Légiférer d'égal à
égale
Le gouvernement fédéral devrait
rendre des comptes sur l'égalité entre les sexes
Au Canada, l'égalité entre les hommes et les
femmes est loin d'être atteinte. Si des progrès
importants ont été accomplis dans le domaine, il
n'en demeure pas moins que beaucoup de choses restent à
faire pour renforcer l'égalité entre les sexes.
C'est dans cet esprit que la ministre du Patrimoine canadien
et ministre responsable de la Condition féminine, Liza
Frulla, a annoncé récemment la création
d'un groupe d'expertes en la matière, composé de
Louise Langevin, professeure à la Faculté de droit
de l'Université Laval, qui fera équipe avec deux
autres spécialistes du droit des femmes, Georgina Steinsky-Schwartz
et Dorienne Rowan-Campbell.
"Notre mandat consiste à conseiller la ministre sur
les meilleurs mécanismes à adopter pour promouvoir
l'égalité entre les sexes au Canada, explique Louise
Langevin. Nous examinerons la Charte canadienne des droits et
des libertés, la jurisprudence canadienne et la législation
élaborée dans d'autres pays. De façon spécifique,
nous ferons une analyse comparative entre les sexes, en nous
demandant dans quelle mesure tel ou tel projet de loi a un effet
négatif sur les femmes." Par exemple, rapporte la
juriste, le nouveau programme d'assurance-emploi pénalise
les personnes qui travaillent à temps partiel et, donc,
désavantage les femmes car ce sont elles qui travaillent
le plus à temps partiel dans notre société.
"C'est comme si le gouvernement n'avait pas évalué
la portée des changements apportés à l'assurance-emploi,
dit Louise Langevin. Avant de mettre sur pied un projet ou de
voter une loi, les responsables devraient se demander dans quelle
mesure le projet affectera les femmes".
Des femmes trop égales
À son avis, le problème vient du fait qu'il
n'existe aucun mécanisme de contrôle quant à
l'analyse comparative des sexes dans les ministères. Dans
cette optique, Louise Langevin croit que la solution réside
dans l'adoption d'une loi-cadre sur l'égalité des
sexes qui forcerait le gouvernement à appliquer l'analyse
comparative entre les sexes et à rendre des comptes sur
la situation des femmes au Canada, et ce, de la même manière
qu'il existe une loi sur le bilinguisme dont on peut mesurer
facilement l'application et les effets.
"Oui, il y a eu des progrès, mais à travail
égal, les femmes gagnent encore 70 % du salaire des hommes,
déplore Louise Langevin. Qu'on pense à la question
de la conciliation travail et famille, à l'absence des
femmes en politique où à la sexualisation du corps
des adolescentes, pour ne citer que ces exemples. De plus, on
coupe dans les programmes sociaux, là où les femmes
comptent pour la majorité. Il y a cette idée que
l'égalité est faite mais c'est faux. Pour certains,
les femmes sont mêmes trop égales!"
Le groupe d'expertes doit remettre son rapport à la ministre
Frulla en novembre. Une histoire à suivre.
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