
Bob Rae: "Investir dans l'éducation est
un acte profondément démocratique"
"Geler, c'est facile. Dégeler, c'est difficile.
C'est le problème auquel vous faites face au Québec
quand il est question de frais de scolarité", a souligné
Bob Rae, lors de la rencontre annuelle des administrateurs et
administratrices de l'Université qui a eu lieu le 18 août
au pavillon La Laurentienne. Selon l'ancien premier ministre
de l'Ontario, auteur d'un rapport sur l'enseignement supérieur
dans cette province publié en février dernier,
le gel des frais de scolarité ne constitue pas la solution
miracle pour garantir l'accessibilité aux études
universitaires, loin de là. Il serait même un frein
au développement des institutions sur le plan de la qualité
de l'enseignement et des outils technologiques.
"Les gouvernements doivent augmenter les prêts et
bourses et, de façon générale, se montrer
plus généreux envers les étudiants, a indiqué
le conférencier. Je crois qu'aucun étudiant ne
devrait être empêché d'entreprendre des études
postsecondaires pour des raisons d'ordre financier. Le droit
à l'éducation est sacré, quel que soit le
revenu dont on dispose."
S'il convient qu'investir dans la santé et la sécurité
est important, Bob Rae répète que les gouvernements
doivent saisir la nécessité d'investir dans l'éducation
pour le développement de la société. À
l'instar du premier ministre de Grande-Bretagne, Tony Blair,
qui indiquait récemment que sa priorité tenait
en trois mots, "Education, education, education", Bob
Rae demeure convaincu que l'éducation est la voie royale
menant à la prospérité pour la société.
Et comme il est plus facile de faire avancer la justice sociale
dans un pays riche que dans un pays pauvre, pour ne citer que
cet exemple, quel gouvernement peut se permettre de ne pas se
soucier de la prospérité économique de son
pays?
Selon Bob Rae, les problèmes sont devant nous, et non
derrière. Il ne sert donc à rien de regarder dans
le rétroviseur, mais il faut saisir les enjeux actuels
et travailler à construire le futur. Faisant allusion
aux conséquences du déclin démographique
qui touchera le Canada dans les prochaines années, le
conférencier insiste sur le fait que la capacité
d'innovation et de changement constitue la clef de voûte
de l'édifice social.
Un acte démocratique
"Regardons ce qui se passe dans les grandes universités
en Chine, en Inde, au Brésil. Nous voyons un changement
d'attitude de la part des gouvernements de ces pays qui ont saisi
l'importance d'investir dans l'éducation et la recherche
pour assurer leur avenir. Et nous, où serons-nous dans
dix ans? Comment faire face à la concurrence de plus en
plus forte? Pour moi, investir dans l'éducation est non
seulement une nécessité mais un acte profondément
démocratique pour l'ensemble des citoyens."
Selon Bob Rae, les universités doivent se pencher sur
la spécificité de leur mission et se pencher sur
les aspects qui les différencient des autres établissements.
Ce n'est qu'à ce prix qu'elles pourront rejoindre les
meilleures, grâce à une connaissance accrue de leur
potentiel. Une chose est certaine, a enfin rappelé Bob
Rae. "À travers les embûches et les difficultés
qu'elles traversent, les universités ne doivent jamais
perdre de vue l'excellence."
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