
L'art de demain
Des finissants en arts plastiques s'affichent
avec un formidable "à priori"
Jusqu'au 12 juin, une quarantaine de finissants en arts plastiques
s'exposent et donnent un avant-goût de la future scène
artistique aux deux derniers étages de l'École
des arts visuels dans l'édifice de la Fabrique. Intitulée
"À priori", l'exposition se veut un retour aux
sources de l'art tout en donnant un sens nouveau à l'expression
artistique. C'est peut-être pour cela que la peinture,
surtout de très grand format, se taille la part du lion
cette année, et que la figuration y tient une bonne place.
Le ludique fait recette également cette année,
comme si les jeunes artistes cherchaient à s'approcher
du public en le faisant sourire.
"Il faut que l'oeuvre ait l'air facile, même si le
travail d'épuration qui a permis de la produire est énorme",
explique l'un des exposants, Jean-François Lahos. Les
sérigraphies de Catherine Blanchet, "Mes Made in
China", se retrouvent bien dans cette définition.
À première vue, l'objet photographié en
gros plan, une statuette arborant plusieurs dauphins, frappe
par sa banalité. Pourtant, cette décoration ramenée
de Gaspésie se démarque par le traitement que la
finissante a effectué. "J'ai fait une sérigraphie
quatre couleurs en mélangeant les encres, explique la
jeune fille. Je voulais faire ressortir la brillance de l'objet,
son esthétisme plutôt que son côté
kitsch. En utilisant une trame en grille, on perd de vue
l'aspect bibelot pour apprécier la qualité de la
toile." Très attirée par la lithographie,
l'estampe, la sérigraphie, Catherine Blanchet s'intéresse
à la montée en puissance de l'estampe numérique,
parfois décriée par les adeptes de l'estampe traditionnelle.
De plus en plus, les frontières s'estompent d'ailleurs
dans les arts visuels. Ainsi, au moins trois finissants du baccalauréat,
dont Marc-André Drouin, se passionnent pour la bande dessinée,
au grand dam de certains puristes. "Bien sûr, plusieurs
peintres m'inspirent, remarque le jeune homme, mais des dessinateurs
comme Quino, Sempé ou Mordillo me fascinent car ils arrivent
à tout dire en une image. Pour moi, le dessin permet en
fait de m'exprimer plus facilement qu'en écrivant."
Sa série de quatre tableaux installée au sein d'une
murale raconte une série d'histoires d'humour et d'amour
sur fond de gros coeurs roses bondissant des poubelles. Les détails
cocasses y abondent, comme ce hamburger dont la taille varie
dans une même composition, ou cette navette spatiale égarée
dans un coin de l'image surchargée de personnages. Devant
cette avalanche d'illustrations, le spectateur a quasiment l'impression
de regarder l'esprit du créateur en jetant un coup d'il
par la fenêtre.
Rire ensemble
C'est exactement le genre d'atmosphère que cherche
à susciter le duo impair, Catherine Lavoie et Marie Hélène
Rousseau, qui travaillent à quatre mains et deux cerveaux
depuis un an. Les deux créatrices s'appuient indifféremment
sur la photo, la peinture, l'illustration, les objets du quotidien
détournés de leur sens et les moteurs électriques
pour composer des installations capables de transporter le public
dans une autre réalité. "Comme artistes, on
se sent joyeuses. Nous avons envie que notre installation reflète
ce bonheur", explique Marie-Hélène Rousseau.
Elles ont donc imaginé un lieu ludique où les moteurs
font tourner des objets de la vie domestique traités comme
des éléments de décoration pour permettre
au public de pénétrer dans leur bulle de création.
Geneviève Leblanc use elle aussi d'humour dans son installation
vidéo. Vous aurez ainsi le loisir de manger un plat de
fruits en compagnie de quatre autres personnes apparaissant sur
des télévisions empilées les unes sur les
autres.
Jean-François Lahos s'intéresse, pour sa part,
aux liens mystérieux qui se créent dans notre esprit
assailli par des informations de toutes sortes. Son radeau, tissé
de feuilles d'annuaire résidentiel, de photos personnelles
et d'extraits de romans, sert de base à une projection
vidéo où défilent des images de vagues,
de rochers ou les pages du radeau. "Je suis parti d'une
crise d'écurite des médias pour finalement
arriver à un environnement zen, comme dans mon autre oeuvre,
"La pyramide", elle aussi constituée de pages
d'annuaires." Cette construction, éclairée
par une projection vidéo de trois étages, traduit
les questionnements de son créateur à propos de
la hiérarchie dans nos sociétés et du petit
nombre d'individus qui tirent les ficelles du pouvoir. Apparemment,
les préoccupations sociales s'intègrent donc de
plus en plus dans les oeuvres des finissants en arts plastiques
cette année.
Le vernissage de cette exposition a lieu le vendredi 27 mai,
à 17 h, à l'édifice de la Fabrique. L'exposition
se déroule jusqu'au 12 juin du mercredi au vendredi, de
11 h 30 à 16 h 30 et les samedi et dimanche de 13 h à
17 h, aux deux derniers étages de l'École des arts
visuels.
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