
Le battant ordinaire Frédéric Dallaire traverse la vie au pas de course par Renée Larochelle Frédéric Dallaire étudie depuis onze ans à l'Université Laval. Ayant déjà en poche un baccalauréat en biochimie et une maîtrise en immunologie, il bouclera la boucle d'ici quelques semaines avec la soutenance de sa thèse de doctorat en épidémiologie, et ce, tout en étant étudiant en quatrième année de médecine. C'est en pédiatrie qu'il compte se spécialiser au cours des prochaines années. "Je trouve qu'il est plus facile de convaincre de jeunes parents de la nécessité de bien alimenter leur enfant que de persuader un vieux de 65 ans d'arrêter de fumer", affirme tout de go Frédéric Dallaire pour expliquer son choix. "Et puis, j'aime les enfants et je n'ai pas de difficulté à établir un contact avec eux." On l'aura compris: à 27 ans bien sonnés mais ayant presque l'air d'un adolescent s'apprêtant à entrer au cégep, Frédéric Dallaire est une force tranquille de la nature qui trouve toujours le temps de tout faire. Comme tous les battants de ce monde, il n'est jamais débordé, jamais pressé, abattant sans trop de fatigue des semaines de 60 heures de travail dans le cadre de ses stages en milieu hospitalier. Son but dans la vie: avoir du plaisir à se lever chaque matin et exercer un emploi qu'il aime. Pour ajouter à une existence déjà assez remplie, Frédéric Dallaire pratique l'escalade deux à trois fois par semaine, "un sport à la fois très musculaire et très zen" qui l'aide à respirer par le nez. "Frédéric est quelqu'un de très organisé et qui assimile très vite, souligne son directeur de thèse et professeur à la Faculté de médecine, Éric Dewailly. L'air de rien, il réussit toujours ce qu'il entreprend. Ses demandes de bourses et de subventions pour différents projets de recherche sont toujours acceptées et, fait assez rare pour un chercheur, les articles scientifiques qu'il rédige sont publiés tels quels, sans commentaires ni corrections. C'est vraiment un étudiant au parcours exceptionnel et qui ira loin." Le calme du frondeur Le principal intéressé, lui, considère que son cheminement ne mérite pas tant d'égard. Se définissant comme "bon étudiant en général", ayant toujours aimé les sciences, l'idée d'être médecin lui est venue sur le tard, si on peut dire. "Après avoir terminé mes études universitaires en biochimie, je me suis rendu compte que la profession de biochimiste ne m'attirait pas trop. Une fois ma maîtrise en immunologie complétée, j'ai vu que la recherche en laboratoire n'était pas vraiment ma tasse de thé." Et la médecine? "J'avais un bon dossier de recherche et j'ai été accepté tout de suite", répond Frédéric Dallaire, qui, sous des dehors réservés, cache un tempérament plutôt frondeur. "Je n'ai jamais accepté que mon sort soit décidé d'avance par d'autres et je prends la parole facilement quand on me tend le micro", résume-t-il. Très actif dans les associations étudiantes universitaires, respectueux non seulement de ses droits mais aussi de ceux des autres, il a été de bien des débats, notamment celui de la propriété intellectuelle à l'Université. "Je préfère les relations cordiales à toutes les manifestations trop voyantes, souligne le futur pédiatre. Quand on reste poli avec les gens, la colère ou l'agressivité finissent toujours par passer." Parmi les intérêts de Frédéric Dallaire figurent le chant et la danse. Entre sa première et sa deuxième année de baccalauréat, il est ainsi parti en tournée avec Up With People - un groupe composé de 170 jeunes de 18 à 25 ans provenant de tous les pays du monde- où il a pu "lâcher son fou" et exercer ses talents de chanteur et de danseur dans une comédie musicale qui l'a mené en Europe, en Amérique du Sud et aux États-Unis. "Durant la journée, nous aidions les gens de la place à rebâtir leur école ou leur maison. Nous avions un contact direct avec la population. C'est le genre d'expérience qu'on n'oublie pas." Il s'estime chanceux d'avoir aujourd'hui ses "entrées" un peu partout dans le monde, à cause des amitiés nouées au fil des mois passés avec les membres d'Up With People. Car pour ce gars qui se trouve bien ordinaire, l'aventure n'est pas seulement au coin de la rue, mais s'épanouit dans le vaste monde de la connaissance de soi et des autres.

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