Apprendre pour mieux vivre
L'éducation postsecondaire demeure
la voie de l'émancipation, affirme Renée Cloutier
Autant aux États-Unis, au Canada qu'en Grande-Bretagne,
les femmes sont majoritaires aux études collégiales
et au 1er cycle universitaire. On pourrait donc penser que l'appartenance
sexuelle n'est plus considérée comme un des enjeux
majeurs des études portant sur la réussite éducative
en enseignement supérieur. Qu'en est-il vraiment et que
nous réservent les années à venir? C'est
ce qu'a tenté de savoir Renée Cloutier, professeure
au Département des fondements et des pratiques en éducation.
Sociologue de formation, Renée Cloutier a livré
les résultats de sa recherche lors du midi-recherche organisé
par la Chaire d'étude Claire-Bonenfant sur la condition
des femmes, le 20 septembre. Pour les fins de cette étude,
la chercheure a choisi 12 articles parus dans des revues scientifiques
canadiennes et américaines en sciences de l'éducation.
Tous les articles sélectionnés cadraient leurs
analyses dans le champ des études féministes, un
choix délibéré de la part de Renée
Cloutier.
"Il y a des gains concernant la progression des femmes en
éducation postsecondaire mais tout n'est pas réglé
pour autant, souligne Renée Cloutier. Par exemple, les
jeunes femmes ne sont pas mieux représentées dans
tous les programmes d'études, ni dans les collèges
et universités élitistes. De même, pour un
niveau de scolarité et de diplôme similaires, les
hommes gagnent encore des salaires plus élevés
que les femmes."
Parmi les facteurs ayant favorisé la progression des femmes
figure une plus grande considération des bons résultats
scolaires dans les politiques d'admission en enseignement supérieur.
Sans compter que les jeunes femmes se montrent moins traditionnelles
que les hommes en ce qui concerne lse stéréotypes
sexuels et les choix de programmes d'études. Ainsi, note
Renée Cloutier, les jeunes hommes vont s'exclure eux-mêmes
de programmes qu'ils jugent trop féminins ou féminisés,
comme par exemple les sciences de l'éducation, alors que
les filles seront davantage portées à explorer
des avenues moins conservatrices.
Des conditions gagnantes
En revanche, certains facteurs freinent les femmes dans leur
montée aux études supérieures. C'est le
cas du travail "invisible", c'est-à-dire les
tâches ménagères et le soin des enfants,
plus souvent qu'autrement le lot des femmes, et qui a des effets
contraignants sur l'insertion professionnelle féminine.
Des arrêts d'étude entre la fin du secondaire et
le début des études collégiales, l'occupation
d'un travail à temps plein constituent d'autres facteurs
défavorables. Mais qu'on soit un homme ou une femme, être
célibataire et ne pas avoir d'enfants sont des conditions
gagnantes qui augmentent les probabilités d'inscription
au collégial.
"Je crois en la nécessité de l'éducation
dans la prise de conscience des inégalités et du
développement des habiletés d'empowerment,
pour les étudiantes et les étudiants qui sont les
premières personnes de leurs familles à fréquenter
le collège ou l'université, affirme Renée
Cloutier. Malgré les imperfections et les contradictions
du système scolaire, je pense que l'éducation postsecondaire
est un espace d'émancipation exceptionnel."
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