Le facteur sexe sonne toujours deux fois Les programmes favorisant l'activité physique chez les ados devraient tenir compte de cet élément vieux comme le monde Les programmes qui visent la promotion de l'activité physique chez les adolescents font fausse route en considérant les jeunes comme un bloc monolithique. En effet, pour trouver la combinaison gagnante d'arguments capable de vaincre la force d'attraction que les divans et les écrans de toutes sortes exercent sur les ados, il faut prendre en ligne de compte un facteur vieux comme le monde: le sexe. C'est ce que concluent Gaston Godin, Donna Anderson et Léo-Daniel Lambert, de la Faculté des sciences infirmières, et Raymond Desharnais, de la Faculté de médecine, au terme d'une étude menée dans une école secondaire de la Côte-du-Sud.
Les chercheurs ont sondé annuellement, pendant trois ans, le même groupe de 740 élèves pour cerner les facteurs qui interviennent dans leur décision d'être ou de ne pas être - telle est la question - physiquement actifs tous les jours. "Le passage de l'enfance à l'adolescence est une période critique pour la pratique de l'activité physique, soulignent les chercheurs. Si on cesse, l'inactivité risque fort de se maintenir jusqu'à l'âge adulte, en particulier chez les filles qui ont déjà tendance à être moins actives physiquement que les garçons."
Les données publiées par les chercheurs dans une récente édition de l'American Journal of Health Promotion, indiquent que, dans le groupe d'étude, à peine un adolescent sur quatre respectait la recommandation visant la pratique quasi journalière d'activité physique. Chez les garçons, ce pourcentage passait de plus de 40 % au secondaire 1 à environ 20 % dès le secondaire 2. Chez les filles, le dommage était fait avant l'entrée au secondaire: le pourcentage de jeunes filles actives tous les jours, qui atteignait à peine 15 % au secondaire 1, demeurait stable pendant tout le secondaire. "La dynamique de désengagement se fait de façon plus précoce chez les filles", ne peut que constater le responsable de l'étude, Gaston Godin.
L'analyse détaillée des résultats indique que parmi les huit facteurs qui influencent le fait d'être actif quotidiennement, trois étaient communs aux garçons et aux filles, mais cinq étaient spécifiques au genre. "Les personnes responsables des programmes visant à favoriser l'activité physique devraient tenir compte de cette dimension dans l'élaboration et la mise en pratique de leurs interventions", suggère le chercheur.
D'ailleurs, le professeur Godin s'étonne de la mixité actuelle dans les cours d'éducation physique au secondaire. "Il y a un âge où les garçons et les filles peuvent pratiquer des activités physique ensemble, mais au secondaire, c'est plus compliqué en raison des traits de caractères spécifiques au genre. À moins qu'il s'agisse d'activités où il n'y a pas de compétition, je ne serais pas enclin à favoriser les cours d'éducation physique mixte chez les adolescents." | |