
Ève, Dany, Isabelle et les autres Les toiles d'Annie Lévesque, étudiante au baccalauréat en arts plastiques, célèbrent les amitiés lumineuses et leurs bonheurs instantanés par Pascale Guéricolas Jusqu'au 31 mars, souriants et lumineux, les personnages d'Annie Lévesque accueillent les spectateurs lorsqu'ils viennent assister à une des productions présentées à la salle Albert-Rousseau. Les regards amicaux d'Ève, de Dany, d'Isabelle et bien d'autres ressemblent à autant de mains que les toiles tendent vers l'âme des passants. "J'ai compris récemment qu'il fallait que j'assume ouvertement ma sensibilité aux autres, confie l'artiste. Mes tableaux m'aident à canaliser cette énergie bouillonnante et à mieux me comprendre." Une scène, tout simplement intitulée "La rencontre", incarne bien à ses yeux la passion qu'elle entretient pour les gens qui l'entourent. Quatre garçons, dos au public, contemplent avec enthousiasme des montagnes imprécises dans le lointain, conscients du même coup de partager un instant de bonheur unique. "Je suis partie d'une photo prise il y a trois ou quatre ans, mais elle me bouleverse toujours autant, explique la jeune fille, car elle me rappelle un lien de confiance très fort." La vingtaine de tableaux accrochés dans la galerie se déclinent donc comme autant de parcelles d'un album de l'amitié d'une jeune fille très engagée dans la vie associative facultaire. Le carton hachuré de jaune de "Slash carnivore" croque la progression déterminée d'une jeune soldate en pleine broussaille, croulant sous la lourdeur de sa charge. "Cette amie employée par les Forces armées va jusqu'au bout malgré les obstacles, elle m'a appris qu'il faut toujours foncer", raconte Annie Lévesque. Non loin de là, un jeune homme à la coiffure rasta contemple le visiteur d'un regard tranquille et serein. Les lacérations sur le carton qui sert de support au tableau intitulé "Take it Easy", les traînées de vert éclaboussant brusquement les tons bruns et caramels de la composition rappellent par contre que sa vie n'a toujours été un long fleuve tranquille. "Cet ami m'aide à prendre du recul, à rester à l'écoute et surtout à laisser place au temps, confirme l'artiste. Au fond, chacune des personnes que je rencontre a quelque chose à m'enseigner, c'est l'école de la vie". Éprise du figuratif depuis de nombreuses années, Annie Lévesque peint la plupart du temps ses portraits d'après photo comme pour fixer un instant fugace. Elle étale ses couleurs avec les doigts pour lui permettre d'entretenir un lien tactile avec le tableau en préparation, conservant le pinceau pour le travail de précision. Ce type de production constitue son jardin secret, bien loin des travaux accomplis dans le cadre de son baccalauréat en arts plastiques. "À l'École des arts visuels, je travaille surtout en vidéo et en sculpture, mais la peinture représente un moyen d'expression privilégié pour moi", confie la jeune fille. Elle sent une nouvelle liberté au bout de ses mains depuis peu, n'hésitant pas à arracher un bout de carton ici ou à laisser là le support sans peinture. Finalement Annie Lévesque a appris à laisser le tableau lui parler.

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