Jean-François Lagarde: porté pales
Entrepreneuriat Laval a aidé ce
diplômé de génie mécanique à
s'attaquer au marché des appareils aériens autonomes
par Pascale Guéricolas
Cela ressemble à une histoire inventée, mais
Jean-François Lagarde avait vraiment l'ambition, dès
son plus jeune âge, de se lancer en affaires en construisant
des cabanes dans les arbres. Le garçonnet avait même
identifié des clients potentiels, des modèles et
des fournisseurs. Il lui a toutefois fallu attendre l'âge
canonique de 21 ans pour qu'un projet étudiant de construction
d'un appareil aérien autonome lui donne l'opportunité
de réaliser son rêve de devenir entrepreneur.
"C'est un nouveau secteur encore peu exploité mais
qui possède un énorme potentiel, s'enthousiasme
le fondateur de SauTech Innovations. Pour l'instant, ce sont
surtout les militaires qui utilisent ce genre d'appareil mais
les Japonais l'emploient aussi lorsqu'ils arrosent des champs
de pesticides ou d'insecticides." Depuis plus d'un an ce
diplômé de la Faculté des sciences et de
génie travaille donc sur un prototype d'hélicoptère
en modèle réduit équipé d'une plate-forme
électronique, un UAV (pour Unmanned Aerial Vehicle).
Contrairement à un engin téléguidé,
cet appareil de1,80 mètre de diamètre d'un bout
de la pale à l'autre et d'un poids de dix livres se déplace
de façon autonome grâce à une pré-programmation
informatique. "Il utilise d'abord un GPS pour connaître
sa position approximative dans l'espace, puis la compare avec
une consigne envoyée par un ordinateur ou un opérateur
au sol par un lien radio." "Par exemple, précise
le jeune entrepreneur, on peut demander à l'appareil de
se rendre au-dessus de telle ou telle rivière à
telle coordonnée GPS et le prototype tourne alors de 45
degrés vers l'est et avance de 5 km pour s'y conformer.
L'opérateur peut également pré-programmer
l'appareil pour se rendre à une série de sites
spécifiques, l'unà la suite de l'autre, en suivant
des droites, en traçant des cercles dans le ciel, et voler
entre vingt minutes à deux heures selon le poids de l'équipement
transporté. Plusieurs clients potentiels pourraient être
intéressés par une telle technologie."
Parmi ces clients Jean-François Lagarde cible en premier
lieu le ministère des Ressources naturelles lorsqu'il
s'agit d'effectuer des relevés de terrain pour la cartographie,
mais aussi des services de recherche et de sauvetage ou de surveillance
aérienne des cours d'eau. Il revient en effet bien moins
cher d'envoyer un UAV rechercher un skieur victime d'une avalanche
ou prendre des clichés d'une rivière en crue que
de louer un hélicoptère traditionnel conduit par
un pilote.
Un bon coup de pouce
Alors qu'il était inscrit au Département de
génie mécanique de l'Université Laval, Jean-François
Lagarde a décidé, dès septembre 2003, de
compléter ses connaissances du monde des affaires. Il
a donc suivi plusieurs des cours offerts par Entrepreneuriat
Laval sur les états financiers, les réseaux de
contacts, la commercialisation, les cartes d'affaires. "Cela
correspondait parfaitement à mes besoins, témoigne-t-il.
Les conseillers d'Entrepreneuriat Laval m'ont expliqué
également comment approcher des organismes comme le Centre
national de recherche du Canada, et j'ai pu aussi gagner des
prix au Concours québécois en en entrepreneurship."
Ces quelques bourses et subventions lui ont permis de défrayer
une partie des sommes investies dans le premier prototype, le
reste de l'investissement venant de son propre porte-monnaie.
"Je m'attendais à m'investir beaucoup dans mon entreprise,
explique Jean-François Lagarde, mais si j'avais un conseil
à donner ce serait de suggérer aux étudiants
de consacrer leur maîtrise à leur projet pour ne
pas perdre du temps en recherche et développement lorsqu'ils
démarrent."
Cap sur la Gaspésie
L'entrepreneur a choisi d'utiliser un modèle déjà
commercialisé afin dans un premier temps convaincre ses
clients de l'utilité d'une telle technologie car les UAV
restent surtout connus des initiés. Actuellement employé
dans un laboratoire de recherche sur la biomécanique de
l'Université de Sherbrooke, le jeune homme caresse le
rêve d'aller bientôt installer SauTech Innovations
en Gaspésie, à Sainte-Anne des Monts. "J'aime
beaucoup le plein air, la nature, et je pense que les conditions
météos dans cette région donnent un bon
aperçu de celles en vigueur un peu partout au Canada,"
précise le chercheur. Déjà , des bureaux
locaux du Ministère des ressources naturelles et le centre
d'avalanches de Sainte-Anne-des-Monts auraient exprimé
leur intérêt à utiliser son hélicoptère.
L'entrepreneur travaille aussi sur un second prototype, encore
à l'étude, un hybride entre un hélicoptère
et un avion. Des discussions ont déjà eu lieu ce
sujet avec l'Université Memorial à Terre-Neuve
car ce type d'appareil permettrait de mieux surveiller les icebergs,
nombreux dans cette région, ainsi que d'éventuels
déversements pétroliers.
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