
Sept tentations acrobatiques La troupe de théâtre Les Treize actualise Les péchés dans le hall de Félix Leclerc en y intégrant la danse et les arts du cirque par Pascale Guéricolas Fermez les yeux. Vous voilà le dernier humain sur terre, placé une nuit dans un château abandonné. Tour à tour, les sept péchés capitaux vont venir vous voir pour vous séduire. L'envie, l'orgueil, la colère, l'avarice, la gourmandise, la luxure, la paresse, tous useront de leurs meilleurs arguments dans le but de vous corrompre. S'ils gagnent, ils auront enfin le repos éternel et le mal triomphera. Si vous l'emportez, ils devront recommencer encore et encore leur tentative de séduction sur une autre personne. Voilà l'argument d'une pièce méconnue de Félix Leclerc écrite en 1951, Les péchés dans le hall. Ce spectacle a séduit Geneviève Dionne alors qu'elle étudiait au secondaire. Aujourd'hui inscrite en dernière année d'études théâtrales à l'Université Laval, elle a voulu présenter le propos universel de cette pièce. "J'ai attendu trois ans pour la monter afin d'avoir la maturité suffisante comme metteure en scène, explique la jeune fille. Je voulais aussi actualiser le propos pour l'orienter davantage vers l'homme que vers Dieu."
Usant d'audace, cette clown professionnelle a eu l'idée de mêler les genres en incorporant du cirque et de la danse contemporaine à la pièce de théâtre pour l'actualiser encore davantage. Un parti pris qui a demandé aux comédiens un grand investissement personnel puisque dans certains cas il leur a fallu se familiariser avec les appareils de cirque et surtout se mettre en forme. Trouver la bonne combinaison entre le théâtre et les numéros acrobatiques représentait aussi une autre difficulté. "Cela n'a rien de facile de grimper au tissu en disant son texte, tout en ayant l'air d'un ange qui monte dans les nuages, constate Caroline Dromard qui incarne la luxure. Contrairement au cirque, il m'a fallu trouver les mouvements à partir du personnage sans m'arrêter uniquement au côté esthétique."
Les péchés en mal de séduction s'approchent tous de l'homme de façon particulière, qu'il s'agisse d'utiliser un hamac, un escabeau, un cerceau, un trapèze. Rompus à l'art de la négociation depuis des siècles, ils usent de leurs arguments avec une grande finesse et beaucoup de nuances pour parvenir à leurs fins, chaque moment fort étant souligné par un effet de cirque. À tel point que le spectateur finit par se demander s'il ne faudrait pas que finalement ils l'emportent. "Les péchés vont toujours à l'extrême, explique Sébastien Girard, étudiant en études internationales et langues modernes. Par exemple, en incarnant l'envie, je fais valoir à l'homme que son frère a toutes les possessions et qu'il serait beaucoup plus heureux s'il les lui enlevait et en faisait son concierge." Tous bien décidés à obtenir la corruption de l'homme, les péchés ne se montrent pourtant pas toujours solidaires. Ainsi l'envie et l'orgueil se disputent souvent car ce dernier péché veut conserver son rôle de meneur. Cette tentative de suprématie a d'ailleurs inspiré une danse contact moderne au chorégraphe Vincent Poliquin-Simms, familier avec l'univers du cirque, où l'orgueil piétine allègrement ses autres collègues transformés en tapis. Tout cela accompagné de la musique concoctée par deux étudiants en composition et jouée par quatre musiciens sur scène. Bref un spectacle qui s'annonce enlevant et novateur à l'amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins, du 17 au 20 février, à 20 h. Les billets sont en prévente à l'Animation socioculturelle de l'Université Laval, local 2344, pavillon Alphonse-Desjardins, ou en appelant au 656-2765, au coût de 10, $ et à 12 $ les soirs de représentation à la porte.

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