
Couples en péril
Les défis de la vie familiale vus
par des étudiants québécois et étrangers
"Au Québec, on s'identifie à ce qu'on
n'est pas et on ne s'identifie pas à ce qu'on est; c'est
ça le problème." Cette phrase, lancée
par une étudiante québécoise en anthropologie
lors de la deuxième rencontre du Carrefour Interculturel
des étudiants de Laval (CIEL) qui a eu lieu le 18 novembre
au pavillon Alphonse-Desjardins, se voulait un cri du coeur face
au mal de vivre qui règnerait selon certains dans la société
québécoise. D'où provient le malaise ambiant
au Québec? Pourquoi le suicide chez les jeunes hommes
bat-il des records chez nous? Où est passée la
famille que chante Claude Léveillée dans Frédéric?
Mais d'abord, qu'est-ce qu'une famille en 2005, à l'ère
des familles recomposées et des unions entre conjoints
du même sexe?
Telles sont les questions - restées sans réponse
- dont ont discuté la vingtaine d'étudiants qui
participaient à cette rencontre organisée par le
Bureau d'accueil des étudiantes et des étudiants
étrangers. "Chez nous, les enfants sont considérés
comme une richesse et leur éducation comme un investissement,
dit un étudiant du Bénin. Les parents qui ont les
moyens d'envoyer leurs enfants étudier à l'étranger
le font en sachant qu'ils vont être payés en retour."
Quasi inexistant au Bénin, sauf dans les milieux dits
intellectuels, le divorce y est très mal perçu.
Si un couple éprouve des difficultés, les deux
familles mettront tout en uvre afin d'empêcher le couple
de se séparer. "La pression sociale est très
forte pour inciter le couple à avoir des enfants rapidement",
ajoute l'étudiant.
Le choc des cultures
"Quand j'ai quitté mon pays il y a maintenant
cinq ans, je considérais que les homosexuels étaient
des personnes malades, raconte cet étudiant du Rwanda.
Depuis que je suis au Québec, ma vision des choses a changé."
"Personne, dans mon pays, n'ose trop se prononcer sur l'homosexualité,
constate un autre étudiant africain. J'ai du mal à
croire que cela sera accepté dans 20 ou 30 ans."
De son côté, une étudiante québécoise
se demande bien comment une femme peut accepter la polygamie
au sein de son "couple". Autre pays, autre murs.
Pour cette étudiante française, il est clair que
les hommes québécois ne trouvent plus leur place
dans leurs relations avec les femmes. De là à dire
que le féminisme est responsable de cette situation, il
n'y a qu'un pas qu'elle franchit aisément. "C'est
vrai que les hommes travaillent beaucoup et n'ont plus de réseau
social, renchérit une étudiante québécoise.
Dans notre société matérialiste, on leur
en demande beaucoup trop." À travers ces questionnements,
une question surgit. Pourquoi les couples ne durent-ils pas?
Pourquoi les familles ne sont-elles plus ce qu'elles étaient?
À la première difficulté, on se quitte,
constate un participant. Les gens ne veulent plus faire de concessions."
"J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main, chantait
Georges Brassens. Ne signons pas notre non au bas d'un parchemin."
Désuet tout cela? Oh que non! "Moi, je suis heureuse
et je ferai tout pour que mon mariage fonctionne, dit cette étudiante
qui s'est mariée à 20 ans. On ne se marie qu'une
fois dans la vie et pour moi, c'est vraiment pour la vie."

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