
Soigner au bout du monde
L'été dernier, quinze étudiantes
et un étudiant en sciences infirmières ont effectué
un stage dans cinq pays d'Afrique et d'Asie
Sénégal, Mali, Ghana, Inde et Chine: tels ont
été les pays de destination, l'été
dernier, de quinze étudiantes et d'un étudiant
inscrits au programme "Stage international et interculturel"
offert dans le cadre du bac en sciences infirmières. Le
jeudi 24 novembre, dans une salle pleine à craquer du
pavillon Paul-Comtois, les stagiaires ont fait une présentation
audiovisuelle haute en couleurs de leur expérience de
vie de dix semaines en pays étranger. Elles ont raconté
leurs souvenirs, leurs travaux sur le terrain, leurs émotions.
Ces projets de stage crédité en soins de santé
primaire dans un contexte culturel différent avaient reçu
un encadrement structuré de la Faculté des sciences
infirmières, du Bureau international de l'Université
et de divers partenaires.
À l'hôpital de Bolgatanga
Sarah Desgagnés, Mélanie Gauthier-Gagnon, Hélène
Goulet et Mariève Rousseau ont pris l'avion pour le Ghana,
un pays d'Afrique occidentale. Jessika Kerwin, une étudiante
au doctorat en médecine dentaire, les accompagnait. Pour
la première fois, une équipe de stagiaires de sciences
infirmières comprenait une étudiante d'une autre
faculté. La petite équipe a passé un mois
à l'hôpital régional de Bolgatanga. Pendant
que Jessika travaillait en collaboration avec l'assistante dentaire
de la clinique dentaire, Sarah, Mélanie, Hélène
et Mariève ont assisté les infirmiers et infirmières
dans les différents départements de l'hôpital,
notamment la chirurgie, la médecine et l'urgence. "Les
gens sont peu informés et les traitements préventifs
en soins dentaires sont peu populaires, explique Jessika. Les
dentistes sont peu nombreux et ils ne font pas d'examens de rappel,
de nettoyage ni de détartrage." Les quatre étudiantes
en soins infirmiers se sont ensuite retrouvées à
la clinique de santé de Kongo-Logre. "Nous avons
eu la chance, là-bas, d'assister aux consultations médicales
faites par les infirmiers et infirmières, raconte Hélène.
Puis nous avons donné les traitements requis, comme les
injections, les pansements, la réhydratation intraveineuse.
Nous avons aussi pris part à différentes activités,
entre autres aux activités communautaires de vaccination
dans les communautés environnantes. Nous avons aussi participé
au suivi des femmes enceintes et à des accouchements."
Du village à la brousse
Le stage de Suzy Plamondon, Marie-Pierre Tremblay, Julie
Trouboul et Sonia Vallée s'est déroulé au
Mali, autre pays d'Afrique occidentale, au centre de santé
communautaire du village de Sansanding. Les stagiaires ont d'abord
participé aux consultations prénatales et assisté
aux consultations curatives réalisées par l'infirmier
chef de poste. "À la suite de ces consultations,
indique Marie-Pierre, nous faisions les différents soins
nécessaires, comme les injections intraveineuses ou intramusculaires
des médicaments, l'installation de solutés dans
le traitement du paludisme ou de déshydratation grave,
la réfection des pansements, le contrôle de tension
artérielle. De plus, nous avons participé à
tout ce qui entourait les accouchements. Nous avons finalement
fait la vaccination des enfants et des femmes enceintes ainsi
que de la vaccination en brousse, dans de petits villages."
Marianne Bernatchez, Meggie Perron, Anne-Marie Turcotte et Marie-Claude
Vandal ont choisi le Sénégal, également
en Afrique occidentale, comme milieu de stage. Meggie et Marie-Claude
ont séjourné au village de N'Diassane où
elles ont effectué des tâches semblables à
celles de leurs autres consoeurs stagiaires en Afrique. "Au
Sénégal, précise Marie-Claude, les femmes
enceintes craignent tellement le mauvais il, les mauvais esprits
et les mauvaises langues qu'elles évitent, dans la plupart
des cas, d'accoucher le jour. Mais comme la majorité ne
peuvent pas attendre la nuit, elles accouchent seules chez elles.
Ces conditions peuvent entraîner des hémorragies
non contrôlées chez la mère et de l'hypothermie
chez le bébé. À ce niveau, notre travail
a consisté à sensibiliser les femmes enceintes
à venir rapidement au poste de santé dès
qu'elles perdent leurs eaux."
Cap sur l'Asie
Émilie Fournier et Guillaume Ouellet ont pris la route
de l'Inde. Leur stage, ils l'ont effectué dans l'État
du Kerala, où le niveau de santé de la population
est le plus élevé au pays. Les étudiants
ont notamment observé la popularité de la médecine
ayurvédique traditionnelle. "Vieille de quelque 5
000 ans, cette médecine, basée sur des élixirs
et des pommades, soulage de divers problèmes de santé,
dont l'arthrite", souligne Guillaume. En Inde, les femmes
ont moins d'enfants qu'autrefois parce qu'elles sont de plus
en plus nombreuses sur le marché du travail. Le taux de
fécondité du Kerala est le plus bas au pays, soit
2,1 enfants par femme. Cet État a éradiqué
la polio, la malaria et le ver de Guinée. "Mais,
ajoute Guillaume, on observe un nombre grandissant de maladies
dites occidentales comme le diabète, le cancer et les
maladies cardiovasculaires."
Pour leur part, Anne-Marie Lalumière et Ariane Thibault
ont effectué leur stage dans un hôpital universitaire
de Changchun, en Chine, à l'Unité d'oncologie Bethune-Laval.
Elles ont constaté que par manque d'argent, les gens,
en général, ne consultent pas un médecin
dans un but de prévention, mais plutôt lorsque leur
état de santé s'est détérioré.
Elles ont également observé qu'il doit obligatoirement
y avoir un membre de la famille au chevet du patient pour lui
procurer les soins de base en hygiène, alimentation et
confort. Autre particularité: le médecin fait d'abord
connaître son diagnostic non pas au patient, mais à
sa famille. Celle-ci décide ensuite ce qu'il faut dire
au patient. On croit que le patient qui ne connaît pas
son état de santé de façon précise
sera plus disposé à faire face à la maladie.
Un nouveau contingent formé d'une vingtaine d'étudiantes
et d'étudiants partira à l'été 2006.
Les stagiaires se rendront au Ghana, au Mali, en Mauritanie et
au Sénégal, ainsi qu'en Inde et en Chine. Il est
possible que des étudiants de médecine dentaire
et de médecine soient intégrés au groupe.

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