
La clé des champs? Des chercheurs de la Faculté de foresterie et de géomatique ont recours à des techniques de télédétection pour diagnostiquer les carences nutritives des plantes agricoles Imaginez le scénario. Un tracteur circule dans un champ pour une opération de sarclage. Sur son flanc, un petit appareil scrute les plants et détermine instantanément leurs carences nutritives. Ces données sont automatiquement transmises à un épandeur de fertilisants accroché au tracteur qui ajuste la dose d'éléments nutritifs en fonction des carences détectées. Si les conditions météorologiques sont défavorables, cette dernière opération pourra être effectuée plus tard puisque l'appareil garde en mémoire la carte des zones à fertiliser qu'il a dressée à l'aide du système de positionnement par satellite relié au tracteur. En prime, l'appareil pourra même signaler au producteur agricole la présence de mauvaises herbes et de maladie dans ses cultures.
Science-fiction que tout cela? Pas selon le Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie (CRSNG) qui a reconnu les mérites et la faisabilité de ce projet, présenté par l'étudiante-chercheuse Marie-Christine Bélanger, dans le cadre de son concours Défi innovation. Le CRSNG remettait hier, le 19 octobre, ses prix nationaux visant à encourager l'imagination, l'innovation et l'intérêt pour le transfert technologique chez les étudiants de dernière année à la maîtrise et au doctorat. Le projet de l'étudiante-chercheuse de la Faculté de foresterie et de géomatique a retenu l'attention du jury qui lui a décerné une mention honorable, soit l'équivalent d'une troisième position à l'échelle du pays.
L'appareil décrit par Marie-Christine Bélanger n'existe pas encore sur le marché, mais un prototype est en gestation dans les locaux du Laboratoire de géomatique agricole et appliquée où elle a réalisé ses études doctorales. Ce n'est d'ailleurs pas un "flash" de dernière minute qui a conduit l'étudiante-chercheuse à soumettre son projet au concours Défi innovation. Ses recherches portaient l'estampe "transfert technologique" depuis leurs tout débuts. En effet, Marie-Christine Bélanger a mené ses travaux dans l'équipe du professeur Alain Viau, en collaboration avec Martin Chamberland de la firme Telops, et elle a bénéficié d'une bourse FQRNT de recherche en milieu pratique pendant ses études.
Il existe déjà des méthodes pour évaluer les carences des plants, reconnaît l'étudiante-chercheuse, mais elles présentent toutes d'importants inconvénients qui les rendent longues, coûteuses ou fastidieuses. Le "capteur embarqué" qu'elle a conçu mise sur deux techniques de télédétection - la réflectance passive et la fluorescence induite par un rayonnement ultraviolet et permet l'acquisition de données, leur traitement et le diagnostic sur le champ. Cette combinaison d'approches, qui ne se trouve chez aucun appareil existant, améliore la capacité de diagnostic des carences nutritives, précise-t-elle. Résultat: un usage mieux ciblé et mieux dosé d'engrais, une productivité accrue dans les champs et moins de pollution dans les cours d'eau. De plus, les lectures ne nécessitent pas de virées supplémentaires dans les champs puisqu'elles peuvent être faites lors d'opérations courantes de sarclage ou de renchaussage des plants, ajoute-t-elle. Reste deux détails importants à régler pour faire passer l'idée du laboratoire au champ: construire cet appareil à un coût abordable et le rendre convivial pour l'utilisateur. "Deux défis que nous sommes prêts à relever conjointement avec la compagnie Telops qui est toujours intéressée à poursuivre les travaux", souligne Marie-Christine Bélanger.

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