
La paix, l'ordre et le bon gouvernement
Le Canada renforcera sa présence
militaire en Afghanistan conformément à ses nouvelles
politiques étrangère et de défense
Au début de 2006, un millier de soldats canadiens iront
grossir la Force internationale d'assistance à la sécurité
déployée en Afghanistan. Sous mandat de l'ONU,
dirigée par l'OTAN, cette force comprend actuellement
quelque 8 000 militaires en provenance de 34 pays. "Cette
mission, qui comprendra notamment des activités de maintien
de la paix et des opérations de combat, est une suite
logique de nos engagements antérieurs dans ce pays",
a expliqué Bill Graham, ministre de la Défense
nationale du Canada, le vendredi 23 septembre au pavillon Charles-De
Koninck. "Elle est aussi la mise en application de nos nouvelles
politiques étrangère et de défense, a-t-il
ajouté. Enfin, elle est l'expression de nos valeurs en
ce sens que nous contribuons à la reconstruction d'un
pays en difficulté et que nous redonnons l'espoir à
un peuple qui souffre depuis longtemps."
La conférence du ministre Graham, présentée
par le programme Paix et sécurité internationales
de l'Institut québécois des hautes études
internationales, s'intitulait: "La mission des forces canadiennes
en Afghanistan: les valeurs du Canada en action". "Nous
ne sommes pas des colonisateurs, a poursuivi le ministre. Nous
essayons d'apporter à l'Afghanistan et aux autres États
où nous intervenons ce qui nous apparaît comme des
valeurs universelles: la paix, l'ordre et le bon gouvernement."
Des États en défaillance
Les opérations du Canada à l'étranger
reposent sur le concept d'"État en défaillance
ou en situation d'échec". Entre 20 et 30 pays correspondraient
actuellement à cette définition. On y observe,
selon les endroits, des conflits armés à l'intérieur
des frontières, un gouvernement faible, voire absent sur
une grande partie du territoire, des mouvements de réfugiés,
des famines, des pandémies. Selon Bill Graham, l'Afghanistan
serait l'État en défaillance par excellence et
ce, depuis dix ans. "Après la désintégration
de l'Union soviétique, a-t-il expliqué, le monde
est devenu beaucoup plus instable. Les États en défaillance
ou en situation d'échec constituent sans nul doute aujourd'hui
la principale menace à la paix et à la sécurité
mondiales. Si nous n'intervenons pas à la source de ces
problèmes, ils vont tôt ou tard nous hanter chez
nous comme nous l'avons appris à notre grand dam à
New York, Madrid et Londres."
Les militaires qui interviennent dans ces pays ne se limitent
pas à faire la guerre. Ils doivent en plus être
diplomates, bons négociateurs et être sensibles
aux différences culturelles. Selon Bill Graham, les forces
canadiennes possèdent ces atouts "plus que n'importe
quelle autre force militaire". "Cela, a-t-il dit, leur
vient de leur vaste expérience de maintien de la paix
depuis les années 1950, de leur performance enviable dans
les guerres du passé, et de leur expérience plus
récente dans des régions difficiles, notamment
les Balkans."
Le ministre a insisté sur la mise à jour nécessaire
du concept de maintien de la paix. "Nous n'abandonnons pas
ce concept, a-t-il expliqué. Nous l'adaptons aux nouvelles
réalités. Le lot de nos forces armées, au
cours de la dernière décennie, a consisté
en des opérations militaires multilatérales complexes.
Le soldat de la paix d'aujourd'hui a souvent besoin, pour être
efficace, de mandats et de règles d'engagement plus robustes
et plus flexibles, ainsi que de meilleures capacités de
combat."

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