À bout de souffle
Une intervention servant à prévenir
un problème respiratoire chez le nouveau-né se
révèle inefficace
Une procédure médicale pratiquée au moment
de l'accouchement pour réduire les risques d'étouffement
de l'enfant s'avère inefficace et elle pourrait même
comporter certains risques pour la mère. C'est ce qu'affirme,
dans le numéro du 1er septembre du New England Journal
of Medicine, une équipe internationale de chercheurs
dont font partie Lucile Turcot-Lemay, Sylvie Marcoux et Louise
Laperrière, de la Faculté de médecine.
Les chercheurs ont testé l'effet de l'injection d'une
solution saline dans le ventre de femmes qui présentaient
du méconium dans leur liquide amniotique. Le méconium
est la matière pâteuse qui s'accumule dans l'intestin
du foetus pendant la grossesse et qui forme la première
selle du nouveau-né. L'aspiration de liquide contenant
du méconium peut obstruer les voies respiratoires du nouveau-né
et causer de sérieux problèmes lors de l'accouchement,
estimaient les médecins. Le problème est relativement
courant puisque entre 7 et 22 % des femmes ont du méconium
dans leur liquide amniotique et que le syndrome d'aspiration
du méconium frappe jusqu'au tiers de ces femmes.
Pour prévenir ce syndrome, certains médecins préconisent
l'injection d'une solution saline (amnioinfusion) dans la cavité
amniotique de la mère après le début des
contractions. Cette approche semblait donner de bons résultats,
mais toutes les études réalisées jusqu'à
présent portaient sur un petit nombre de patientes. Pour
tirer l'affaire au clair, l'équipe à laquelle sont
associées les trois chercheures de l'Université
ont évalué l'efficacité de la procédure
grâce au concours de 1 998 femmes qui ont accouché
dans 56 centres hospitaliers de 13 pays.
Les chercheurs n'ont découvert aucune différence
dans l'incidence du syndrome d'aspiration de méconium
ni dans le taux de mortalité entre les femmes qui ont
reçu une injection saline et celles du groupe témoin.
Par ailleurs, ils ont noté que l'amnioinfusion semblait
associée à des problèmes utérins
et à des saignements chez une partie des patientes. L'absence
d'avantages procurés par la procédure et les risques
qui pourraient y être associés conduisent les chercheurs
à conclure que "l'amnioinfusion ne devrait pas être
recommandée pour prévenir le syndrome d'aspiration
du méconium".
La démonstration des chercheurs laisse la médecine
dépourvue devant ce syndrome puisque les autres interventions
préconisées - l'intubation et la succion des voies
respiratoires - ne semblent pas donner davantage de résultats.
L'étude qui vient de paraître apportera de l'eau
au moulin à ceux qui doutent que l'aspiration de méconium
soit la véritable cause de ce type de problèmes
respiratoires chez le nouveau-né.
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