Université
investisse dans une démarche proactive porteuse de résultats
concrets.
JEAN COULOMBE
Président
SEUL-SCFP-2500
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