Beaucoup d'avenir en génie minier
L'industrie canadienne aura besoin de milliers
de nouveaux diplômés universitaires d'ici dix ans
Les dix prochaines années s'annoncent cruciales pour
l'industrie canadienne des minéraux et des métaux.
Ce secteur industriel parmi les plus productifs au pays, l'un
des plus grands exportateurs de minéraux, de métaux
et de diamants au monde, pourrait faire face à une pénurie
de travailleurs qualifiés en raison de nombreux départs
à la retraite et d'un recrutement difficile. "Le
problème de pénurie de main-d'uvre, avec le départ
à la retraite des baby boomers, est présent
dans tous les secteurs d'activité, en particulier dans
l'industrie minière", a expliqué Ryan Montpellier,
directeur de projets au Conseil d'adaptation et de formation
de l'industrie minière (CAFIM), lors d'une conférence
prononcée le lundi 14 novembre au pavillon La Laurentienne.
"Mais, a-t-il ajouté, pour les étudiants qui
ont choisi ce domaine, les perspectives d'emploi sont fantastiques!
Le taux de croissance de l'industrie minière est à
peu près deux fois plus élevé que celui
de l'économie canadienne. Et les indicateurs économiques
prévoient que cette industrie poursuivra sa croissance
pendant encore plusieurs années."
Des signes inquiétants
Dans son exposé, Ryan Montpellier a abordé
les grandes lignes d'une étude publiée en août
dernier par la CAFIM et intitulée Prospecter l'avenir:
relever les défis des ressources humaines dans l'industrie
canadienne des minéraux et des métaux. On peut
y lire que si le secteur n'enregistrait aucune croissance pour
les dix prochaines années, il aurait quand même
besoin de plus de 36 000 nouveaux diplômés qualifiés.
En cas de forte croissance, ce chiffre pourrait atteindre près
de 82 000. Le problème est que l'offre de travailleurs
qualifiés ne serait que de 8 910 diplômés
dans le premier scénario et que de 11 160 dans le second.
L'enquête a été menée auprès
d'une cinquantaine de sociétés minières
et d'une vingtaine d'établissements d'enseignement offrant
des programmes en exploitation minière. Elle révèle
que plus de 50 % des travailleurs du domaine sont présentement
âgés entre 40 et 54 ans. Or le nombre le plus élevé
de travailleurs qui prendront leur retraite dans la prochaine
décennie appartiennent à la catégorie des
métiers spécialisés, suivis de près
par les scientifiques et ingénieurs. L'étude révèle
également la diminution, ces dernières années,
du nombre de diplômés en génie minier. Elle
met aussi en lumière le fait que le nombre d'étudiants
qui pourraient s'inscrire à des programmes d'études
postsecondaires en lien avec le domaine minier sera de loin inférieur
à la demande prévue. "De 1998 à 2002,
le nombre d'étudiants inscrits en génie a augmenté
de 19 % au Canada, a indiqué Ryan Montpellier. Mais au
cours de la même période, les inscriptions en génie
minier et en génie géologique ont baissé
respectivement de 40 et de 30 %."
Les défis qu'aura à relever l'industrie minière
canadienne sur le plan de la main-d'uvre au cours des prochaines
années sont nombreux. La concurrence en est un. Elle provient
autant des autres secteurs industriels canadiens que de l'industrie
minière étrangère. Sur le plan salarial,
l'industrie pétrolière et gazière canadienne
offrait 1 479 $ comme salaire hebdomadaire moyen en 2003. L'industrie
de l'extraction minière offrait 1 085 $. "L'an passé,
a rappelé Ryan Montpellier, les sociétés
minières brésiliennes ont fait venir à leurs
frais l'ensemble des diplômés de génie minier
de l'Université de Colombie-Britannique pour une tournée
de leurs sites d'exploitation au Brésil. Les étudiants
canadiens en génie minier sont reconnus comme étant
parmi les mieux formés dans leur domaine au monde."
Un autre défi est celui de la perception. Bien des gens
ignorent que l'industrie minière a considérablement
évolué au cours des ans. Elle présente aujourd'hui
un visage de plus en plus technologique grâce, entre autres,
à l'introduction de la télé-extraction et
de la robotique. La technologie permet aussi de réduire
les risques pour la santé, d'améliorer la productivité
et de renforcer la protection environnementale. "L'industrie
a un grand défi devant elle, a conclu Ryan Montpellier.
Elle devra attirer non seulement des jeunes, mais aussi plus
de femmes, d'autochtones et de membres de minorités visibles."
À Laval
Depuis 2003, l'industrie minière offre une série
de bourses d'entrée d'un montant de 3 000 $ aux étudiants
nouvellement inscrits en génie minier à l'Université
Laval. C'est dire à quel point cette industrie a un urgent
besoin de diplômés. En revanche, l'offre de diplômés
en provenance de Laval a diminué, passant d'une dizaine
en 2003 à une demi-douzaine cette année. Pourtant,
le programme de baccalauréat en génie des mines
et de la minéralurgie conduit à un secteur d'activité
où règne le plein emploi, et même plus, où
l'on engage rapidement les diplômés et où
les conditions salariales (entre 50 000 et 55 000 $ par an pour
le bachelier qui entreprend sa carrière) font l'envie
de bien des corps d'emploi.
Le génie minier attirera des personnes dynamiques et capables
de leadership, intéressées à la fois par
la technologie de pointe et les affaires financières,
et ouvertes à la mobilité internationale. À
Laval, ils sont en plus formés en fonction d'un haut niveau
de polyvalence. Dans ses tâches quotidiennes, l'ingénieur
des mines planifie et organise les travaux nécessaires
à l'extraction du minerai de la roche. La formation reçue
permet de travailler, entre autres, dans des mines souterraines,
en génie-conseil en géotechnique, et dans la fabrication
d'équipements miniers. Le bac en génie minier est
de type coopératif. Au cours de ses quatre années
d'études, l'étudiant en génie minier effectue
trois stages obligatoires de quatre mois, très bien payés,
en milieu industriel.
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