De futurs médecins sans frontières? Une quarantaine d'étudiants de médecine ont effectué des stages à l'étranger en 2004 par Yvon Larose "Quand j'ai commencé mes études de médecine, je ne pensais pas aimer la chirurgie. Mais depuis mon stage, je me vois très bien en faire. Cela m'intéresserait beaucoup."
Karolina Chmielewska, étudiante au pré-externat en médecine, est revenue enchantée de son stage d'observation de deux mois effectué en République populaire de Chine entre mai et juillet dernier. Deux autres étudiantes de médecine l'accompagnaient, soit Marie-Michèle Cliche-Fontaine et Marie-Ève Bergeron. Toutes trois avaient été affectées à l'Unité d'oncologie Bethune-Laval d'un hôpital universitaire de Changchun, une ville industrielle du nord-est du pays. Dans les années 1990, le Dr Jean Couture, un professeur retraité de la Faculté de médecine de l'Université Laval, avait participé activement à la mise sur pied d'une unité d'oncologie modèle à cet hôpital ainsi qu'à l'Université Norman-Bethune de Changchun.
Le samedi 12 février, au pavillon Ferdinand-Vandry, une quarantaine d'étudiantes et d'étudiants du pré-externat en médecine ont présenté les faits saillants de leurs stages à l'étranger en 2004. D'une durée de huit à dix semaines, ces séjours se sont déroulés à l'été ou à l'automne en Amérique latine, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. L'encadrement était assuré par la Faculté de médecine, le Bureau international et divers partenaires.
Karolina Chmielewska a choisi la Chine parce qu'elle recherchait le dépaysement. Le caractère privé du système de santé chinois l'a quelque peu étonnée. Le matin, elle accompagnait les médecins dans la tournée de leurs patients. Elle a fait un peu de clinique externe. Mais elle est surtout allée fréquemment en salle d'opération comme observatrice. Elle n'a jamais posé d'actes médicaux. "Contrairement à ici, dit-elle, le patient n'est pas endormi avant d'entrer dans la salle d'opération. Il s'installe sur la table d'opération où on l'endort. Il est réveillé tout de suite après la chirurgie. Le médecin qui opère reste auprès du patient jusqu'à ce qu'il se réveille."
Le cancer constitue une grande problématique de santé en Chine. Le cancer du poumon est particulièrement répandu, entre autres à cause de l'amour immodéré des Chinois pour la cigarette et un taux de pollution de l'air à la hausse depuis que de plus en plus de gens troquent la bicyclette pour l'automobile. "Il se fait beaucoup de chirurgies mammaires, indique Karolina Chmielewska. Les chirurgiens enlèvent tout parce qu'il coûte très cher de se faire opérer et que les patientes ne veulent pas courir le risque de se faire opérer de nouveau quelques années plus tard." Une autre réalité Frédéric Arsenault, Camille Paquette et Julie Bégin-Larouche ont choisi le Liban où ils sont arrivés à la fin du mois de juin. "Pour le dépaysement, mais aussi pour vivre une expérience de travail différente dans un système de santé privé", souligne Frédéric Arsenault. Leur premier mois de stage, les trois étudiants l'ont passé dans un petit hôpital du nord-est libanais qui dessert la communauté druze de la région. Ils accompagnaient les urgentologues et se bornaient au rôle d'observateurs. "À cet endroit, j'ai réalisé l'importance de l'aspect psychologique de la relation médecin/patient, explique Frédéric Arsenault. À défaut d'avoir les ressources techniques pour faire toutes les investigations, les médecins et les infirmières prenaient vraiment le temps pour comprendre leurs patients afin de les soutenir psychologiquement."
La deuxième partie du stage s'est déroulée à l'Hôpital universitaire américain de Beyrouth. Les étudiants étaient rattachés au Département d'anesthésie de ce qui est considéré comme le meilleur hôpital du Moyen-Orient. Ils étaient intégrés à des résidents en médecine. "Notre apprentissage comprenait des manipulations comme des intubations et des intraveineuses, et l'observation de signes vitaux, comme la tension artérielle", indique Frédéric Arsenault. Camille Paquette, elle, a passé la moitié de son temps dans un camp de réfugiés palestiniens à monter une pièce de théâtre avec des enfants. Situé à quelques kilomètres de Beyrouth, l'endroit abrite plusieurs dizaines de milliers de personnes. Frédéric Arsenault a passé trois jours dans ce camp où flotte "un climat d'éternel désespoir". "Ces gens ne sont pas reconnus comme Libanais, ni comme Palestiniens parce qu'ils ne sont pas nés en Palestine", explique-t-il. La chose qui l'a le plus frappé au Liban est l'extrême différence qui existe entre les classes sociales pour l'accès aux soins de santé. "Celui qui ne peut se payer les soins de base est laissé à lui-même, dit-il. Au Québec, tout le monde sans aucune exception peut en profiter."
| |