En corps et en corps Mise en abîme anatomique à la salle d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins Le thème du corps s'est imposé de lui-même au comité de l'Association étudiante d'arts plastiques (ASÉTAP) qui cherchait un sujet d'exposition rassembleur. En effet, les trois organisatrices, Karine Roy, Andréanne Gaudin et Stéphanie Matte, avaient constaté par le passé que les bustes ou les dessins de visages revenaient souvent dans les travaux d'étudiants. Elles ont choisi toutefois d'élargir le sujet, en s'intéressant à la mise en abyme du corps. Pour ces étudiantes de deuxième année au baccalauréat en arts plastiques, cela permettait aux créateurs d'aborder aussi bien la position du corps dans l'espace que sa représentation ou la somme des cellules qu'il représente. Manifestement, la proposition a séduit les étudiants en arts plastiques. En un peu moins d'une semaine, pas moins d'une quarantaine d'oeuvres ont été proposées au comité. Après mûre réflexion, le trio a retenu 17 oeuvres, photographies, sculptures, sérigraphies, toiles ou installations. "Nous voulions des créations de bon niveau", souligne Andréanne Gaudin. "Il fallait qu'une certaine unité se dégage de l'ensemble même si plusieurs oeuvres sont très contrastées", renchérit Stéphanie Matte. Une bonne partie des productions met ainsi l'accent sur un corps mi-rêvé, mi-réel, à l'image des portraits en noir et blanc d'Ariane Bérubé. Au centre de son triptyque photographique, une jeune fille au visage caché met en lumière ses mains liées par une corde. "Je me suis inspirée d'un poème de la chanteuse Jorane, explique-t-elle, pour montrer un personnage pris dans ses pensées. J'ai beaucoup de plaisir à travailler en chambre noire, à manipuler le papier photo, à jouer avec le temps d'exposition pour créer des effets." Les "photobiographies" de Vicky Sabourin explorent également ce thème du visage pas tout à fait présent ni vraiment absent. Dans sa série de quatre portraits réalisés à la manière des photomatons, elle montre un personnage disparaissant peu à peu pour sombrer dans le flou. Jacynthe Coulombe aborde pour sa part la question de l'identité sous l'angle de l'humour. Elle associe en effet des visages impassibles, photographiés dans une ambiance plutôt lugubre, avec par exemple une grenouille ou un papillon de laboratoire. On retrouve un regard ironique un peu décalé dans la toile de Marie-Ève Vignola et sa jeune fille aux grands yeux. Cette étudiante adore utiliser des couleurs franches et gaies pour produire des toiles proches de l'univers de la bande dessinée. D'autres oeuvres se détachent plus nettement de la réalité. Cynthia Coulombe-Bégin a conçu, par exemple, une sculpture faite de tissu et de laine minérale qui rappelle un corps humain déformé. L'installation de Stéphanie Matte et Andréanne Gaudin se compose de plusieurs blocs de bois assemblés avec du tissu jaune, puis suspendus au-dessus d'une ligne marquée au sol. "Ce qui nous intéresse notamment, c'est le contact entre l'oeuvre et le public, la façon dont peu à peu la ligne va s'effacer", précise Stéphanie Matte. L'Exposition "Le corps mis en abîme" s'affiche jusqu'au 7 octobre à la salle d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins. La salle est ouverte au public de 9 h à 17, h du lundi au vendredi. | |