Brique par brique Des étudiants et étudiantes en design graphique veulent démolir le mur qui sépare parfois le grand public des disciplines auxquelles ils sont en train de se former par Pascale Guéricolas Depuis peu, certains étudiants de l'École des arts visuels, en particulier ceux fréquentant le programme de design graphique, se promènent avec une brique dans leur poche. Une brique de connaissances en fait puisqu'il s'agit de la toute nouvelle revue de petite dimension concoctée par des passionnés du design graphique. Lancée en grande pompe à la mi-janvier LaBrique se veut une vitrine des créations des étudiants de l'École des arts visuels, de leurs préoccupations et aussi une main tendue vers le monde du travail puisque le périodique circule aussi à l'extérieur de l'Université. Et son titre rend bien sûr hommage à la Fabrique, le nom du bâtiment où loge l'École des arts visuels.
Près d'une quinzaine d'étudiants en design graphique ont planché pour présenter ce premier numéro en noir et blanc et d'une soixantaine de pages d'une revue publiée épisodiquement ces dernières années. Premier dossier traité, celui de l'éducation à la culture visuelle car les passionnés de design ont parfois l'impression que le grand public se préoccupe peu de cette forme d'expression, ou pire la méprise en l'associant systématiquement aux fabricants d'image à saveur publicitaire. "Nous sommes des communicateurs conscients de l'importance de l'image, affirme Guillaume Jacques, étudiant en deuxième année au baccalauréat. C'est intéressant, par exemple, de discuter des effets possibles d'un logo conçu pour une multinationale dont on n'apprécie pas les valeurs, ou d'expliquer ce que le design peut apporter aux Québécois." Priorité à l'écrit Contrairement à de nombreuses autres publications de ce domaine, LaBrique se concentre sur le texte dans un véritable souci de vulgarisation plutôt que d'aligner page après page des représentations visuelles. Ses artisans ont beaucoup écrit dans ce premier numéro afin de s'ouvrir au plus large public possible et lui faire partager leur passion pour la signalisation d'avant-garde, ou les nouveaux courants dans le domaine de la typographie.
Des professionnels du secteur sont également invités à prendre la plume afin de faire bénéficier les étudiants de leur expérience. Ainsi, Guy LeBel, le fondateur de l'agence LeBel communication mais aussi de l'Association des étudiants en communication graphique en 1977, signe une première chronique en suggérant aux étudiants de développer leur créativité et leur curiosité. Selon lui, il faut garder l'oeil ouvert constamment en matière de design ou de comportements des consommateurs, qu'on se trouve au restaurant, au cinéma, dans une grande surface ou dans une petite boutique huppée.
LaBrique se veut aussi un lieu d'expérimentation en permettant aux étudiants d'innover dans la façon de présenter les images, dans le choix du type de caractères, de la mise en pages adoptée. "C'est le moment alors que nous sommes à l'École d'explorer, d'oser des choses, de faire évoluer le domaine", remarque Bryan Kelly-Lamonde. Dans ce premier numéro de la revue, il signe ainsi un article sur un livre portant sur le travail de Ruedi Baur Ce designer se préoccupe beaucoup du contexte des sites sur lesquels il intervient comme par exemple les habitudes de circulation du public, qu'il s'agisse d'un aéroport, d'un parc national ou d'une université, et ne se contente pas de créer de belles images. Ces questions d'intégration du design à l'architecture peuvent également éveiller l'intérêt des étudiants de l'École d'architecture ou encore celui des étudiants au baccalauréat en arts plastiques. LaBrique pourrait donc devenir un trait d'union entre tous ces passionnés de l'art, trop souvent cantonnés dans leur domaine d'études respectif.
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