
Une fête à la mesure des efforts consentis
Quelque 10 000 personnes ont assisté
aux cérémonies de collation des grades les 11,
12, 18 et 19 juin au Stade couvert du PEPS
"Je ressens un sentiment d'accomplissement. Et la cérémonie
était vraiment bien. J'ai été surprise,
je ne m'attendais pas à ça. C'est une belle façon
de souligner la fin des études." Nul doute qu'Audrey
Dallaire (baccalauréat en nutrition) gardera un beau souvenir
de sa collation de grades. La cérémonie, qui honorait
206 diplômées et diplômés de la Faculté
des sciences de l'agriculture et de l'alimentation, et de la
Faculté de foresterie et de géomatique, s'est déroulée
dans l'avant-midi du dimanche 12 juin au Stade couvert du PEPS.
Luc Traversy (bac en aménagement et environnement forestiers)
y était. "Je suis très heureux, a-t-il dit.
C'est une belle ambiance, un beau décorum. Après
toutes ces années d'efforts, je suis fier de ce que j'ai
accompli." Même réaction chez Audrey Lefebvre
(bac en géographie), qui s'est dite honorée de
la présence d'aussi nombreux dignitaires. "Ils sont
ici pour nous, c'est vraiment spécial." Luc Rollin
(bac en sciences et technologie des aliments) ressentait une
fierté toute particulière. "Mon diplôme
représente une grande valeur parce que je suis le premier
dans ma famille à décrocher un diplôme universitaire.
J'en remercie mes parents. Je vais poursuivre mes études
à la maîtrise."
Audrey Dallaire, Luc Traversy, Audrey Lefebvre et Luc Rollin
figurent parmi les 2 752 étudiantes et étudiants
à avoir participé cette année aux séances
de collation des grades. Ces étudiants représentent
environ le tiers de l'ensemble des diplômés de l'année
académique 2004-2005 (été, automne, hiver),
les deux tiers d'entre eux étant des femmes. La
collation des grades est un événement majeur par
lequel l'Université souligne avec faste la fin d'un cycle
d'études chez ses étudiantes et étudiants.
Cette célébration de la réussite a lieu
annuellement, au mois de juin, dans l'immense Stade couvert du
PEPS. La remise des diplômes nécessite sept cérémonies
distinctes qui se déroulent sur deux fins de semaine consécutives.
Avec les parents, conjoints, enfants et amis sur place, sans
oublier les dignitaires, on estime qu'environ 10 000 personnes
ont assisté aux cérémonies qui se sont tenues,
cette année, les 11, 12, 18 et 19 juin.
Un spectacle impressionnant
En cette matinée du 12 juin, la vaste salle décorée
des grandes bannières aux couleurs institutionnelles se
remplissait peu à peu au son du fameux et solennel Pomp
and Circumstance, d'Edward Elgar. Des enfants en bas âge
aux aînés vénérables, tous les groupes
d'âges étaient représentés. Puis,
les diplômés, revêtus de la toge noire attachée
d'une boucle rouge, ont fait leur entrée. L'un derrière
l'autre, ils se sont rendus au centre de la salle, à la
place qui leur avait été assignée. Derrière
le cordon de sécurité, de nombreux parents, conjoints
et amis photographiaient ou filmaient au passage qui leur enfant,
qui leur conjoint(e), qui leur ami(e). Certains envoyaient la
main, d'autres tenaient un bouquet de fleurs. Tous souriaient.
L'émotion était palpable. La joie était
au rendez-vous. Lorsque le défilé des dignitaires
s'est mis en branle, Edward Elgar a cédé la place,
dans les hauts parleurs, à Georg Friederich Haendel et
à sa Music for the Royal Fireworks. L'étudiante
Véronique Brassard (bac en génie alimentaire) a
eu l'honneur d'ouvrir le défilé. Elle portait la
masse de l'Université, laquelle symbolise l'autorité
en vertu de laquelle l'Université confère les grades
universitaires.
Dans son allocution, le recteur Michel Pigeon a souligné
que la cérémonie marquait "l'aboutissement
d'années d'efforts et de persévérance".
"Les compétences que vous avez développées
au cours de vos études, a-t-il ajouté, sont un
acquis sur lequel vous pourrez vous appuyer toute votre vie."
Joël de la Noüe et Marc J. Trudel, tous deux de la
Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation,
ont été proclamés "professeur émérite"
de l'Université Laval. Le recteur a ensuite procédé
à la remise des diplômes. Élisabeth Fortier,
récipiendaire du Prix du Lieutenant-gouverneur du Québec
(voir article ci-après), a reçu son diplôme
de premier cycle en agronomie. Le recteur Pigeon a également
décerné un doctorat en sciences de l'agriculture
honoris causa à Édouard Brochu, agronome
et spécialiste de la microbiologie alimentaire. Le récipiendaire
a revêtu l'épitoge et signé le Livre d'or
de l'Université. "Pendant quelque 70 ans, a rappelé
ce dernier, j'ai consacré mes efforts à diffuser
mes connaissances en développement constant sur le rôle
des bactéries lactiques dans la répression des
micro-organismes nuisibles ou pathogènes, la protection
du système digestif des humains et des animaux, la prévention
des maladies infectieuses, et leur utilisation comme probiotiques
et nutraceutiques."
