
Thérapie de couple
Les conjoints qui s'épaulent face à
un cancer du sein en sortent souvent plus unis
Dans certaines conditions, le cancer du sein peut être
un facteur de rapprochement du couple. C'est ce qu'a découvert
une équipe de l'Unité de recherche en santé
des populations qui a mené une enquête auprès
de 282 couples sur la qualité de leur relation un an après
un diagnostic de cancer du sein. Dans l'édition du 20
mai du Journal of Clinical Oncology, les chercheurs Michel
Dorval, Stéphane Guay, Myrto Mondor, Benoît Mâsse,
Maurice Falardeau, André Robidoux, Luc Deschênes
et Elizabeth Maunsell rapportent que les deux conjoints de 42
% des couples qu'ils ont interrogés estiment que cette
maladie et les traitements qu'elle a nécessités
les ont rapprochés. Chez 34 % des répondants, un
seul des deux conjoints juge que la maladie a favorisé
un resserrement des liens.
Contrairement à une croyance assez répandue, peu
de couples ont déclaré que cette maladie a eu un
effet dévastateur sur leur relation. En fait, les deux
partenaires s'accordent à dire que le cancer du sein les
a éloignés dans seulement 1 % des cas. Chez 6 %
des couples interrogés, un seul des deux conjoints estime
que la maladie a créé une distance dans le ménage.
Les autres répondants (16 %) estiment que la maladie n'a
pas eu d'effet sur leur couple.
Les chercheurs ont considéré 28 caractéristiques
- notamment la satisfaction maritale pré-diagnostic -
qui auraient pu servir à prédire la situation du
couple un an après l'annonce du cancer. Seulement quatre
de ces caractéristiques se sont avérées
de bons indicateurs d'un resserrement des liens: considérer
sa conjointe comme une confidente, demander conseil à
sa conjointe au cours des deux premières semaines qui
suivent le diagnostic sur la façon de composer avec cette
maladie, accompagner sa conjointe lors de l'intervention chirurgicale,
et, du côté de la femme, percevoir que son conjoint
lui donne davantage d'affection et de tendresse trois mois après
le diagnostic.
Les résultats de l'enquête démontrent donc
que non seulement le cancer du sein entraîne rarement un
refroidissement dans les rapports entre conjoints, mais que,
au contraire, ceux qui s'épaulent dans cette épreuve
en ressortent souvent plus unis une année plus tard. La
crainte d'être abandonnée advenant un diagnostic
de cancer du sein ne semble donc pas appuyée par les résultats
rapportés dans l'étude.
Ces conclusions pourraient servir à élaborer un
programme de sensibilisation visant à encourager les conjoints
à faire face, ensemble, à l'annonce d'un cancer
du sein, estiment les chercheurs. Considérant le fait
que la qualité de la relation matrimoniale a une influence
positive sur la réponse hormonale et immunitaire du corps,
cette entraide pourrait même améliorer les chances
de guérison des femmes atteintes d'un cancer du sein.
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