
Des appuis de taille Le recteur, les professeurs et les chargés de cours ont appuyé les revendications des étudiants de Laval par Yvon Larose Au moment de mettre sous presse, le mouvement de grève générale étudiante se poursuivait toujours au Québec. Hier, le 30 mars, des étudiantes et des étudiants de l'Université Laval ont quitté le campus à bord d'autobus en direction de Montréal. Ils allaient manifester devant les bureaux du ministère de l'Éducation (MEQ) avant de participer à un rassemblement au parc Lafontaine. Cette journée était le premier anniversaire de la conversion en prêts de 103 M $ de bourses dans le programme d'Aide financière aux études du MEQ.
Le mouvement de grève est maintenant dans sa cinquième semaine. À l'Université Laval, le bilan du premier cycle, selon les données fournies par la Confédération des associations d'étudiants et étudiantes de l'Université Laval (CADEUL), s'établissait, hier après-midi, comme suit: 27 associations départementales ou facultaires en grève générale illimitée reconductible chaque semaine et cinq autres associations en grève générale illimitée reconductible aux trois jours. Une autre association faisait, le 30 mars, une levée de cours de 24 heures. L'AELIÉS emboîte le pas Le 16 mars, 860 membres de l'Association des étudiants et étudiantes inscrits aux études supérieures (AELIÉS) avaient voté majoritairement en faveur d'une grève générale. D'une durée d'une semaine, cette grève a commencé le 17 mars. Un référendum mené par voie électronique a ensuite donné le feu vert, par une très faible majorité, à une grève générale illimitée commençant le 25 mars. Cette grève pourra être renouvelée le 4 avril, lors d'une assemblée générale spéciale. Dans un communiqué émis le 17 mars, Antoine Goutier, le président de l'AELIÉS, se disait profondément déçu par le ministre de l'Éducation, Jean-Marc Fournier. "L'improvisation évidente du gouvernement en matière d'enseignement supérieur est déroutante. L'absence des étudiants et étudiantes des cycles supérieurs dans les mesures proposées par le ministre est une insulte, sans oublier que celles-ci sont totalement insuffisantes pour satisfaire les demandes du mouvement étudiant." Le 24 mars, le président de l'AELIÉS disait souhaiter, par voie de communiqué, que le ministre Fournier comprenne que "8 500 étudiantes et étudiants des cycles supérieurs en grève générale illimitée démontrent la résolution du mouvement étudiant à défendre l'accessibilité à une formation qui bénéficie à tous les membres de la société civile". Une décision à reconsidérer Le 18 mars, le Syndicat des professeurs et professeures de l'Université Laval (SPUL) émettait un communiqué dans lequel il donnait son soutien aux revendications du mouvement étudiant et ce, "dans le souci de promouvoir la qualité de l'enseignement et de la recherche et de favoriser une politique universitaire d'intérêt public". Le SPUL demandait par le fait même au gouvernement du Québec de revenir sur sa décision relativement aux 103 M $.
Le 23 mars, c'était au tour du Syndicat des chargés-es de cours (SCCCUL) d'annoncer, pour une seconde fois, son appui aux revendications des étudiants. Dès le 5 novembre, les membres du SCCCUL, réunis en assemblée générale, avaient adopté à l'unanimité une proposition d'appui à la campagne des étudiants de Laval et du mouvement étudiant québécois visant à récupérer les 103 M $ de bourses convertis en prêts. Selon Martin Courval, président du SCCCUL, l'éducation doit être un droit, voire une obligation, dans une société libre et démocratique. "Comme enseignants et comme membres d'un syndicat, a-t-il déclaré par voie de communiqué, nous devons nous assurer que l'accessibilité à l'éducation soit garantie. C'est l'affaire de tous."
Rappelons que le recteur Michel Pigeon avait, lui aussi, dénoncé la décision gouvernementale lors d'une conférence de presse tenue le 10 mars avec les présidents de la CADEUL et de l'AELIÉS. "Il est décevant, avait-il déclaré, que le gouvernement du Québec soit allé jusqu'à couper 103 millions de dollars dans l'aide aux étudiants les plus défavorisés et à ceux qui doivent quitter leur région pour poursuivre leurs études. L'éducation doit être une réelle priorité pour une société qui veut se préparer adéquatement aux défis de l'économie du savoir." Le recteur, de concert avec Olivier Cournoyer Boutin et Antoine Goutier, avait alors demandé au ministre Fournier de réinvestir la somme supprimée afin de diminuer l'endettement étudiant.
L'Université Laval tient à rappeler que les étudiants qui le souhaitent doivent pouvoir continuer à bénéficier de leurs cours et que les activités académiques prévues se poursuivent de manière habituelle.

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