Prenant la parole à son tour, Marc Pelchat, doyen de la
Faculté des études supérieures, a notamment
déclaré: "Le domaine du savoir que vous maîtrisez
maintenant vous permettra, sur votre terrain d'intervention,
et dans un monde de plus en plus complexe, de faire émerger
de ce dialogue avec d'autres domaines du savoir une vision renouvelée
du monde." La cérémonie a pris fin par le
défilé de clôture tandis que jouait la version
instrumentale de l'hymne de l'Université Laval, Savoir
et beauté.
Simplicité et profondeur
L'après-midi du même jour, 411 étudiantes
et étudiants de la Faculté des sciences et de génie,
dont 22 au doctorat, ont reçu leur diplôme des mains
du recteur. Ce dernier a également décerné
un doctorat ès sciences honoris causa au physicien
américain d'origine française Gérard A.
Mourou, directeur du Centre for Ultrafast Optical Science de
l'Université du Michigan. Dans son discours, ce dernier
a rappelé qu'Albert Einstein "a su, comme nul autre,
à partir de constatations simples, tirer des conclusions
aussi profondes que fondamentales". "Einstein disait
que le jour le plus important de sa vie était celui où
il avait réalisé, assis dans son bureau d'inspecteur
de brevets à Berne, que lorsqu'on tombait de façon
libre, on ne sentirait pas son poids, a relaté Gérard
A. Mourou. De cette simple constatation, il en tirait la relativité
générale."
Pierre Ardouin et Gilles-Y. Delisle, tous deux de la Faculté
des sciences et de génie, ont été proclamés
"professeur émérite" de l'Université
Laval. Quant à Sophie Baillargeon (maîtrise en statistique)
et Mélanie Morneau (bac en biochimie), elles ont reçu
respectivement la Médaille d'or et la Médaille
d'argent de la Gouverneure générale du Canada.
Le jour précédent, au cours de la première
séance de collation des grades, Michel Pigeon avait décerné
524 diplômes à autant de finissantes et de finissants
des facultés de Médecine, de Médecine dentaire,
de Pharmacie, des Sciences infirmières et de la Faculté
des études supérieures. On comptait 15 finissants
au doctorat parmi eux. Durant la cérémonie, Hans-Wolfgang
Ackermann, de la Faculté de médecine, a été
proclamé "professeur émérite"
de l'Université Laval. L'Américain Samuel Franklin
Dworkin, psychologue, orthodontiste et clinicien chercheur, a
pour sa part reçu un doctorat honorifique ès sciences.
"Vous entrez sur le marché du travail alors que le
domaine de la santé se voit confronté à
des défis énormes et à de grandes promesses,
a-t-il expliqué aux finissantes et aux finissants. Dans
les laboratoires américains et canadiens, les chercheurs
en génie tissulaire et en science biomédicale pourront,
d'ici quelques années, produire de nouvelles dents ou
de nouveaux curs. Les avancées en neurosciences du comportement
sont également très prometteuses. On pourra étudier
en détail la façon dont le cerveau régit
notre vie émotionnelle, en relation avec nos maladies
et notre santé."
Penser et faire autrement
La deuxième fin de semaine de collation des grades
a pris son envol, le samedi 18 juin, en présence de 350
finissantes et finissants de la Faculté des sciences de
l'administration. Quatre nouveaux "Ph.D." faisaient
partie du groupe. L'étudiant Benoît Larouche (bac
en administration des affaires profil international), récipiendaire
du prix Mérite Hermès, a ouvert le défilé
des dignitaires en portant la masse de l'Université.
Le fait saillant de cette cérémonie tenue en matinée
a été la remise d'un doctorat en sciences de l'administration
honoris causa à Gilles Paquet, président
de la Société royale du Canada, professeur émérite
de l'Université d'Ottawa et diplômé de l'Université
Laval. "Si j'avais à identifier la chose la plus
importante reçue de mon éducation à Laval,
a-t-il dit, ce serait l'incitation à penser et à
faire autrement. L'incitation à faire de la marine en
long, comme l'écrivait Marcel Pagnol dans Marius.
Il s'agit d'une forme imprudente de marine qui, contrairement
à la marine en large, explore, se dépasse, va au
bout du monde et en rapporte toutes sortes de denrées
nouvelles. Pour faire ce type de marine, il faut un brin d'arrogance,
beaucoup de travail, de l'imagination et une rigueur de tous
les instants."
