Riche expérience en santé internationale
Au printemps et à l'été,
50 étudiantes et étudiants en médecine ont
effectué des stages de plusieurs semaines dans 11 pays
en développement
"J'ai trouvé l'expérience extraordinaire,
unique, mais je ne retournerais pas au Mali comme médecin
parce que je trouverais mon travail un peu difficile pour le
moral. Tu veux faire beaucoup de choses, mais des ressources
très limitées t'en empêchent. Ma copine Catherine,
elle, a eu la piqûre. Un organisme comme Médecins
sans frontières pourrait l'intéresser."
Marie-Claude Beaudoin et Catherine Caron sont toutes deux étudiantes
au préexternat en médecine. Du 10 mai au 9 juillet,
elles ont effectué un stage de type médical à
Bamako, la capitale du Mali. Ce pays d'Afrique de l'Ouest figure
parmi les dix plus pauvres de la planète. Quatre autres
étudiantes étaient du voyage. La Faculté
de médecine, le Bureau international de l'Université
et l'organisme humanitaire Horizon Cosmopolite assuraient l'encadrement
du stage. Les étudiantes ont travaillé en rotation,
deux par deux, dans différents établissements de
santé de la ville. D'abord, dans un petit centre où
l'on prodiguait des soins de base. Ensuite, dans un centre de
référence qui offrait différentes spécialités
comme l'ophtalmologie, la dentisterie ou la chirurgie. Enfin,
dans un centre d'écoute, de soins et d'accompagnement
pour personnes vivant avec le VIH-SIDA. Elles ont aussi passé
quelques jours à un centre de santé situé
dans la brousse.
Parce que c'était la saison des pluies, les stagiaires
ont vu beaucoup de cas de paludisme (malaria). Les infections
et les parasitoses étaient monnaie courante. Les femmes
et les enfants constituaient la majorité de la clientèle.
"Injections, vaccination, soins de plaies, observation en
salle d'opérations, et cætera, nous avons
touché à tout, explique Marie-Claude Beaudoin.
Notre but principal était d'acquérir des connaissances
médicales qui nous permettraient d'avoir une vision globale
des soins de santé dans ce pays."
Des différences majeures
Selon Marie-Claude Beaudoin, la pauvreté est telle
au Mali que les intervenants de la santé ont des contraintes
que les stagiaires n'avaient jamais eues. "Au Québec,
indique-t-elle, nous avons de nombreux moyens diagnostiques avec
toutes sortes de possibilités. Là-bas, le médecin
fait rarement des prises de sang." Au Mali, le dossier médical
se résume, à peu de choses près, au carnet
de vaccination des femmes enceintes et des jeunes enfants. "Les
médecins, précise-t-elle, tentent de faire le suivi
médical, mais les gens ne reviennent pas." Selon
l'étudiante, le fait, dans ce pays, de payer pour recevoir
des soins de santé, enferme la population dans un cercle
vicieux. "Souvent, dit-elle, une personne pauvre attendra
longtemps avant de se présenter à un centre de
santé. Or, plus elle sera malade, plus elle aura besoin
de soins qui, en bout de ligne, coûteront plus cher que
si elle s'était présentée plus tôt."
Une conception différente de la douleur ainsi que la lenteur
de fonctionnement dans les établissements de santé
ont exigé de gros ajustements de la part des stagiaires.
"Au Québec, souligne Marie-Claude Beaudoin, l'analgésie
est tellement importante : tout est fait pour que le patient
ne ressente pas de douleur. Au Mali, avoir mal lorsqu'on est
malade est considéré, jusqu'à un certain
point, comme une chose normale. Nous avons trouvé cette
différence difficile à accepter. Quant à
la lenteur du système, cela nous frustrait au début.
Nous sommes habituées à ce que ça aille
vite. Des patients pouvaient attendre longtemps sans aucune raison
valable. Là-bas, on prend son temps. Mais les choses finissent
par se faire." Un horaire allégé, en raison
de la chaleur très élevée, a permis aux
étudiantes de se mêler davantage que prévu
à la communauté. "Les Maliens sont accueillants
et chaleureux, explique Marie-Claude Beaudoin. Il y avait toujours
quelqu'un pour vous remonter le moral dans les moments difficiles.
Si j'avais une chose à retenir de mon stage, c'est le
fait que ces gens n'ont rien, mais qu'ils sont d'une générosité
incroyable."
Quatre continents
Les six stagiaires faisaient partie d'un contingent de 50
étudiantes et étudiants au préexternat de
médecine à avoir quitté le Québec
en mai ou en juin pour des stages d'immersion d'une durée
de huit à dix semaines dans des pays en développement.
Les destinations étaient, outre le Mali, le Honduras,
l'Équateur, Cuba, le Sénégal, le Burkina
Faso, le Congo, le Liban, l'Inde, la Chine et la Polynésie
française. En santé communautaire, les stagiaires
ont travaillé notamment dans des orphelinats et des cliniques
médicales, ainsi qu'à des campagnes de prévention,
par exemple sur le VIH-SIDA. Au niveau clinique, les étudiants
ont participé, entre autres, à la vaccination dans
les villages. Ils ont également soigné des plaies,
fait l'examen physique de patients et pris part activement à
des accouchements. Cet automne, douze autres stagiaires partiront
ou sont déjà partis à destination de l'Inde,
de la Chine et de Cuba. Leur encadrement est assuré par
la Faculté de médecine, le Bureau international
de l'Université et divers partenaires. En huit ans, la
Faculté est passée annuellement de cinq à
une soixantaine de stagiaires à l'international dans un
milieu en développement. La flexibilité du doctorat
en médecine permet la réalisation de tels stages.
Bien intégrés à la formation, ils ont pour
objet d'inculquer à l'étudiant une nouvelle culture
médicale ouverte à l'international et aux besoins
de populations défavorisées de l'hémisphère
Sud.
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