
COURRIER
" Quand la consultation n'est qu'une façade...
"
La communauté universitaire lavalloise a récemment
subi tout un affront lors de la séance de son Conseil
universitaire du 1er février dernier. Une des questions
à l'ordre du jour était le projet de modernisation
de la gestion des études. Brièvement, il s'agit
de l'implantation d'un tout nouveau logiciel informatique qui
touche toute la gestion des dossiers des étudiants et
qui viendrait remplacer la version archaïque, Complete,
déficiente depuis déjà environ 6 ans. Ce
n'est toutefois qu'en septembre 2004 que l'administration universitaire
cria à l'urgence de procéder à cette modernisation
et surtout à ce qu'on approuve un mode de financement
qui refilerait la moitié de la facture de cet ambitieux
projet aux étudiants.
Ainsi, le Conseil universitaire devait autoriser d'un côté
le début des travaux d'implantation de ce projet d'infrastructure
et, d'un autre côté, recommander au Conseil d'administration
d'aller chercher 50% du financement dans la poche des étudiant(e)s
sous la forme d'un soi-disant partenariat dont ces derniers n'ont
eu connaissance qu'en septembre 2004, alors qu'ils siégeaient
sur le comité directeur du projet depuis 2002.
Signalons par ailleurs que l'administration de Laval s'est
engagée, en 2003, à consulter les étudiants
dans le cadre de la création de nouveaux frais de gestion.
Cette consultation devait se faire à travers la Commission
des affaires étudiantes, instance consultative permanente
de l'Université, qui s'est effectivement penchée
sur le mode de financement proposé. Composée de
sept professeurs et de sept étudiants, cette commission
a le mérite de représenter de manière paritaire
la communauté universitaire. Son avis est unanime et sans
équivoque. " La commission refuse de cautionner une
hausse de frais demandée aux étudiants pour pallier
le sous-financement public de l'Université Laval par le
gouvernement " si souvent dénoncé par le recteur,
M. Michel Pigeon. D'autant plus que le vice-recteur exécutif
affirme, en pleine séance du Conseil universitaire, qu'aucune
autre source de financement n'a été explorée
pour le projet. La Commission des affaires étudiantes
l'a d'ailleurs relevé dans son avis puisqu'elle "
juge que des efforts supplémentaires pour trouver d'autres
sources de financement devraient être faits ".
La Commission considère également qu'il ne revient
pas aux étudiants de payer pour un projet d'infrastructure
(sauf si l'ensemble des étudiants acceptent, par voie
référendaire, de le faire tel que dans le cas de
la construction du pavillon Alphonse Desjardins en 1996), souvent
comparé par le vice-recteur exécutif et la vice-rectrice
aux études à la rénovation d'un bâtiment.
Il ne faut pas oublier non plus que la hausse des frais de gestion
demandée équivaut à 33% du montant de 150
$ actuellement demandé. De plus, dans un projet dans lequel
l'administration veut traiter les étudiants comme des
partenaires, " la Commission estime qu'aucun réel
dialogue n'a eu lieu entre la direction universitaire et les
associations étudiantes sur la demande de financement
et que cette demande, dans sa forme actuelle, ne constitue pas
un véritable partenariat avec les étudiants. "
Même confrontée à la preuve d'un manque
d'efforts mis en relief par une commission officielle et paritaire,
l'administration lavalloise souhaite imposer ces frais. Ceci
vient bafouer tous les efforts de la communauté universitaire
à se faire écouter et entendre par la très
haute administration. La Commission des affaires étudiantes
apparaît ici comme une instance bidon qui n'aura servi
qu'à justifier les prétentions du recteur qui dit
depuis le début de son mandat vouloir consulter et écouter
les membres de l'institution sous sa direction.
Plusieurs acteurs de la communauté universitaire, que
ce soit les étudiants, les professeurs ou les chargés
de cours, n'en sont pas à leurs premières récriminations
en ce qui a trait aux consultations. Le dernier incident est
la goutte qui fait déborder le vase. La communauté
universitaire, sa crédibilité auprès de
l'administration et dans les instances et son désir de
participer réellement au développement de cette
grande Université ont été bafoués
une fois de trop.
Ainsi, les instances de l'AELIÉS et de la CADEUL,
réellement consultées et écoutées,
ont donc chacune adoptée à l'unanimité une
position de boycott des instances consultatives de l'Université
Laval en réaction à la fermeture de l'administration
face aux consultations qu'elle-même demande.
Nous exigeons que l'avis unanime de la commission des affaires
étudiantes soit pris en considération et que des
efforts sérieux soient déployés afin de
trouver d'autres sources de financement.
Nous exigeons qu'une nouvelle entente soit négociée
avec les étudiant(e)s afin que la consultation des étudiant(e)s
ne serve pas uniquement de paravent à des décisions
déjà prises et que l'administration tienne vraiment
compte de l'avis des étudiant(e)s.
Nous exigeons que ces frais soient enlevés si l'Université
Laval recevait un financement de la part du gouvernement.
Nous exigeons plus de sièges sur les instances décisionnelles
tels le Conseil universitaire et le Conseil d'administration
afin de diminuer les risques qu'une telle situation se reproduise
et afin que la voix étudiante et de la communauté
en général soit réellement écoutée
lors des consultations.
AELIÉS (Association des Étudiantes et des Étudiants
de Laval Inscrits aux Études Supérieures)
CADEUL (Confédération des Associations des Étudiants
de l'Université Laval)
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