
Carrés noirs et trilles blancs
Les oeuvres lumineuses de Lauréat
Marois à la Galerie des arts visuels
Dans la série "Les carrés noirs",
qui fait partie de l'exposition Séquences de Lauréat
Marois présentée à la Galerie des arts visuels
jusqu'au 4 décembre, clignotent des étoiles, s'allument
des paysages et s'allongent des nervures. Pour pénétrer
dans ce qui apparaît d'abord comme une sombre forêt,
il faut cependant s'approcher très près de chacun
des six tableaux de la série et se laisser emmener sans
trop faire d'histoires dans l'univers inspirant de cet artiste
de renom. "Je veux être porteur d'espoir, faire du
bien et m'inscrire dans la durée et dans la beauté,
dit-il simplement. Nous avons tous une quête à poursuivre
et je poursuis la mienne." En écoutant parler cet
homme à la voix douce et enveloppante, on se surprend
à envier les étudiants qui suivent ses cours de
peinture à la formation continue, où il enseigne
depuis 1997. "On est toujours seul dans la création,
affirme Lauréat Marois. J'aime enseigner car cela me permet
de partager mes connaissances et de voir où j'en suis
également."
Aussi discret que secret, toujours humble devant des oeuvres
reflétant une période de sa vie où ses réflexions
existentielles et des éléments empruntés
à la nature se sont fondus en un seul paysage intérieur,
Lauréat Marois n'explique pas, se contentant de souligner
au passage quelques détails éclairant son travail.
Pour "Les carrés noirs", faits à la gouache
et au crayon sur papier carbone, il a assemblé les vestiges
de dessin récupérés sur près de huit
années de travail. Juste à côté, la
suite chromatique intitulée "Les Dermographies"
nous en fait voir de toutes les couleurs, jetant la lumière
sur un événement qui a modifié le cours
de l'existence du peintre. Au cours des cinq dernières
années, Lauréat Marois a en effet souffert d'une
grave maladie cutanée dont il s'est heureusement remis
mais qui a laissé des stigmates, et dont témoignent
les sept tableaux de cette suite. Évoquant la peau momifiée,
des plis pincent la toile tandis que des squames rappellent la
sécheresse du corps. Étonnant.
La beauté du monde
Dans un registre moins sombre, la série ayant pour
titre "Trille blanc", du nom d'une petite fleur printanière
dont le motif exerce un attrait particulier chez Lauréat
Marois, plonge le visiteur dans une certaine légèreté.
La plante y est déclinée dans des couleurs riches
et puissantes, comme si l'artiste avait voulu mettre sur un piédestal
cette fleur des champs ressemblant à une étoile.
Trouvant dans la nature sa principale source d'inspiration, l'homme
ne se lasse pas des arbres, des feuilles et des fleurs, qu'il
expose sous toutes les coutures. À travers la traversée
des paysages, son univers s'agrandit et se concentre sur les
choses essentielles. Ni figurative ni abstraite, son oeuvre s'articule
autour de la volonté d'accéder à la vérité
et à la beauté du monde.
"Mon travail parle de mon travail", répond-il
gentiment quand on lui demande de commenter ses oeuvres. Artiste
accompli, récipiendaire de plusieurs prix et distinctions,
Lauréat Marois porte un regard sensible sur un univers
qu'il s'obstine à redécouvrir sous un jour nouveau,
et ce sans se limiter à une technique ou à une
école. À la sortie de l'exposition, deux impressions
au jet d'encre sur toile de grand format, "Forêt no.1"
et "Forêt no.2", expriment enfin ce que les mots
ne disent pas: dans la force de l'âge, des arbres s'élancent
vers le ciel, enracinés dans la solitude de leur condition
terrestre.
L'exposition est présentée à l'édifice
La Fabrique (255, boulevard Charest Est). Les heures d'ouverture
sont du mercredi au vendredi, de 11 h 30 à 16 h 30, et
les samedis et dimanches, de 13 h à 17 h.

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