De l'amour et autres débris
La première exposition solo de Marc-André
Drouin prend des couleurs de bande dessinée
par Pascale Guéricolas
Du 17 au 28 janvier, la couleur saute aux
yeux à la salle d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins.
Marc-André Drouin, finissant en arts plastiques, concentration
nouveaux-médias, y présente sa première
exposition solo, "Amour et autres débris", fortement
influencée par l'univers de la bande dessinée.
Marc-André Drouin se souvient encore du choc qu'il a éprouvé
devant une des toiles d'Andy Warhol dans un musée londonien
dont il n'avait contemplé, jusqu'alors, que les reproductions.
Pendant de longues minutes, il a fixé la série
des "Jackie" en constatant que l'artiste prenait soin
de donner un aspect peu soigné à sa sérigraphie,
comme pour mieux dénoncer la production industrielle de
masse. |
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"J'ai beaucoup lu sur des peintres comme Warhol, Riopelle
et Pollock, et je me suis intéressé à leur
vie vraiment hors normes, raconte-t-il. J'apprécie beaucoup
les expressionnistes abstraits pour l'aspect formel de leurs
tableaux, les grands gestes, la couleur."
Influencé lors de ses débuts par les automatistes
québécois, le jeune artiste a opté dès
2001 pour un style plus personnel où quelques figures
humaines naissaient au hasard d'accidents créés
par la superposition de peinture. En effet, il arrivait qu'en
appliquant différentes couches de rouge, de jaune ou de
bleu, un corps surgisse littéralement de la toile en cours
d'exécution. Peu à peu, des personnages liés
au monde de la BD ont commencé à peupler ses tableaux.
"Je regarde des dessins animés chaque matin et j'adore
la bande dessinée, explique Marc-André Drouin.
J'apprécie leur capacité à communiquer un
état psychologique et physique de façon imagée
et donc accessible."
La vie quotidienne, une conversation saisie au vol dans la rue,
la vision d'un maître promenant son chien, voilà
les thèmes qui inspirent le jeune peintre. Sans compter
l'amour, son grand sujet de prédilection. Deux amoureux
transis s'embrassant à pleine bouche sur un banc à
Londres l'ont ainsi amené à peindre "Fanfan",
une des toiles de l'exposition. On y voit deux personnages liés
par des tubes, un cur très rouge semblant battre au-dessus
d'eux.
À quelques pas, un bonhomme coloré pourvu d'une
langue démesurée semble littéralement éclater
d'émotion si on en croit les nombreux curs qui lui sont
rattachés. Parmi la douzaine de grands formats présentés,
quelques-uns réalisés avant 2004 mettent en scène
des membres épars, des jambes, des bras, un thorax et
des organes internes, comme pour mieux illustrer une étape
obligée avant d'atteindre l'amour. "Pour moi, la
toile représente un condensé de plusieurs cases
de bande dessinée, confie Marc-André Drouin. Je
fais aussi de l'art Web et les installations vidéographiques
m'intéressent, mais j'aime par-dessus tout le contact
avec la matière lorsque j'applique les couleurs en gros
"mottons" avec mon pinceau."
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