
La richesse passera par les femmes
Selon Nicole Lacasse, c'est dans un contexte
mondial que l'entrepreneuriat féminin doit développer
son plein potentiel
Les femmes entrepreneures ont beau avoir fait beaucoup de
chemin depuis 30 ans, il n'en demeure pas moins que le capital
féminin continue d'être sous-valorisé et
sous-estimé. C'est l'un des constats faits par Nicole
Lacasse, professeure au Département de management, qui
participait, avec sa collègue Lise Chrétien, à
la première mission économique exclusivement féminine
de la Chambre de commerce de Québec, dans le cadre de
l'événement "Femmes en affaires: en route
vers des partenariats" qui a eu lieu récemment à
Liège, en Belgique.
"Aux États-Unis, de 1997 à 2004, le nombre
d'entreprises féminines de plus de 100 employés
s'est accru de 44 %, ce qui représente presque le double
de la moyenne nationale, a révélé Nicole
Lacasse. Au Canada, en 1997, les femmes canadiennes étaient
à la tête de quelque 700 000 entreprises donnant
du travail à 1,7 million de personnes. De même,
les statistiques montrent que les PME appartenant à des
femmes enregistrent un taux de croissance plus rapide que l'économie
dans son ensemble."
Dans le domaine du commerce international, les choses se corsent.
Les femmes se heurtent à plusieurs obstacles, dont l'accès
aux marchés, l'exclusion des réseaux et la taille
de l'entreprise, les PME féminines n'atteignant souvent
pas la taille critique pour passer à l'exportation. La
persistance de pratiques discriminatoires et les responsabilités
familiales constituent d'autres obstacles à l'internationalisation
des entreprises féminines. Par exemple, en 2000, 45 %
des PME canadiennes appartenaient à des femmes. Toutefois,
le pourcentage de celles qui font du commerce international ne
dépasse pas 10 %.
Des approches différentes
"Là où le bat blesse, c'est que les femmes
manquent de formation pour aborder les marchés étrangers,
note Nicole Lacasse. Cela dit, pour que ça fonctionne,
elles doivent investir à tout prix dans les technologies
de l'information. Après les économies agricoles,
industrielles et de services, nous voilà maintenant à
l'ère de l'économie du savoir. L'essentiel de l'activité
économique ne consiste plus à produire et à
accumuler des objets mais à émettre et à
traiter des flux d'information, canalisés par les autoroutes
numériques."
Par ailleurs, les femmes siégeant aux conseils d'administration
des entreprises se comptent encore sur les doigts de la main.
Tant et si bien qu'au rythme où vont les choses aux États-Unis,
c'est-à-dire une progression de 0,5 % par an des femmes,
elles finiront par occuper 50 % des sièges des conseils
d'administration à la fin du siècle!
Selon Nicole Lacasse, le plein développement du potentiel
de l'entrepreneuriat féminin constitue un enjeu majeur
pour la croissance de l'économie dans le contexte mondial.
"Les femmes en affaires créent non seulement des
emplois et de la richesse, mais elles mettent aussi en place
des approches différentes en matière de gestion
et d'organisation de leur entreprise", dit la professeure.
Malheureusement, les femmes se battent encore pour obtenir le
même salaire que les hommes. Aux États-Unis, en
2004, une femme travaillant à temps plein pour un même
emploi et avec une expérience égale gagnait 76
% du salaire d'un homme. Cet écart équivaut à
environ 500 000 $ pour la durée normale d'une carrière.
À quand l'équité salariale?
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