Des voeux pieux pour la culture Les candidats à la mairie de Québec se prononcent en faveur de la culture, mais refusent de s'engager financièrement Le débat Participe Présent, organisé le 3 octobre au Musée de la civilisation, a permis aux quatre candidats à la mairie, Marc Bellemare, Claude Larose, Andrée Boucher et Pierre-Michel Bouchard d'affirmer l'importance de la culture dans une ville comme Québec. Ils répondaient notamment aux questions de sept intervenants du milieu culturel, dont l'anthropologue de l'Université Laval Bernard Arcand, l'artiste multidisciplinaire Danielle April et le gestionnaire culturel Bernard Gilbert. L'ombre du maire sortant de Québec flottait sur l'assemblée, alors que plusieurs des candidats soulignaient que la culture s'inscrivait au cur du développement de la ville, et que les budgets accordés à ce secteur doivent être vus comme des investissements créateurs de richesse. Là s'arrête pourtant le consensus entre les candidats dont l'opinion diverge sur la définition même de la culture. Si certains aspirants maires comme les chefs de l'Action civique et de Vision Québec ont insisté sur la nécessité de la démocratiser en la rapprochant des citoyens, la candidate indépendante a surtout parlé, pour sa part, de la nécessité de préserver les églises et les biens des communautés religieuses, l'héritage patrimonial de tous les Québécois à ses yeux. Le successeur de Jean-Paul l'Allier à la tête du Renouveau municipal a évoqué de son côté la nécessité de poursuivre l'oeuvre accomplie en soutenant encore mieux les artistes et les industries culturelles. " Lorsqu'une exposition Rodin attire 500 000 spectateurs, cela amène de l'argent neuf dans la région", a ainsi rappelé Claude Larose. Selon lui, il faut cesser de voir les artistes comme "des quêteux", mais plutôt les considérer comme des entrepreneurs et des travailleurs autonomes. Marc Bellemare, collectionneur d'oeuvres d'art à ses heures, rêve de diffuser davantage la culture, en ne se limitant pas à la musique classique et aux productions du Grand Théâtre. Il voudrait, par exemple, accroître les échanges culturels avec d'autres villes nord-américaines, et surtout inciter les citoyens à acheter plus de tableaux, de sculptures, de photographies. Comment? Le mystère demeure entier puisque le chef de Vision Québec se refuse à augmenter le budget de la culture s'il dirige la municipalité. "Il faut d'abord faire examiner les états financiers de la ville et faire le point sur l'endettement", explique-t-il.
De façon unanime, les candidats refusent d'ailleurs de prendre des engagements financiers vis-à-vis de la culture. Selon Andrée Boucher, par exemple, "c'est une erreur de mettre dans la même enveloppe les loisirs, la culture et la vie communautaire". Elle recommande donc une mise à plat du budget, et veut surtout engager un dialogue avec les principaux intéressés pour décider des projets à mettre de l'avant, tout en réclamant davantage de fonds du côté fédéral. Claude Larose, quant à lui, avance quelques idées comme la création d'un lieu de diffusion pour le théâtre jeune public, d'une antenne pour le Musée national des beaux-arts du Québec, ou parle d'une Maison de la littérature sans toutefois avancer de chiffres ni indiquer où iraient ses priorités comme maire. De son côté, Pierre-Michel Bouchard insiste sur la nécessité de rendre la culture accessible dans chacun des arrondissements, sans que l'on sache véritablement ce qu'il entend par ce désir de démocratisation. Tout au plus se prononce-t-il très clairement en faveur d'un Conseil des arts, l'outil par excellence, selon ses dires, pour diffuser davantage les produits culturels locaux et transformer Québec en pôle culturel pour l'est de la province. Là encore, ses promesses demeurent relativement floues et surtout dépourvues d'espèces sonnantes et trébuchantes.
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