Pas d'influence sans capacité militaire L'ambassadeur américain Paul Cellucci fait le point sur les relations canado-américaines par Yvon Larose "Si le Canada veut avoir de l'influence dans le monde d'aujourd'hui, il a besoin d'une certaine capacité militaire pour lui permettre de réagir aux crises extérieures, affirme l'ambassadeur américain Paul Cellucci. Deux jours après le tsunami en Asie, le Canada aurait pu jouer un rôle important là-bas. Mais votre armée a une capacité de transport aérien limitée. Nous vous encourageons fortement à dépenser davantage pour vos forces armées."
Invité de l'Institut des hautes études internationales, Paul Cellucci a prononcé un discours, le mercredi 9 février au pavillon Alphonse-Desjardins, sur le thème: "Les relations Canada-États-Unis: regard sur l'avenir". Le conférencier, qui terminera son mandat de quatre ans au mois de mars, a insisté sur la diversité et la solidité des liens qui unissent les deux pays. "Nos liens, dit-il, sont profonds et nous travaillons ensemble depuis longtemps. Nous avons des intérêts communs, nous partageons des valeurs et des buts fondamentaux, comme la possibilité d'élire notre gouvernement et de choisir nos représentants, nous sommes très dépendants l'un de l'autre, notamment pour la sécurité de nos frontières. Je ne peux imaginer que ces relations puissent cesser un jour de grandir."
La coopération canado-américaine existe notamment sur le plan international. En Afghanistan, les forces canadiennes ont aidé à créer un climat favorable à la tenue récente d'élections libres. En Irak, le Canada a pris le leadership de la mission internationale d'observateurs électoraux chargés d'assurer la conduite d'élections démocratiques. Et avec 300 millions de dollars, le Canada s'est montré plus généreux que plusieurs pays d'Europe dans la reconstruction de l'Irak. Selon Paul Cellucci, le Canada et les États-Unis ont le même but: construire un monde meilleur par la promotion de la liberté et de la prospérité. "Nous devons aider les pays en développement à créer un climat favorable aux investissements et au commerce, explique-t-il. Ce climat passe par l'instauration de l'État de droit. Si les gens de ces pays peuvent reprendre espoir en l'avenir, les organisations terroristes seront beaucoup moins susceptibles d'y recruter de nouveaux membres." Le protocole de Kyoto Dans le dossier de l'énergie, Paul Cellucci a d'abord mentionné que les États-Unis importent davantage de pétrole et de gaz naturel du Canada que de tout autre pays. Il a ensuite rappelé que le Sénat américain avait voté à l'unanimité pour la non-ratification du protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce traité international est entré en vigueur hier, le 16 février. "Nous croyons que les exigences du protocole conduiraient à une réduction significative du niveau de vie de nos citoyens, précise-t-il. Nous pensons que les investissements et la technologie peuvent ralentir, stopper puis ultimement inverser les changements climatiques. Mais pour cela, la croissance économique doit être maintenue pour fournir les ressources nécessaires aux investissements en environnement. Cela dit, nous consacrons 5,8 milliards de dollars annuellement au problème du réchauffement planétaire. La coopération canado-américaine en ce domaine porte notamment sur le dossier de la séquestration du carbone et sur le système d'observation de la Terre par satellites."
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