
Le courrier
De bonnes raisons de dénoncer l'occupation de l'Irak
Entre 1990 et 2003, les agences humanitaires des Nations Unies
confirmaient les décès massifs et les souffrances
aiguës qu'endurait le peuple irakien sous des sanctions
économiques. Cette politique aux effets meurtriers, appliquée
activement par le gouvernement canadien de l'époque, avait
affaibli dramatiquement la population irakienne tout en renforçant
Saddam Hussein. Aujourd'hui, après deux ans et demi, l'occupation
de l'Irak par les États-Unis n'a pas apporté la
paix ni la sécurité ou même la reconstruction
des infrastructures nécessaires à la vie. En fait,
les taux de décès et les souffrances humanitaires
sont pires aujourd'hui sous l'occupation dirigée par George
W. Bush. Selon l'UNICEF (23 nov. 2004), "les rapports les
plus récents démontrent que la malnutrition aiguë
des jeunes enfants a près de doublée depuis mars
2003 " [lire: depuis l'invasion]. La cause principale demeure
le manque d'eau potable.
Pour ce qui est de la violence, nous préférerions
de loin une résistance massive non violente en Irak. Il
faut affirmer que des attentats révoltants contre des
personnes innocentes, ce ne sont pas des actes de résistance.
Les gens qui décident de s'attaquer aux forces militaires
de l'occupation, par contre, ne sont pas des terroristes et le
droit international reconnaît que les peuples peuvent légalement
combattre une occupation ou la répression armée.
Après tout, si des soldats étasuniens occupaient
le Québec, il y aurait certainement des gestes de résistance
violente, même si une résistance massive non violente
était préférable et plus efficace.
Mais une autre forme d'indécence et d'inhumanité
tient dans les profits faramineux empochés par des entreprises
et des fonctionnaires associés au gouvernement des É.-U..
Il y a toujours près de 10 000 personnes détenues
pendant des semaines ou des mois sans accusation. Depuis l'invasion,
il y a des cas incessants de familles irakiennes assassinées
dans leur voiture pour avoir simplement approché un barrage
de soldats étasuniens et d'autres sont encore tuées
de manière "préventive". Il ne s'agit
aucunement d'une force multinationale de l'ONU, mais encore d'une
occupation d'une violence inégalée et dont les
actions sont incompatibles avec le droit international humanitaire.
La présence des forces militaires étasuniennes,
la mort et l'humiliation de dizaines de milliers de personnes
innocentes, augmentent la violence et n'aident en rien. C'est
pourquoi une grande partie du nouveau parlement irakien exige
le retrait des troupes étasuniennes et que le président
actuel de l'Irak, pour sa part, demande au moins un retrait partiel:
il propose que 50 000 soldats retournent aux É.-U. sous
peu. Ne devrions-nous pas respecter la volonté de ce parlement
irakien élu ?
Il est extrêmement décevant que certains gouvernements
aient empêché les Nations Unies de définir
de le terrorisme, mais nous allons affirmer la nôtre: un
acte terroriste consiste à faire souffrir ou tuer des
personnes civiles ou innocentes dans le but d'imposer sa volonté,
qu'elle soit économique, politique, religieuse ou autre.
Considérant son lot d'abus, son irresponsabilité
criminelle, ses actions guerrières et la haine qu'elle
engendre, l'occupation de l'Irak est un échec plus que
total et il faut se rendre compte que la paix sera éventuellement
possible uniquement après le retrait des forces d'occupation.
Les peuples du Québec et du Canada devraient s'assurer
que le gouvernement fédéral et les entreprises
n'aident d'aucune façon les troupes en Irak.
Nous demeurons déterminés à dénoncer
l'invasion et l'occupation criminelles d'un pays qui n'avait
proféré aucune menace, solidaires des souffrances
horribles vécues par le peuple irakien -et donc aussi
révoltés contre les attentats qui tuent des personnes
innocentes- et voués à la paix et à la communication
interculturelle.
La Commission Paix du Réseau du Forum social de Québec
Chaudière-Appalaches
La CADEUL et la Délégation Droits et Démocratie
de l'Université Laval font partie de la Commission Paix
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