
50 ans de génie mécanique
Une fête souligne les réalisations
de ce département rodé au quart de tour et qui
a formé 3 600 diplômés
"Qu'un département de génie mécanique
soit organisé à la Faculté des sciences
et que M. Louis-Philippe Bonneau en soit le directeur".
C'est par cette recommandation laconique, tirée du procès-verbal
de l'Assemblée du Conseil universitaire du 24 novembre
1954, que le Département de génie mécanique
a vu le jour à l'Université Laval. Cinquante ans
et 3 600 diplômés plus tard, personne ne pourrait
deviner par le ton neutre de cette résolution que la création
de ce département a été arrachée
de haute lutte par le doyen de la Faculté des sciences
et de génie (FSG) de l'époque, Adrien Pouliot,
et par le premier directeur du département, Louis-Philippe
Bonneau. Pour les quelque 80 employés retraités
ou actifs et étudiants qui s'étaient réunis
le 11 juin pour célébrer le demi-siècle
de leur département, ces débuts tumultueux constituent
une source supplémentaire de fierté.
Lors de cette soirée commémorative, l'actuel doyen
de la FSG, Jean-Baptiste Sérodes, a rappelé, citant
les travaux de l'historienne des sciences Danielle Ouellet, que
le Département de génie mécanique était
un autre élément clé du projet entrepris
par Adrien Pouliot de doter l'Université Laval d'une faculté
moderne d'enseignement des sciences et de génie pour le
bénéfice de la société québécoise.
À l'époque, la sous-scolarisation des francophones
était inquiétante; à peine 63 % des élèves
terminaient leur septième année. Le système
d'éducation était sous-financé, élitiste
et sexiste. En 1946, Adrien Pouliot organise une campagne de
lobbying auprès des membres du gouvernement du Québec
afin "de préparer des spécialistes canadiens-français
en génie mécanique" et "de corriger la
situation extrêmement défavorable de nos compatriotes
dans la direction de l'industrie mécanique de demain".
Le recteur de l'époque, Mgr Vandry, lui refuse les crédits
nécessaires pour créer ce nouveau département,
car selon lui, la FSG a déjà reçu plus que
sa part. "Adrien Pouliot met sur pied une commission pour
étudier la question du génie mécanique,
a rappelé le doyen Sérodes. Fin stratège,
il s'assure, en outre, une contribution financière du
gouvernement et fait comparaître des gens dont il s'est
assuré l'appui. Oh surprise! La commission recommande
la création d'un département de génie mécanique!
De guerre lasse, les autorités de l'Université
donnent le feu vert au projet puisque c'est le gouvernement qui
paye." Après huit années de travail, le Département
de génie mécanique voit le jour.
Une machine bien rodée
Depuis, le Département a formé 3 185 diplômés
au baccalauréat, 395 diplômés à la
maîtrise et 111 diplômés au doctorat, sans
compter les 33 diplômés à la maîtrise
en génie aérospatial et les 136 diplômés
de 2e cycle en génie industriel, a souligné l'ancien
directeur, Dinh Nguyen. Évidemment, la formation a changé
considérablement depuis les débuts, a-t-il poursuivi,
rappelant qu'en 1955, la règle de calcul était
l'outil de travail quotidien des étudiants!
Le Département a pris un visage plus féminin avec
le temps. Claire Deschênes peut en témoigner.
Née la même année que le département,
elle en est devenue la première étudiante au bac
en 1974, la première bachelière en 1977 (avant
elle, Andrée Laboisse avait obtenu une maîtrise
en 1973) et la première professeure en 1989. "Aujourd'hui,
il y a 72 étudiantes au premier cycle (13 %), 12 à
la maîtrise (19 %) et 6 (17%) au doctorat", a souligné
Claire Deschênes, qui dirige la Chaire CRSNG/Alcan pour
les femmes en sciences et génie au Québec.
La recherche aussi a fait un bond prodigieux. Plutôt marginales
dans les années 1950, les activités de recherche
occupent maintenant une part importante de la tâche des
22 professeurs du département. Le montant annuel des subventions
et contrats de recherche atteint maintenant 3 millions de dollars
et une centaine d'étudiants sont inscrits à la
maîtrise ou au doctorat.
Entre 130 et 140 nouveaux étudiants s'inscrivent chaque
année en génie mécanique, rappelle l'actuel
directeur du Département Jean Lemay. "C'est le programme
de génie qui attire le plus d'étudiants. Au Québec
d'ailleurs, entre 30 % et 40 % des ingénieurs sont des
diplômés en génie mécanique. Le taux
de placement des finissants était excellent dans les années
1950 et il l'est toujours aujourd'hui. L'éventail des
matières qu'on couvre est très large de sorte qu'on
retrouve nos diplômés dans toutes les sphères
d'activités."
"Le Département de génie mécanique
constitue sans conteste un organe vital de la Faculté
des sciences et de génie, a souligné le doyen Sérodes.
À l'image du moteur d'une voiture ou d'une machine, c'est
un département qui "ronronne". Fait notable,
ses composantes uniques, fiables, performantes et durables, lui
ont toujours assuré un développement continu et
stable.".
 |
|