
Calcul mental
Le cerveau serait-il mauvais juge lorsqu'il
compte les calories qu'il a lui-même brûlées?
Notre cerveau ne semble pas très fort en maths lorsque
vient le temps de compter les calories qu'il a lui-même
brûlées. En effet, une étude réalisée
par Jean-Philippe Chaput et Angelo Tremblay, de la Faculté
de médecine, indique que nous nous livrons spontanément
à une surcompensation calorique après un travail
intellectuel. "Ce phénomène, combiné
au fait qu'on se dépense peu physiquement lorsqu'on accomplit
une tâche mentale, pourrait contribuer à l'épidémie
d'obésité qui frappe les sociétés
où une bonne partie de la population exerce un travail
intellectuel", commente Angelo Tremblay.
Les deux kinésiologues ont évalué la quantité
d'énergie dépensée par 15 étudiantes
alors qu'elles se livraient à un exercice intellectuel
de 45 minutes qui consistait à lire et à résumer
un texte scientifique. Ils ont répété les
mêmes mesures lors d'une seconde séance de même
durée pendant laquelle les participantes devaient tout
simplement relaxer. Au terme de chaque session, elles étaient
invitées à passer au buffet et à manger
à satiété. Les chercheurs ont ainsi déterminé
que le travail intellectuel provoquait une augmentation de la
dépense calorique d'à peine 3 kilocalories, mais
qu'il induisait une consommation de 229 kilocalories supplémentaires.
Contrairement à l'activité physique qui favorise
l'équilibre entre la dépense d'énergie et
la consommation d'aliments, l'activité intellectuelle
favoriserait plutôt son dérèglement, constatent
les chercheurs. "On ignore quelle est la cause exacte de
ce phénomène, mais nous avons deux hypothèses",
avance Jean-Philippe Chaput. La première, d'ordre psychologique,
suggère que les participantes considèrent la nourriture
comme une récompense bien méritée après
un travail exigeant. La seconde, plus physiologique, propose
que le stress occasionné par le travail mental provoque
la sécrétion d'une hormone, le cortisol, qui perturbe
le métabolisme et induit une instabilité du glucose
sanguin. À noter que, à l'opposé des muscles
qui utilisent plusieurs types de combustibles, le cerveau roule
uniquement au glucose. Angelo Tremblay a lui-même constaté
que ses propres taux de glucose et d'insuline fluctuaient respectivement
par un facteur de 2 et de 8 pendant la préparation d'une
demande de subvention!

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