
Pour plus de démocratie et de progrès
L'Organisation des États américains
doit restaurer la crédibilité des Sommets des Amériques
Le processus des Sommets des Amériques, qui avait commencé
sous des auspices très favorables il y a une dizaine d'années
au moment de sa création par l'Organisation des États
américains (OÉA), n'a pas répondu aux attentes.
Le quatrième Sommet, qui se tiendra cet automne à
Mar del Plata, en Argentine, se doit de restaurer la crédibilité
de ce processus en s'attaquant directement aux menaces qui affectent
la démocratie et les progrès sociaux dans certains
des pays membres de l'OÉA. Atteindre ce but passe par
la mise en application pleine et entière de la Charte
démocratique interaméricaine adoptée en
2001. Il faut aussi identifier les mécanismes qui permettraient
une véritable mobilisation des ressources dans le contexte
de l'intégration économique en cours. On doit également
établir des priorités dans le cadre de la réforme
et du renforcement en cours des institutions régionales.
Tel est, pour l'essentiel, le contenu du communiqué final
émis le 3 juin dernier à Fort Lauderdale, en Floride,
par la trentaine de participants à une "table ronde"
tenue par le Forum académique des Amériques dans
le cadre de la 35e session régulière de l'assemblée
générale de l'OÉA. Le Forum est un regroupement
de chercheurs dont le secrétariat est établi au
Centre d'études interaméricaines de l'Institut
québécois des hautes études internationales
de l'Université Laval. Les participants provenaient du
monde académique de plusieurs pays dont le Canada, les
États-Unis, le Mexique, le Costa Rica et le Brésil.
Leur communiqué a fait l'objet d'une présentation
devant l'ensemble des ministres des affaires étrangères
des 34 pays membres de l'OÉA.
"La situation de quasi-coup d'État qui sévissait
alors en Bolivie a influencé les débats, explique
Gordon Mace, professeur titulaire au Département de science
politique et directeur du Centre d'études interaméricaines.
Elle a amené les participants à revenir avec plus
de force sur la notion de respect de la démocratie."
Il rappelle que la Bolivie et récemment l'Équateur
font face à des inégalités et à une
pauvreté particulièrement aiguës. "Le
communiqué, ajoute-t-il, disait aux ministres que, malgré
les Sommets tenus depuis 1994, les États membres n'ont
toujours pas réussi à définir des politiques
régionales qui permettraient d'atténuer ces problématiques."
Des propositions pertinentes
Dans leur communiqué, les chercheurs ont recommandé,
entre autres, la création d'une agence indépendante
pour la surveillance de l'évolution de la démocratie.
"L'agence avertirait les gouvernements avant qu'ils n'aillent
trop loin dans les manquements relatifs à la gouvernance
démocratique et aux droits de la personne", indique
Gordon Mace. Selon lui, l'intégration économique
constitue la condition sine qua non de tout changement
en profondeur. "Si on veut qu'il y ait plus de coopération
dans les domaines de la démocratie, de l'éducation
ou de la sécurité, il faut, à la base, l'intégration
économique comme pierre angulaire." Face à
la stagnation des budgets et à l'augmentation des mandats
lors des Sommets, les chercheurs requièrent davantage
de fonds pour faire avancer les choses. "Dans ce but, souligne
Gordon Mace, nous avons demandé que les ministres des
Finances des pays membres se réunissent entre les Sommets
pour actualiser les mandats. Il est important qu'il y ait une
meilleure coordination entre eux et le reste de la structure."
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