Dans le cours de la cérémonie, le professeur Jean-Marie
Gagnon, de la Faculté des sciences de l'administration,
a été proclamé "professeur émérite"
de l'Université Laval. Isabelle Plante (maîtrise
en administration des affaires management) et Marie-Claude
Drouin (bac en administration des affaires) ont reçu respectivement
la Médaille d'or et la Médaille d'argent de la
Gouverneure générale du Canada.
L'après-midi du 18 juin a permis à 431 étudiantes
et étudiants, dont 16 nouveaux Ph.D., de recevoir leur
diplôme des mains du recteur Pigeon. La Faculté
de droit, la Faculté des sciences sociales, la Faculté
des études supérieures et l'Institut québécois
des hautes études internationales étaient à
l'honneur. Nabil N. Antaki, François Frenette et Patrice
Garant, de la Faculté de droit, ainsi que Fernand Morin
et Robert Rousseau, de la Faculté des sciences sociales,
ont été proclamés "professeur émérite"
de l'Université Laval. Valentina Gueorguieva (doctorat
en sociologie) s'est vue remettre la Médaille d'or de
la Gouverneure générale du Canada. Et le cinéaste
et producteur Arthur Lamothe, pionnier du cinéma ethnographique,
a reçu un doctorat honorifique en sciences sociales.
Après avoir rendu hommage à plusieurs des Innus
qu'il a filmés, Arthur Lamothe a souligné que les
plus anciens d'entre eux étaient dépositaires "de
trésors merveilleux". "Ces récits incroyables,
a-t-il indiqué, mettent des Innus aux prises avec des
êtres perfides et anthropophages. Dans leurs combats, les
Innus, soutenus par le géant Mistapéo, en sortent
toujours triomphants. Et que dire des légendes qui racontent
l'origine mythique des saisons?" Selon lui, le merveilleux
innu doit, au même titre que les combats de Josué
à Jéricho, les légendes arthuriennes et
la Divine Comédie de Dante, faire partie du trésor
culturel de l'humanité.
Développer une culture de dialogue
Quatre cents finissantes et finissants, dont onze nouveaux
Ph.D., ont envahi le Stade couvert dans la matinée du
dimanche 19 juin. La séance était consacrée
aux facultés de Philosophie, des Sciences de l'éducation,
de Théologie et de Sciences religieuses, et des Études
supérieures, ainsi qu'à la Direction du baccalauréat
multidisciplinaire. Deux professeurs de la Faculté des
sciences de l'éducation ont été proclamés
"professeur(e) émérite" de l'Université
Laval, soit Pierre W. Bélanger et Danielle Riverin-Simard.
Quant à l'humaniste Federico Mayor, il a reçu un
doctorat en philosophie honoris causa des mains du recteur.
Dans son discours (voir l'encadré en ces pages), cet ancien
directeur général de l'UNESCO a insisté
sur le rôle de la philosophie dans le monde moderne et
sur l'importance de développer une culture de dialogue,
de conciliation et de vie.
Soulignons que Martine Plante (bac en éducation au préscolaire
et en enseignement au primaire) a reçu le prix Jules-Dumas.
Jean-François Maheux (bac en enseignement secondaire mathématiques-chimie)
a mérité le Prix de l'Association mathématique
du Québec et du Groupe des responsables de la mathématique
au secondaire. Quant à Jeanne Samson (bac en intervention
sportive), Isabelle Gaudreau et Olivier Couture (bac en enseignement
de l'éducation physique et à la santé),
ils ont tous trois reçu le Prix de la Fondation Strathcona.
L'ultime séance de collation des grades réunissait
les facultés d'Aménagement, d'Architecture et des
Arts visuels, des Lettres, de Musique et des Études supérieures.
Le recteur a remis 430 diplômes à cette occasion,
dont 13 nouveaux doctorats. Il a aussi présenté
le quatorzième et dernier professeur émérite
de la collation des grades 2005: Anna-Marie Globenski, de la
Faculté de musique. Enfin, il a remis un doctorat honorifique
en musique à René Dupéré, musicien
et compositeur rendu célèbre par ses nombreuses
collaborations avec le Cirque du Soleil. Ce diplômé
de l'Université Laval se considère en quelque sorte
comme un artiste romantique du 19e siècle utilisant des
outils du 21e siècle. Dans son allocution, il a identifié
les cinq ingrédients qui conduisent, selon lui, au succès,
soit la passion, le talent, le métier, le courage et la
chance. "Je ne possède pas la recette du succès,
mais j'en connais les ingrédients, a-t-il expliqué.
Ne pas avoir de recette est une bonne nouvelle parce que cela
crée une zone de mystère, d'intangible qui fait
que chacun de vous peut, à travers ce mystère,
fonder des espoirs pour le futur." René Dupéré
se dit convaincu que "la musique, après l'amour,
est la plus belle chose qui soit arrivée à l'humanité.
Je pense aussi qu'elle est la plus belle porte d'entrée
dans quelque culture que ce soit sur la planète."
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