
"Le temps de prendre est arrivé"
Hélène Pedneault souhaite une
présence accrue des Québécoises en politique
parce que c'est une question de démocratie appliquée
"Si les femmes constituent 50 % de la population du Québec,
elles devraient être 50 % à siéger en politique.
Il ne s'agit pas de radicalisme, mais plutôt de démocratie
appliquée. La véritable parité, elle est
là et pas ailleurs." N'ayant pas l'habitude de mâcher
ses mots, l'écrivaine engagée qu'est Hélène
Pedneault n'a pas dérogé à la règle,
le 15 juin, alors qu'elle a livré un discours des plus
convaincants dans le cadre du colloque interdisciplinaire "Féminisme
et institutions démocratiques" qui a eu lieu à
l'Université du 12 au 18 juin. Pour la vice-présidente
du Conseil de la souveraineté du Québec, "le
temps de prendre est arrivé", comme disait Jacques
Michel dans sa chanson Un nouveau jour va se lever. "C'est
un nombre significatif de femmes en politique qui va changer
les choses et non pas une minorité, comme c'est le cas
présentement."
Lorsqu'elle entend l'exemple classique de l'ex-première
ministre britannique Margaret Thatcher pour illustrer qu'une
femme au pouvoir ne fait pas mieux qu'un homme, sinon pire, Hélène
Pedneault rue dans les brancards: "On ne parle jamais de
femmes comme la première ministre de Norvège, Madame
Brundtland, dont les trois mandats consécutifs ont fait
avancer les choses comme jamais auparavant dans ce pays. En arrivant
au pouvoir, son premier geste a été justement de
nommer un nombre égal d'hommes et de femmes dans son parti."
Le pouvoir, connais pas
Mais pour régler le problème du déficit
en politique, encore faut-il que les femmes elles-mêmes
décident de faire le saut dans l'arène. Si elles
dirigent des syndicats et des fédérations, en plus
d'être nombreuses sur la scène municipale, les femmes
demeurent réticentes à vouloir jouer un rôle
à l'avant-scène, là où les grandes
décisions se prennent. Préfèreraient-elles
être des satellites plutôt que des planètes?
Seraient-elles plus à l'aise dans l'opposition qu'au pouvoir?
Sont-elles trop peureuses, trop lucides ou encore trop exigeantes?
"Les femmes devraient faire preuve d'un peu moins de prudence
et avoir davantage le sens du risque", croit Hélène
Pedneault, pour qui l'autonomie des femmes va de pair avec l'indépendance
du Québec, avec tout ce que ce projet devenu réalité
comporterait de stimulant pour l'avenir de la société
québécoise.
"Dire oui au pays, c'est parler. Dire non, c'est se taire",
estime la souverainiste. De toute façon, les Québécoises
n'ont rien à perdre avec un oui. Déjà qu'elles
sont les plus pauvres au Canada et qu'elles gagnent encore 70
% du salaire des hommes Alors, où est le problème?
"La discrétion des femmes sur le projet de pays est
consternante et harassante", constate Hélène
Pedneault qui déplore l'absence de modèles féminins
pour les jeunes femmes ("Où sont les Pauline Julien
et les Lise Payette?") Devant ce vide, vers où se
tourner sinon vers soi-même si on a le goût de faire
avancer les choses? "Il faut être persuadée
de sa propre importance en tant que femme", avance Hélène
Pedneault. Une chose est certaine: l'équilibre de la planète
a besoin de la vision complémentaire des hommes et des
femmes. Aux plans social et environnemental, nous sommes à
un tournant. Je le répète: la politique a besoin
d'hommes et de femmes. Cela ne signifie pas que les femmes feront
mieux, mais au moins, nous bénéficierons de deux
visions différentes."
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