
Valeurs ajoutées
L'intérêt pour la spiritualité
et la religion croît chez les étudiants
par Renée Larochelle
Comme c'est le cas pour l'ensemble des jeunes adultes québécois,
la pratique religieuse est peut-être à un très
bas niveau chez les étudiants de l'Université Laval,
mais il n'en demeure pas moins que l'intérêt pour
les choses spirituelles et religieuses y est beaucoup plus vivant
qu'il y a vingt ans. "Au-delà des apparences qui
pourraient laisser croire que l'intérêt pour la
spiritualité et les choses religieuses est faible chez
les étudiants, la réalité est tout autre,
soutient Guy St-Michel, coordonnateur des programmes d'animation
religieuse. Les points de vue sont différents, mais l'intérêt
pour la spiritualité est bel et bien présent. La
grande majorité des jeunes endossent des valeurs comme
le respect de l'autre, le partage et la non-violence. La différence
entre hier et aujourd'hui, c'est qu'ils vivent ces valeurs en
dehors des institutions religieuses."
Invité l'automne dernier à donner une conférence
sur Gandhi dans le cadre d'un cours de science politique, Guy
St-Michel dit avoir été surpris du nombre d'étudiants
qui sont venus lui parler après le cours afin d'en savoir
davantage sur cet apôtre de la paix et de l'égalité
des droits entre les humains. "Gandhi a vécu son
engagement sociopolitique au nom de ses valeurs religieuses,
souligne Guy St-Michel. Cet aspect de l'engagement rejoint beaucoup
les jeunes d'aujourd'hui."
Comme plusieurs groupes religieux se côtoient sur le campus,
l'ouverture prévaut à leur endroit.
Le Bureau d'animation religieuse offre assistance et conseils
à tous ces groupes, sans aucune discrimination, qu'ils
soient officiellement agréés ou non: chrétiens,
musulmans, bouddhistes, baha'ies, etc. "L'Esprit souffle
où il veut et on ne sait pas où et quand il va
souffler", se plaît à dire Guy St-Michel qui
affirme être impressionné par la tenue de certains
événements organisés par des étudiants
de confessions religieuses différentes sur des sujets
d'actualité. En témoigne la Journée portant
sur la Palestine et sur les politiques américaines au
Moyen-Orient qui s'est tenue récemment sur le campus et
à laquelle des étudiants musulmans et non musulmans
ont collaboré.
Professeur à la Faculté de théologie
et de sciences religieuses, Alain Faucher constate également
un regain d'intérêt pour la spiritualité
et la religion sur le campus. "Avant, les gens étaient
sur la défensive et même agressifs quand on leur
parlait de religion. Là, j'entends des étudiants
me dire que, non seulement ils n'ont rien contre la religion,
mais aussi qu'ils voudraient bien qu'on leur en parle."
Selon le théologien, l'être humain a besoin de points
de repère et la religion peut lui en fournir. "Juste
le fait de pouvoir se référer à des modèles
de vie stables peut aider quelqu'un à avancer sur le chemin
de l'existence. Les jeunes prennent actuellement conscience de
cela."
Accueil et intégration
L'équipe d'animation en pastorale catholique de l'Université
ne compte que deux personnes, mais les activités qui s'y
déroulent brillent par leur diversité: parrainage
d'étudiants étrangers, fonds de dépannage
pour les étudiants qui vivent dans une situation de précarité
financière, visites mensuelles au pénitencier de
Donnacona où des étudiants de psychologie, de droit
et de service social rencontrent les détenus, petits groupes
se réunissant pour discuter de foi, de justice, de solidarité
internationale, etc. Sans oublier les célébrations
eucharistiques qui ont lieu quotidiennement à la chapelle
Marie-Guyart au pavillon Ernest-Lemieux, les fins de semaine
au monastère, l'initiation aux sacrements pour les étudiants
qui en font la demande, les baptêmes et les mariages. En
somme, ce ne sont pas les "causes" qui manquent pour
cette équipe dont la foi déplace les montagnes.
Les étudiants et étudiantes qui frappent à
notre porte sont toujours les bienvenus, explique Jean-Bernard
Rousseau, agent de pastorale catholique au Bureau d'animation
religieuse, qui est épaulé dans son travail par
Jacques Arguin, prêtre. Pour bien des étudiants
étrangers, le Bureau de pastorale catholique représente
l'un des premiers lieux où ils se dirigent à leur
arrivée à l'Université et, à cet
égard, il devient un lieu d'intégration. "D'autres
étudiants encore vivent de la détresse psychologique
et ne savent pas trop vers qui se tourner, ajoute Jean-Bernard
Rousseau. Dans tous les cas, nous les référons
à une personne ou à un service de l'Université
susceptible de les aider. Nous essayons de faire en sorte qu'ils
repartent avec une solution ou, du moins, avec le sourire.
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