
Pionniers et rassembleurs
Michel G. Bergeron et Cyril Simard reçoivent
des Prix du Québec
Deux membres de la communauté universitaire ont reçu,
mardi, à l'Assemblée nationale, les plus hautes
distinctions accordées par le gouvernement du Québec
dans les domaines des sciences biomédicales et du patrimoine.
L'infectiologue Michel Bergeron s'est vu remettre le prix Wilder-Penfield
pour avoir fait avancer la microbiologie dans une direction révolutionnaire.
Le prix Gérard-Morisset a été accordé
à Cyril Simard en reconnaissance de sa carrière
marquée du triple sceau de l'architecture, du design et
de l'ethnologie.
Fondateur et directeur du Centre de recherche en infectiologie
(CRI) de l'Université Laval, situé au CHUL du Centre
hospitalier universitaire de Québec (CHUQ), Michel G.
Bergeron a réussi à faire avancer la microbiologie
dans une direction révolutionnaire. Avec son équipe
de chercheurs, il a mis au point des tests rapides de détection
d'acides nucléiques. Cette percée scientifique
majeure, publiée en primeur dans le prestigieux New
England Journal of Medecine en 2000, permet d'identifier
les microbes à partir d'un échantillon clinique
en 45 minutes alors que 48 heures sont habituellement nécessaires
en utilisant les méthodes traditionnelles. Ce diagnostic
rapide permet de prescrire une médication plus appropriée,
ce qui évite la surconsommation d'antibiotiques et la
résistance des microbes à ceux-ci, problème
de plus en plus répandu.
Michel G. Bergeron a suivi sa formation médicale à
l'Université Laval et à l'Université McGill.
Il continue ensuite ses études au New England Medical
Center de l'Université Tufts à Boston ainsi qu'au
Massachusetts Institute of Technology (MIT) où il a le
privilège de travailler avec des microbiologistes infectiologues
de renommée mondiale comme Louis Weinstein et Salvador
Luria, Prix Nobel de médecine. À son retour en
1974, Michel G. Bergeron crée le laboratoire et service
d'infectiologie du CHUL, qui deviendra plus tard le CRI, et concentre
ses recherches sur la pharmacologie, la toxicité et l'efficacité
des antibiotiques. En 1985, il prend conscience du manque d'outils
diagnostiques appropriés en infectiologie et réoriente
ses activités vers la conception de technologies selon
une approche beaucoup plus préventive.
Le CRI est aujourd'hui l'un des plus importants centres au monde
dans le domaine de l'infectiologie. Son budget annuel atteint
20 millions de dollars. Près de 250 chercheurs venant
de 19 pays différents y travaillent. Parmi ses autres
grandes réalisations, le CRI a produit un gel microbicide,
aussi appelé le "condom invisible", qui permet
aux femmes de se protéger contre les maladies transmises
sexuellement (MTS) et le VIH/SIDA. Ce gel est présentement
en phase expérimentale au Canada et en Afrique. Pour commercialiser
ses innovations, le docteur Bergeron a fondé l'entreprise
Infectio Diagnostic en 1995. Aujourd'hui, cette dernière
emploie 75 personnes qui travaillent à Québec.
Tout au long de sa carrière, Michel G. Bergeron a occupé
de prestigieux postes, notamment au sein de la Société
canadienne des maladies infectieuses, à titre de cofondateur
et président, de la Société canadienne de
recherches cliniques et de l'Association canadienne des médecins
microbiologistes. Il est aussi l'un des fondateurs de l'Association
canadienne de recherche sur le SIDA. Grand défenseur de
la recherche, Michel G. Bergeron est membre d'une vingtaine de
sociétés scientifiques et auteur de près
de 400 publications. En outre, il a reçu de nombreux prix
et distinctions dont le titre de Fellow of the Infectious Disease
Society of America, Fellow of the Canadian Academy of Health
Sciences, professeur des Universités de France et médaillé
de la Société internationale de chimiothérapie.
Il est également lauréat du prix MEDEC, du prix
Louis Pasteur et du Prix de l'uvre scientifique de l'Association
des médecins de langue française du Canada.
Le père de l'économusée
Né en 1938 à Baie-Saint-Paul, Cyril Simard
apprend d'abord à faire du commerce avec son père.
Puis avec son grand-père paternel, il apprivoise le bois.
Titulaire d'un baccalauréat en architecture (1965) et
d'une maîtrise en aménagement, section architecture
(1970), de l'Université de Montréal, c'est à
l'Université Laval, en 1986, qu'il obtient un doctorat
en arts et traditions populaires (ethnologie). Sa thèse
a pour titre: L'économuséologie: essai d'ethnologie
appliquée. Cyril Simard a imaginé le mot "économusée"
pour désigner la "petite entreprise artisanale, ouverte
au public, qui vend ses produits en les expliquant". La
Papeterie Saint-Gilles de Saint-Joseph-de-la-Rive devient officiellement,
deux ans plus tard, le premier économusée du Québec.
Au cours des années 1980, Cyril Simard est le concepteur
de la rénovation et de l'agrandissement du Musée
national des beaux-arts du Québec. C'est dans ce contexte
qu'il trouve le moyen de conserver la vieille prison du Québec
en la reliant aux bâtiments existants. De 1988 à
1996, celui qui a été auparavant à la tête
du comité ministériel pour l'intégration
des arts à l'architecture et de celui de l'implantation
de l'École des métiers d'art du Québec préside
aux destinées de la Commission des biens culturels du
Québec. En outre, il est l'instigateur de la tenue à
Québec, en 1992, du prestigieux congrès du Conseil
international des musées. C'est cette année-là
qu'il fonde la Société internationale du réseau
ÉCONOMUSÉE, dont il continue aujourd'hui d'assumer
la présidence et la direction générale.
Les diverses réalisations de Cyril Simard lui valent également
une reconnaissance internationale, d'où ses nominations,
en 2001, comme titulaire de la Chaire Unesco en patrimoine culturel
de l'Université Laval et comme conseiller spécial
en matière de métiers et savoir-faire auprès
de ce même organisme.
Parmi toutes les réalisations de sa carrière, marquée
du triple sceau de l'architecture, du design et de l'ethnologie,
la mise sur pied du Festival folklorique de Baie-Saint-Paul a
valu à Cyril Simard, en 1996, le Prix Hommage à
un bâtisseur de Charlevoix décerné par les
Charlevoisiens. Cyril Simard a reçu de nombreuses autres
distinctions, dont le Prix national de l'innovation touristique
en 1989, la Médaille du Lieutenant-gouverneur en patrimoine
(Héritage Canada) en 1994, l'Hommage ICOMOS-Canada et
la Médaille de l'Assemblée nationale du Québec
en 1996 et le Prix Carrière 2000 de la Société
des musées québécois. Cyril Simard a été
reçu officier de l'Ordre national du Québec en
2005.
Cyril Simard est l'auteur d'Artisanat québécois,
le premier inventaire exhaustif des métiers d'art d'ici,
comprenant quatre volumes publiés entre 1975 et 1985.
Il a aussi fait paraître en 1989 Économuséologie
Comment rentabiliser une entreprise culturelle et en
1992 Patrimoine muséologique et repères
historiques. Sous sa direction ont été également
publiés, entre autres, Des métiers de la tradition
à la création, ouvrage collectif paru en 2003,
Les chemins de la mémoire, en trois volumes parus
en 1990, 1991 et 1999.

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