
Jeunes et allumés
Des étudiants membres des principaux
partis politiques québécois ont débattu
les grandes questions de l'heure
par Yvon Larose
Le gel des frais de scolarité est-il la cause du sous-financement
des universités? Cette question bien d'actualité
a donné le coup d'envoi au débat organisé
par la CADEUL, le jeudi 7 avril, au Grand Salon du pavillon Maurice-Pollack.
Le débat réunissait cinq étudiants de l'Université
représentant les principaux partis politiques du Québec.
Rappelons que les frais de scolarité universitaires sont
gelés depuis 1994 au Québec et que le réseau
universitaire accuse un manque à gagner annuel de 375
millions de dollars pour rejoindre le niveau de financement universitaire
des autres provinces canadiennes. Pour Sacha Calixte, étudiant
à la maîtrise en philosophie et membre de l'Union
des forces progressistes du Québec, la réponse
à la question est non. "Le sous-financement, a-t-il
expliqué, est dû aux milliards de dollars de coupures
effectuées dans la seconde moitié des années
1990 par le gouvernement péquiste. La solution passe par
un réinvestissement massif qui découle d'une fiscalité
plus progressiste consistant à augmenter les impôts
sur les compagnies et sur le capital."
Selon François Martin, étudiant au baccalauréat
en administration et vice-président de la Commission des
jeunes de l'Action démocratique du Québec (ADQ),
la solution au sous-financement se trouve dans l'élimination
des paradis fiscaux. Pour Claude Villeneuve, étudiant
au baccalauréat en droit et président du Conseil
national des jeunes du Parti québécois, il faut
plutôt regarder du côté d'une meilleure redistribution
de la richesse. "D'autant plus, ajoute-t-il, que l'augmentation
de la fiscalité d'une entreprise entraîne nécessairement
des pertes d'emplois, donc encore moins de gens payent de l'impôt."
Pour sa part, Simon Bégin, étudiant au bac en droit
et président de la Commission jeunesse du Parti libéral
du Québec (PLQ), croit que le gouvernement, les diplômés
et les étudiants devraient contribuer davantage à
la solution du problème. "Les étudiants universitaires
diplômés gagnent en moyenne 27 % de plus que les
autres catégories de diplômés, dit-il. Il
est donc raisonnable qu'on leur demande de contribuer un peu
plus qu'actuellement. Mais sans leur demander de financer leurs
études à 100 %. Il faut trouver un équilibre
entre le financement public et celui des étudiants."
Dette publique et population vieillissante
Tous les participants au débat s'accordent à
dire que l'avenir de la société québécoise
s'annonce sombre en raison de l'énorme dette publique
du Québec et à cause du vieillissement de la population.
"La dette publique atteint déjà 114 milliards
et il n'y aura plus, dans 20 ans, que deux travailleurs pour
un retraité, a indiqué François Martin.
Il faut donc commencer dès maintenant à rembourser
la dette pour que nous soyons capables dans l'avenir de financer
des systèmes de santé et d'éducation accessibles."
Simon Bégin entrevoit, quant à lui, un grave problème
d'équité entre les générations. "Savez-vous
que les étudiants d'aujourd'hui devront payer jusqu'à
150 % de la valeur de la rente qu'ils vont recevoir à
leur retraite, soit deux ou trois fois la valeur de la rente
que leurs parents auront payée?", a-t-il demandé.
Selon lui, il faut se pencher dès maintenant sur la manière
de mieux gérer l'État afin de planifier à
long terme le financement du réseau de santé. Augmenter
le nombre d'immigrants, aider financièrement les couples
qui veulent avoir des enfants et offrir des congés parentaux
plus généreux seraient des pistes de solution à
envisager pour atténuer le choc démographique à
venir.
Autre consensus: le Québec n'a d'autre choix que de prendre
le virage écologique en matière d'énergie,
notamment en développant des réseaux de transport
en commun performants. "Atteindre les objectifs visés
par le protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à
effet de serre passe obligatoirement par une volonté gouvernementale,
a affirmé Julie Sanscartier, étudiante au baccalauréat
intégré en études internationales et langues
modernes et représentante du Parti vert du Québec.
Les causes environnementales doivent passer en premier sur l'agenda
des politiciens parce que, si on ne fait rien, la Terre sera
une poubelle dans 20 ans. Le récent Rapport du millénaire
de l'ONU révèle que 60 % des écosystèmes
de la planète sont déjà contaminés."
Dans ce dossier, l'ADQ y va d'une proposition audacieuse: implanter
un réseau d'éoliennes le long des lignes de transport
d'électricité. Du côté du PLQ, Simon
Bégin a d'abord rappelé le leadership du Québec
dans la ratification, par le Canada, du protocole de Kyoto. "Le
gouvernement prépare une stratégie québécoise
sur les changements climatiques, a-t-il ajouté. Il y a
quelques mois, les environnementalistes ont salué le Plan
de développement durable du Québec, disant que
c'était un premier pas dans la bonne direction."

|
|