
Des inégalités flagrantes Louise Arbour dénonce l'absence de droits dont souffrent les citoyens les plus vulnérables de la société canadienne par Yvon Larose Au Canada, les personnes pauvres et celles victimes de grossières inégalités, comme les autochtones, les familles monoparentales dirigées par une femme, les personnes handicapées, pour ne nommer que ces groupes de citoyens, bref tous ceux et celles qui vivent en marge de la société, en arrachent sur le plan judiciaire puisqu'elles se voient refuser, à cause de leur condition, une panoplie de droits de nature économique, sociale, civile, politique et culturelle. Pourtant, ces mêmes droits, en droit international, sont reconnus à tout être humain dès sa naissance. Qui plus est, le Canada se fait depuis longtemps le promoteur et le défenseur actif des droits de la personne au niveau international.
Le vendredi 4 mars au Capitole de Québec, dans le cadre de la 6e Conférence annuelle LaFontaine Baldwin, un événement présenté, entre autres, par l'Université Laval, la Canadienne Louise Arbour, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, a dénoncé cette ambiguïté. "Comment des inégalités aussi flagrantes peuvent-elles exister dans un pays comme celui-ci, un pays riche, culturellement diversifié, une démocratie cosmopolite?", a-t-elle demandé en rappelant que le Canada figurait l'an dernier au douzième rang sur 17 pays de l'OCDE sur l'Index de pauvreté humaine du Programme des Nations unies pour le développement. La conférencière avait intitulé son exposé "Libérer du besoin: de la charité à la justice". Selon Louise Arbour, il y aura toujours une place pour la charité. "Mais, a-t-elle dit, les réactions caritatives ne constituent pas de substitut efficace et durable aux garanties contraignantes des droits de la personne." En ce sens, le système judiciaire canadien aurait tout intérêt à s'inspirer des tribunaux de nombreux pays étrangers qui ont fait passer les droits socio-économiques du domaine de la charité à celui de la justice. "Les tribunaux canadiens, a-t-elle expliqué, sont bien capables d'exprimer les fermes attentes des citoyens qui veulent que la distribution des richesses collectives se fasse de façon équitable, et ne soit plus un simple geste de charité." Selon elle, la notion de droits de la personne n'aura de sens pour les citoyens les plus vulnérables que si on leur donne la possibilité de réclamer leurs propres droits par l'intermédiaire du processus judiciaire.

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