
La bosse du recyclage
Des étudiants de l'École
d'architecture veulent redonner sa gloire passée à
la station de ski Sainte-Foy
par Pascale Guéricolas
Du 15 au 17 avril, une douzaine d'étudiants de deuxième
année de l'École d'architecture, inscrits en atelier
de réhabilitation et recyclage, exposent, au Centre des
Loisirs Saint-Thomas d'Aquin, 895 rue Myrand, leur vision de
la reconversion de la station de ski Sainte-Foy , longtemps surnommée
"la bosse Myrand". Et ces futurs architectes proposent
rien de moins qu'une nouvelle vocation de sports extrêmes
pour cette station, bordée à l'Est par la rue Myrand
et au sud par la rue Chapdelaine, qui a longtemps trôné
en tête du palmarès des écoles de ski de
la province.
Plus d'un millier de jeunes sportifs dévalaient en effet
cette pente de quelques centaines de mètres de long sous
la houlette d'une cinquantaine de moniteurs dans les années
1970, sans compter les autres skieurs. Ce bel élan sportif
hivernal a connu son chant du cygne cependant à la fin
de la décennie 1980, alors que la municipalité
a modéré ses investissements dans ce genre d'équipements.
Une équipe de bénévoles a repris le flambeau
pour finalement mettre fin aux activités à l'aube
de l'an 2000. Que reste-t-il de cette gloire passée? Les
installations des remontées mécaniques et, surtout,
un bâtiment en béton d'un étage sans aucune
fioriture qui accueillait jadis les skieurs et sert aujourd'hui
de local aux patineurs pour se changer.
"L'édifice devait initialement accueillir un second
étage, ce qui en fait une structure de base solide à
partir de laquelle on peut construire, explique Louis Saint-Pierre,
le responsable de l'atelier de réhabilitation et recyclage.
De plus, le ski et les sports extrêmes connaissent un regain,
ce qui pourrait justifier une rénovation du site. La ville
étudie d'ailleurs actuellement certains projets."
L'enseignant a donc demandé à ses étudiants,
souvent adeptes de la planche à neige ou à roulettes,
de penser à une nouvelle façon d'occuper le site,
mais surtout de dessiner un bâtiment conforme à
une vocation nouvelle.
Certains projets ont mis, par exemple, l'accent sur le toit.
Louis Philippe Thibault a ainsi imaginé que les planchistes
commenceraient leur descente depuis le sommet du chalet pour
finalement atterrir sur la pente en contrebas. "Le toit
très pointu et pointé vers le ciel symbolise pour
moi l'idée de liberté, d'envol, une structure extrême
comme le sport", dit-il. Une idée partagée
par Isabelle Henry qui a choisi de déconstruire la structure
plane de la couverture actuelle du bâtiment en plusieurs
triangles de grandeurs inégales. À ses yeux en
effet, cette figure géométrique symbolise l'équilibre,
une donnée essentielle dans les sports de glisse ou autour
du vélo et des patins à roues alignées qui
se pratiqueraient sur le site. L'étudiante a ensuite combiné
ces différentes figures géométriques en
imbriquant les volumes les uns dans les autres pour finalement
produire un centre de ski aux allures de hérisson.
Cap sur la nature
D'autres projets visent à mettre en valeur le potentiel
naturel du site. Alain Naud, par exemple, insère de grandes
lignes courbes en bois dan l'édifice en béton,
rappelant la forme des Laurentides que l'on voit au loin. D'autres
étudiants ont travaillé pour leur part à
gommer les frontières entre l'intérieur et l'extérieur
du bâtiment. Caroline Bérubé a construit
ainsi deux grandes murailles de verre autour du chalet pour rendre
le lieu plus dynamique et davantage ouvert vers le boisé
tout proche. Une idée déclinée aussi dans
le projet de Jean-Bruno Morissette où un trottoir bordé
de gravelle traverse le bâtiment pour permettre aux planchistes
de mieux y pénétrer. "J'ai voulu garder le
caractère un peu rough, extravagant, extraverti
des sports extrêmes, avec un bâtiment très
ouvert sur l'extérieur et dont les garde-corps servent
de rampes pour le skate ou le snow".
Le projet d'Émilie Pinard joue aussi sur l'aspect extrême
de l'édifice car un de ses murs devient une paroi d'escalade.
S'appuyant sur les jardins communautaires et les terrains de
tennis existants, Sébastian Jaramillo Giraldo rêve
pour sa part d'un chemin d'eau accompagnant les visiteurs du
stationnement vers le bâtiment principal, mais aussi d'un
parcours de vélo extrême, d'une piscine et de rampes
de skate. "J'ai dessiné des passerelles pour permettre
d'accéder à l'édifice dont la construction
s'ouvre en plusieurs volumes sur l'extérieur", précise-t-il.
Des projets à découvrir sur panneaux avant peut-être
de les voir se concrétiser dans un prochain aménagement
du site.
L'exposition se tient le 15 avril de 19 h 30 à 21 h 0
et les 16 et 17 avril de 13 h à 17 h.

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