
Survivre dans les arts visuels
Après, les fumeurs, les alcooliques, les chanteurs,
les rénovateurs, voici que les artistes en arts visuels
ont leur émission de téléréalité
intitulée Residence Story / The Artist, the Survivor.
Sept étudiants et diplômés de l'École
des arts visuels de l'Université Laval et un huitième
issu de l'Université du Québec à Trois-Rivières
ont inauguré leur propre série dans le cadre de
la Manif d'art qui se poursuit jusqu'au 12 juin sur le thème
du cynisme. Depuis le 30 avril dernier, le groupe se partage
le local de création de la Chambre blanche, un centre
d'artistes, pour créer en direct sous l'objectif de Webcams.
Comme dans toute bonne émission de téléréalité,
le public vote, deux candidats doivent plier bagages chaque semaine,
et les participants se déchirent en public. L'une des
artistes, Amélie Laurence Fortin, a ainsi quitté
volontairement le navire en déclarant: "Cette situation
est imperméable à toute intention de sincérité
et de jeu, ce qui contrevient aux possibilités multiples
du lieu." Ce qui a entraîné cette réplique
des autres membres du projet: "L'amitié et la solidarité
qui se dégageaient du groupe depuis le début s'effriteraient-elles
comme dans les spectacles télévisés, alors
qu'aux dires mêmes des participants la compétition
n'existe pas dans le milieu des arts visuels ?"
"L'élimination par les votes est une parodie des
émissions de télévision", précise
Myriam Lambert, une des participantes, étudiante en deuxième
année au baccalauréat en arts plastiques. "Au
fond, on peut voter 75 fois par jour pour la même personne.
C'est aussi une façon pour nous de porter un regard sur
le manque d'argent dans les arts visuels, le manque de bourses."
Installés dans une salle unique, les huit participants
ont produit un plan de création pour se partager l'espace
commun.
Au fil des semaines et des éliminations, certaines
oeuvres ont pris de l'expansion et empiété sur
le territoire des autres. Les cercles rouges de Julie Théberge
se sont ainsi multipliés sur les murs, les portes, le
plafond du local. "J'ai effectué un voyage dans le
monde du photographe et peintre français Georges Rousse,
explique l'étudiante à l'École des arts
visuels. Il a l'habitude d'aller dans un lieu désaffecté
pour peindre des compositions de carrés ou de cercles
qu'il photographie ensuite."
De leur côté, les statues de Myriam Lambert enfermées
dans des bas nylon et amarrées au sol s'étendent
aussi dans la salle comme pour mieux rappeler l'idéologie
matérialiste en vogue en Amérique du Nord. Pendant
ce temps, Francis Arguin, un autre étudiant multiplie
ses pièges à clous de spectateurs et Paule Genest
peint draps et murs à l'encre et au fusain. Pour suivre
l'oeuvre en direct et bien sûr voter, vous pouvez vous
rendre sur le site http://66.130.178.161:2784/camera/,
ou sur place à la Chambre blanche, 185, Christophe Colomb
Est, du mardi au dimanche, de 13 h à 17 h.
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