La chevauchée fantastique
Du 24 au 27 novembre, Les Treize présentent
Equus, une des oeuvres les plus fortes du répertoire théâtral
contemporain
Qu'est-ce qui a bien pu poussé Alan Strang, 17 ans,
à crever sauvagement les yeux de six chevaux avec un pic
dans l'écurie où il était employé?
Que s'est-il passé dans la tête de ce jeune homme
pour qu'il commette un tel crime, lui qui tenait pourtant les
chevaux en adoration? Pourquoi tuer ce qu'on aime le plus au
monde? C'est ce que vous invitent à découvrir Les
Treize dans une des oeuvres les plus fortes du répertoire
théâtral contemporain, Equus de Peter Shaffer,
du 24 au 27 novembre, à 20 h, à l'amphithéâtre
Hydro-Québec.
Écrite en 1973, cette pièce décrit la longue
remontée à la surface de l'inconscient des souvenirs
d'un jeune homme dont l'âme tourmentée frémit
à l'odeur sensuelle des chevaux. Un fil d'Ariane déroulé
par un psychiatre, Martin Dysart, l'aidera à sortir du
labyrinthe.
"La pièce est construite à la manière
d'un roman policier, explique le metteur en scène du spectacle,
Jean-Nicolas Marquis. Peu à peu, les morceaux du puzzle
se mettent en place; le psychiatre avance lentement mais sûrement
dans son enquête et finit par découvrir la clé
de l'énigme. Entre Martin Dysart et Alan Strang s'établit
une étrange relation où se confrontent deux visions
du monde, le premier faisant face à ses angoisses et à
ses manques, le second marqué à vie par une enfance
austère et privée de véritable amour."
Sans trop rien dévoiler de l'intrigue, on peut dire que
le psychiatre amènera Alan à revivre sa première
chevauchée, alors qu'un superbe cavalier venu de nulle
part l'avait fait monter à cheval et qu'un père
autoritaire et hypocrite l'en avait fait brutalement descendre.
D'où la chute dans le rêve, porte de sortie par
excellence d'une existence étriquée livrée
à elle-même, sans musique, sans livres, sans amitié,
sans rien.
Des choses essentielles
"Ce psychiatre est à un moment de son existence
où il se pose beaucoup de questions par rapport à
sa vie et à l'utilité de son travail, souligne
Raymond Poirier, qui joue le rôle de Martin Dysart. Il
se rend compte qu'en aidant les gens à se défaire
de leurs démons, il leur enlève en même temps
ce qu'ils ont d'unique en eux." Et c'est bien de la remise
en question du rôle de la psychiatrie dans notre société
dont il s'agit dans Equus, de même que de toute
la conception de la normalité chez l'être humain.
"Je fais des choses définitives", constate ainsi
Martin Dysart, après que son jeune patient ait finalement
rendu les armes et confessé les raisons de son crime.
"Essentiellement, je ne peux savoir ce que je fais. Pourtant,
je fais des choses essentielles, irréversibles, finales.
Je me tiens dans le noir, un pic à la main, l'enfonçant
dans des têtes."
Autour de ce duo infernal gravitent sept autres personnages:
le père, Frank Strang (Denis Giguère); la mère,
Dora Strang (Barbara Langis); la juge, Hesther Salomon (Karen
Dubois); l'amie, Julie Masson (Amélie Couture); l'infirmière
(Geneviève Desnoyers); le propriétaire d'écuries,
Harry Dalton (Jean-François Lépine) et le cavalier
(Pierre-Jean Champoux). Un choeur vient rythmer l'action et illustrer
les souvenirs d'Allan. "Equus est une pièce
qui ne laisse personne indifférent, affirme le metteur
en scène Jean-Nicolas Marquis. On en ressort bouleversé,
dérangé. C'est une pièce qui touche au mystère
même de la condition humaine."
Les billets pour Equus sont disponibles sur le réseau
Billetech (www.billetech.com ou 643-8131), à l'Animation
socioculturelle, au local 2344 du pavillon Alphonse-Desjardins,
au coût de 10 $, ainsi qu'à la porte le soir du
spectacle, à 12 $.
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